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26 septembre 2016 13:36
Et une semaine de plus sous haute tension. Une autre ! Car, durant les jours écoulés, les choses n’ont pas été de tout repos sur la planète… politique. La marmite frémit à nouveau. Et encore une fois, toutes les lumières sont braquées sur cet échiquier où les mouvements des pions font l’objet de toutes les attentions.
Avec le départ du Dr Zooberr Joumaye du MMM, ce vendredi 23 septembre, le rapport de force au sein de l’opposition change. Paul Bérenger, le leader de l’opposition, se retrouve ainsi avec une opposition ébranlée. Le parti mauve ne compte désormais que six membres à l’Assemblée nationale, soit six de moins depuis les dernières législatives. Une situation quasi-inédite pour la configuration de l’opposition. Toute l’attention est désormais focalisée sur ce fauteuil qu’occupe jusqu’ici Paul Bérenger.
Avec le nouveau sitting arrangementà l’Assemblée nationale, Zouberr Joomaye rejoignant Danielle Selvon en tant que député indépendant, le MMM est talonné de très près par le Mouvement patriotique avec cinq membres, qui est suivi du Parti travailliste (PTr) avec quatre membres. Comme en 2006, mais certes pas pour les mêmes raisons, Paul Bérenger pourrait perdre le poste de leader de l’opposition. Les Standing ordersde l’Assemblée nationale sont clairs : ce poste revient au parti qui détient la majorité.
Faites vos jeux, rien ne va plus ! Car, pour le coup, l’échiquier se transforme en jeu de la roulette. La politique étant pleine de surprises, tout peut donc arriver. Qui détient les cartes du jeu et qui peut à tout moment les abattre ? Si jamais le MMM arrivait à perdre un autre député, les membres de l’opposition devraient tomber d’accord pour décider de qui occupera cette fonction. Par contre, le scénario risque d’être tout autre si un député rejoint le MP, ce qui fera pencher la balance du côté de la bande à Alan Ganoo.
«Paul Bérenger est le leader de l’opposition et il le restera tant qu’il n’y a personne qui questionnera son leadership. Certes, avec le départ du député Joomaye, la force du MMM au Parlement en a pris un coup. Mais pour l’instant, il a toujours la majorité et il conserve son poste. On va voir comment les choses évoluent, mais au sein du MP, on n’a aucune intention d’aller essayer de prendre son siège à Paul Bérenger»,nous a confié Alan Ganoo, le président du Mouvement patriotique. Toutefois, si jamais l’occasion se présente, il estime être tout à fait apte à endosser ce costume. «J’ai déjà été leader de l’opposition pendant dix mois en 2013, alors que Paul Bérenger était malade. C’est d’ailleurs ce dernier qui m’avait confié ce poste. L’année prochaine, cela fera 35 ans, depuis que je fais de la politique, et c’est une fonction qui est tout à fait dans mes cordes. Mais je le répète, pour l’instant, cette éventualité n’est pas envisageable.»
Paul Bérenger, de son côté, reste très serein par rapport à ce qui peut arriver dans les jours ou les semaines à venir. À sa conférence de presse vendredi, il ne s’est montré nullement inquiet. «Je ne suis pas amarré à ce poste. Chacun doit prendre ses responsabilités», a-t-il déclaré.
De son côté, la députée indépendante Danielle Selvon apportera son soutien à Paul Bérenger si jamais le MMM perdait un autre de ses députés. «Pour ma part, je soutiendrai Paul Bérenger car j’estime qu’il est excellent à ce poste. Combien de scandales on a découvert grâce à lui. J’estime qu’il assure très bien dans cette fonction»,nous a déclaré Danielle Selvon.
Il semblerait toutefois que la clé du jeu se trouverait entre les mains du PTr. Ainsi, il se chuchote que le parti accordera son soutien à Paul Bérenger en cas d’une éventuelle nouvelle émission. Les quatre membres rouges étant suffisants pour que le poste du leader de l’opposition reste au MMM. Interrogé sur ce sujet, un député rouge nous a fait savoir que cette question n’a pas été abordée officiellement dans le parti. Une autre source rouge nous a fait comprendre que le soutien est envisageable, stratégiquement parlant. «Il n’est nullement question de se positionner contre Paul Bérenger. Il n’y a actuellement aucune tractation d’alliance. À travers notre soutien, il s’agit tout simplement d’une démarche purement stratégique pour affaiblir le gouvernement. On l’a dit, le PTr se sent tout à fait capable de briguer seul les prochaines législatives»,nous explique notre interlocuteur.
Si pour l’instant, Paul Bérenger semble conserver son fauteuil de leader de l’opposition, rien n’est certain par rapport au choix que fera Navin Rangoolam, le leader du PTr,si jamais le MMM essuie à l’avenir une nouvelle démission. Ce qui est sûr, c’est que le frémissement de la marmite politique peut, à n’importe quel moment, se transformer en gros bouillonnement !
Il claque la porte sans regret. «Les raisons principales qui m’ont poussé à quitter un grand parti comme le MMM, c’est mon désaccord avec le leadership du parti et la façon dont le parti est géré…»C’est en ces termes, vendredi après-midi, que le Dr Zouberr Joomaye a annoncé sa démission de toutes les instances du MMM. «Il n’y a pas de plan de renouvellement, pas de plan de succession et aucune stratégie de reconquête de l’électorat. Paul Bérenger a un bilan catastrophique à la tête du MMM comme leader avec huit défaites consécutives. Il a mené le MMM et les militants à l’abattoir», a-t-il avancé pour expliquer son geste avant de donner plus de précisions sur son avenir politique. «Je vais siéger en indépendant au Parlement et je fais appel à tous les jeunes de tous bords politiques au Parlement ou en dehors de me rejoindre dans ce combat car notre pays a besoin de jeunes et d’une autre façon de faire de la politique.»
L’ex-député du MMM a aussi démenti toutes les rumeurs faisant croire qu’il pourrait se joindre au MSM. Hier matin, Pravind Jugnauth, le leader du MSM, a aussi démenti ces rumeurs en ajoutant qu’il n’y a jamais eu de contact entre son parti et Zouberr Joomaye. Ces rumeurs tournaient autour de la proximité du vice-Premier ministre, Showkutally Soodhun, et l’ex-député du MMM.
Paul Bérenger a également commenté la démission de Zouberr Joomaye, vendredi après-midi. «Il n’a jamais pu s’adapter depuis qu’il a été élu député. Tout le monde a vu qu’il n’est pas un politicien de terrain, mais un politicien de salon. Sa contribution en général au MMM est nulle. Ce départ intervient après la régionale de mercredi où des membres s’en sont pris à lui. La pression montait depuis un certain temps au no 13», a déclaré Paul Bérenger qui a qualifié le geste du médecin de «lâcheté». «Je suis partagé entre la colère et la tristesse. Il y a beaucoup de colère au sein du MMM depuis ce matin (NdlR, vendredi). Ce départ ne change cependant rien pour nous.»
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