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Deux victimes dans un accident à Goodlands : les larmes des familles de Yasdev Auckloo et Seetal Torry

L’impact de la collision a été d’une telle violence que les deux victimes sont mortes sur le coup.

Rien ne liait Yasdev Auckloo, 49 ans, et Seetal Torry, 39 ans. Pourtant, tous les deux ont trouvé la mort dans le même accident de la route, à Goodlands, le lundi 24 juin. Leur entourage, dévasté par cette disparition tragique et soudaine, témoigne…
 

Entre eux, il n’y avait aucun lien de parenté. D’ailleurs, ils ne se connaissaient même pas. Et c’est pourtant à bord du même véhicule que se trouvaient Yasdev Auckloo, 49 ans, et Seetal Torry, 39 ans, le lundi 24 juin, lorsqu’ils ont trouvé la mort dans un accident de la route dans le nord de l’île. Le contract van qui les transportait est entré en collision avec un camion de vidange de fosses septiques à la jonction de la rue Belin et du by-pass de Goodlands, aux alentours de 6h15. Au moment des faits, les feux de signalisation ne fonctionnaient pas et la route était glissante. L’impact du choc, d’une violence inouïe, ne leur a laissé aucune chance de survie.

 

D’après nos renseignements, Yasdev Auckloo, un caporal affecté à la Major Crime Investigation Team (MCIT), était au volant du van au moment des faits. Ce matin-là, il avait récupéré Seetal Torry et sa collègue –  une jeune femme de 22 ans – dans leur localité à Roche-Terre et devait les conduire jusqu’à leur lieu de travail, à l’usine Princes Tuna, à Riche-Terre. Mais, en chemin, le drame est survenu. Lorsque le SAMU est arrivé sur les lieux, Yasdev Auckloo et Seetal Torry avaient déjà rendu l’âme. Tandis que la jeune femme de 22 ans, qui a subi de graves blessures, avait déjà été conduite à l’hôpital du Nord par des volontaires.

 

L’alcotest auquel a été soumis le conducteur du camion impliqué dans l’accident – un ressortissant indien de 29 ans – s’est révélé négatif. Il a passé la nuit en détention avant de comparaître en cour de district de Mapou, le mardi 25 juin, sous une accusation provisoire d’homicide involontaire. Il a été libéré après avoir payé une caution de Rs 7 000. Le même jour, il a participé à un exercice de reconstitution des faits lors duquel il a expliqué aux enquêteurs qu’il se trouvait sur sa voie lorsque le contract van a surgi d’une route latérale. Il n’a pu, dit-il, éviter la collision.

 

Au domicile de la famille de Seetal Torry, à Roche-Terre, cette terrible nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Son époux Vijay peine à croire à cette tragédie qui le frappe de plein fouet. «Je ne réalise toujours pas ce qui s’est passé. J’ai encore du mal à me faire à l’idée qu’elle n’est plus des nôtres. Vu que je travaille la nuit et elle, le jour, nous n’avions pas l’occasion de passer beaucoup de temps ensemble. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours l’impression qu’elle s’est juste absentée pour aller travailler», confie-t-il, la voix tremblante d’émotion. Lorsque son épouse a quitté la maison, le jour du drame, Vijay venait de rentrer après son service de nuit. La mort de Seetal, dit-il, est un véritable coup du sort car elle «n’avait pas l’habitude de voyager avec ce policier».

 

Mariés depuis une vingtaine d’années, Vijay et Seetal Torry ont deux fils, âgés de 17 et 20 ans. Ces derniers sont effondrés par le drame qui les prive de la présence de leur mère. «Seetal était une maman et une épouse exemplaire. Elle avait refusé de travailler de nuit à l’usine pour pouvoir être auprès de nos enfants. C’est d’ailleurs elle qui les aidait sur le plan éducationnel vu que j’étais souvent absent.» Leur benjamin, précise-t-il, doit prendre part à ses examens du HSC cette année. «Et puis, elle s’entendait bien avec tout le monde et ne s’est jamais disputée avec qui que ce soit. Ce sera dur de gérer sans elle.» Les parents et la belle-mère de Vijay étant décédés, c’est sa belle-sœur qui l’aide à s’occuper de la maison pour le moment.

 

À Tranquebar, au domicile du caporal Yasdev Auckloo, l’atmosphère est tout aussi pesante et triste. Soutenue par les membres de sa famille, Lovena, l’épouse du policier, tente péniblement de faire face à cette douloureuse épreuve. Visiblement à bout de force d’avoir trop pleuré, elle évoque avec tendresse celui dont elle a partagé la vie durant 19 années. «Il était dévoué, attentionné, et faisait toujours en sorte que sa famille ne manque de rien. Il espérait pouvoir bientôt entamer la construction de notre maison», raconte Lovena, les yeux pleins de regrets. Le couple a deux enfants – un fils et une fille, âgés de 18 et 16 ans respectivement. C’est avec beaucoup de difficulté que les deux, surtout la benjamine, ont fait leurs adieux à cet homme «qui a toujours fait de son mieux pour voir ses enfants réussir».

 

Yasdev Auckloo est décrit par son frère comme un homme droit, honnête, et qui se donnait corps et âme à son travail. Être policier, c’était d’ailleurs pour lui un rêve d’enfant devenu réalité. «Samedi dernier (NdlR : le 22 juin), il a célébré ses 30 années de service au sein de la force policière. Pour lui, le travail était une priorité. Il n’avait jamais hésité à quitter les fêtes familiales à cause de ses obligations professionnelles», se remémore-t-il. Après avoir travaillé à la SSU, au poste de police de Pointe-aux-Sables et à la CID de Port-Louis Sud, il a atterri à la MCIT, où il a passé la plus grande partie de sa carrière.

 

Bien que rien ne liait les familles Auckloo et Torry, c’est avec la même douleur atroce qu’elles ont accompagné les deux victimes jusqu’à leur dernière demeure le mardi 25 juin. Conscientes que le chemin du deuil sera long et pénible après cette tragédie qui les a frappées de plein fouet.