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Cyclone Joaninha : Rodrigues, à l’heure de la reconstruction

2 avril 2019

Les Rodriguais, dont Jean-Christ Spéville (photo), disent avoir traversé une nuit d’épouvante. Aujourd’hui, l’heure est à la reconstruction.

Petit à petit, l’île panse ses blessures… Et se remet debout avec courage. Même si les traces du passage du cyclone Joaninha sont encore visibles, les Rodriguais se sont vite mobilisés pour que ces sombres jours ne deviennent vite qu’un mauvais souvenir.

 

Quand ils y repenseront, ils se souviendront d’abord de la longue nuit d’angoisse que la tempête les a fait vivre car le cyclone a tenu le pays en haleine pendant deux jours. Et, dans la matinée du mardi 26 mars dernier, Joaninha est passé à son point le plus proche des côtes nord de l’île, soit à quelque 70 kilomètres de Pointe-Cotton.

 

Ils évoqueront pendant longtemps encore ces fortes rafales enregistrées dans le sillage de cet épisode cyclonique, notamment celles de 171 km/h à Plaine-Corail.  Et l’Histoire retiendra le fait que 408 habitants sinistrés qui ont dû, pour se mettre en sécurité, trouver refuge dans les 30 centres d’accueil mis à disposition du public. Arbres, branches, fils électriques et autres structures se sont retrouvés à terre et nombre de maisons et bâtiments ont été détruits ou inondés. Les champs et autres plantations ont été saccagés. Et, pendant ces journées pluvieuses, certains se sont blessés en fuyant les zones inondées ou en se démenant pour consolider leurs habitations.

 

«Les arbres ont été détruits à cause de la montée d’eaux salées. Nous étions tous inquiets mais finalement, il y a eu plus de peur que de mal. Facebook nous a tenus bien informés sur l’évolution du temps», nous confie Mary Joy Fong. Cette dernière remercie le ciel qu’il n’y ait pas eu de dégâts plus graves, même si les pertes sont considérables à certains endroits. Alors que l’heure est à la reconstruction, et que certaines régions sont toujours dépourvues d’électricité,  Jean Steeve Lucchesi, un habitant d’Anse-aux-Anglais, n’est pas non plus près d’oublier la nuit passée sous l’emprise de Joaninha. Bien évidemment, les mots peur et angoisse reviennent dans sa bouche lorsqu’il se met à raconter comment sa famille et lui ont vécu le passage du cyclone. «On était scotchés aux nouvelles de la radio. Et heureusement qu’on a pu se partager des infos avec les membres de nos familles et nos amis via Facebook», raconte-t-il, tout en soulignant avoir profité de ces moments de cloisonnement  forcé à la maison pour passer du temps avec ses enfants. «On a joué au domino ensemble», raconte-t-il. Estelle, une habitante de Roche-Bon-Dieu, dans l’est de l’île, raconte aussi avoir vécu deux jours stressants : «On a tout connu : le temps qui s’est dégradé subitement, les vents violents, les branches qui volaient dans tous les sens et les coupures d’électricité. Je n’ai presque pas dormi. J’ai même cru à un moment que les volets de ma maison allaient s’envoler.» 

 

Jean-Christ Spéville, un habitant de Mont-Lubin, dit aussi avoir eu chaud. «Les vents violents ont soufflé fort et bruyamment toute la nuit, faisant planer une atmosphère d’angoisse constante car on n’avait jamais entendu ça avant. C’était difficile de fermer les yeux car, à chaque fracas, il fallait se réveiller et vérifier ce qui se passait. On pouvait alors voir des feuilles de tôle voler de gauche à droite. Mais malgré la peur, il fallait garder notre sang-froid. Le pire a été quand notre chauffe-eau solaire a été déraciné de notre toit. Le bruit que cela a fait était terrifiant», raconte Jean-Christ.  Ce dernier aussi, en plus d’être resté sur le qui-vive durant le passage du cyclone, a profité de ce moment pour surfer sur le Net, bouquiner et jouer au domino avec sa famille. Il confirme : «Facebook a été un outil de communication très efficace pour avoir des nouvelles du temps, surtout sur l’évolution du cyclone.» Les jours d’après, dit-il, ont laissé entrevoir une grande solidarité des Rodriguais. Jean-Christ explique : «J’ai pu voir des scènes de désolation. J’ai vu une cour qui a été réduite à néant. Toutes les végétations étaient mortes. Tout le monde prend son courage à deux mains pour redresser les fils cassés et enlever les débris.  Il y a eu beaucoup de dégâts au niveau des installations téléphoniques.» Pour lui, comme pour tous les habitants de la petite île, il s’agit maintenant de vite retrouver ses habitudes et de panser les blessures laissées par Joaninha…

 


 

Pravind Jugnauth : «On doit adopter une politique d’aide envers les citoyens»

 

Opération solidarité pour Rodrigues. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth,  accompagné d’une délégation ministérielle, s’est rendu à Rodrigues ce jeudi 28 mars. Il a visité l’île et a annoncé que le plan d’aide pour des maisons type «lakaz Trust Fund», sera revu. «Dans le futur,  il y aura encore des cyclones.  Avec le changement climatique, la force de la nature  pourrait se décupler ainsi que celle des cyclones. On doit adopter une politique d’aide envers les citoyens afin de pouvoir les protéger lors de calamités», a déclaré le Premier ministre. La Croix-Rouge de Maurice a également fait  appel à la solidarité pour venir en aide aux sinistrés. Un compte a ainsi été ouvert à la Mauritius Commercial Bank pour permettre aux Mauriciens d’y contribuer. Le numéro de compte à la MCB est le : 000020036116.

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