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Enquête judiciaire sur le troublant décès d’un employé d’un Procurement Officer

La famille de Pravin Kanakiah : «Nou anvi konn laverite pou nou kapav fer nou dey»

24 juillet 2023

Trois grandes photos, parées de fleurs et de bougies, sont placées sur une table à côté de la télé dans le salon familial des Kanakiah, à Quatre-Bornes. Mila, la voix tremblante nous explique qu’à droite se trouve la photo de son époux et à gauche, il y a une vieille photo de famille avec ce dernier et ses trois enfants. Et, au centre, la photo de son défunt fils, Pravin. «Mo koz ar li toulezour. Mo fer boukou lapriyer pou li. Nou anvi konn laverite parski ziska ler nou dan flou», confie cette maman de 64 ans. Elle vit un véritable enfer au quotidien depuis le décès tragique de son fils dans des circonstances troublantes.

 

Sa vie bascule, le 11 décembre 2020 lorsque la National Coast Guard (NCG) se rend à La-Roche-qui-Pleure suite à une requête. Sur place, les officiers de la NCG tombent sur le corps sans vie d’un homme. Ce dernier était torse nu et portait un pantalon noir. Il était allongé sur le dos avec ses chaussettes et avait des blessures sur plusieurs parties du corps. Le personnel du Helicopter Squadron a alors été sollicité le même jour pour transporter la dépouille vers l’hôpital de Souillac où le décès a été constaté par le médecin de service. Ce n’est qu’après que la police a su qu’il s’agissait de Pravin Kanakiah.

 

Cet habitant de Plaine-Magnien travaillait comme Procurement Officer au ministère des Finances et était porté manquant depuis la veille, soit le 10 décembre 2020. Son épouse Reshmee avait signalé sa disparition à la police. Par la suite, dans le rapport d’autopsie, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police a attribué le décès à une traumatic sub arachnoid haemorrhage. Intriguée par cette disparition et la découverte macabre, l’épouse du défunt a alors demandé une contre-autopsie qui s’est aussi conclue à une hémorragie par le Dr Satish Boolell. À ce jour, la police n’a pu connaître les circonstances exactes du drame. Même si tout porte à croire que ce fonctionnaire a rendu l’âme après avoir eu une fracture de la colonne vertébrale causée probablement par un violent coup à la nuque.

 

Le jour de sa disparition, Pravin a déposé son épouse Reshmee sur son lieu de travail, à Ebène vers 8h15 mais s’était absenté du sien, à la section Procurement and Supply, à Réduit. Plus tard, la jeune femme a tenté de l’avoir sur son téléphone mais en vain. Elle est alors partie porter plainte à la police dans la soirée. La voiture de Pravin était fermée à clé sur un parking de l’université. Les limiers ont déjà examiné cette Toyota mais n’ont rien trouvé de suspect.

 

Un acte criminel

 

Toutefois, Reshmee et les siens rejettent tous la thèse d’un suicide et évoquent plutôt un acte criminel. Ainsi, les proches du défunt bénéficient du soutien des Avengers dans leur quête de justice. L’affaire a connu un véritable rebondissement lorsque le DPP a décidé d’initier une enquête judiciaire au tribunal de Souillac. Les travaux débuteront le 28 août. La mère, la sœur et l’épouse du défunt accueillent favorablement cette décision. «Nou anvi konn laverite pou nou kapav fer nou dey», disent-elles.

 

Malgré que Reshmee Kanakiah soit à l’étranger pour des raisons professionnelles, la tenue d’une enquête judiciaire la réconforte. «Nous vivons le même traumatisme depuis 3 ans. Nous espérons voir la lumière au bout du tunnel dans un proche avenir. Nous espérons aussi que l’enquête soit menée en toute intégrité afin que nous puissions faire confiance à la loi et à la justice», souligne la jeune femme qui rentre dans quelques jours. Cette dernière et les siens n’arrivent toujours pas à faire leur deuil. «Nous sommes toujours dans le flou. Nous avons plusieurs questions qui sont toujours sans réponse», martèle Reshmee.

 

Ce n’est pas la sœur de Pravin, Shirley, qui dira le contraire. Lorsque cette affaire a éclaté, ses proches et elle avaient le souci du «qu’en dira-t-on». «Nou ti pe bizin marse latet bese. Bann dimounn ti pe res poz nou kestion. Li ti difisil pou reponn zot parski nou mem nou touzour pena repons. Nou lavi inn sanze net depi so lamor», se lamente l’aînée de la famille. Rody, le benjamin est policier à la Special Mobile Force.

 

Mila, Shirley et Reshmee sont catégoriques : Pravin n’avait aucune raison de se suicider. «Depi premie zour mo pe dir lapolis pa enn swisid sa. Mon époux n’avait aucune raison de se suicider», soutient Reshmee. Cette dernière avance plusieurs raisons pour soutenir ses propos et c’est également pour cela qu’elle compte se battre pour faire éclater la justice. «Une semaine avant le drame, il y avait un 4x4 sur le parking de La-Roche-qui-Pleure ainsi que plusieurs personnes qui manipulaient les caméras CCTV de cette région. Comme par hasard, les images de vidéosurveillance ne sont pas disponibles pour les besoins de l’enquête», s’insurge Reshmee. De plus, «Zour mo misie disparet-la, li ti ena enn handing over pou fer avan bouze pou al travay enn lot plas. C’est lui qui s’occupait des achats et des tenders. Il préparait aussi des documents pour le procurement. Et grosse coïncidence : Madame Mooniaruth (morte elle aussi dans des circonstances troublantes) travaillait au 5e étage du Procurement Department, à l’Emmanuel Anquetil Building.»

 

Pravin était fonctionnaire depuis 14 ans et avait travaillé pour plusieurs ministères dont six ans au ministère de la Santé. Reshmee affirme que son époux a traité plusieurs dossiers importants durant le confinement. «Mon époux a travaillé pendant le confinement. Il avait son work access permit. Il était impliqué dans l’achat des masques et des PPE pour le ministère de la Santé», précise son épouse.

 

Mariés depuis cinq ans et ils ont un enfant de 3 ans. «Notre enfant avait 2 ans lorsque son père est décédé», confie Reshmee. La petite famille venait d’emménager dans leur nouvelle maison pour l’anniversaire de Reshmee, en août. Ils ont aussi pu y fêter Divali sur place. Puis, Pravin est mort. «Li ti fini aste kado nou zanfan pou Nwel. Je ne sais pas ce que je serais devenue sans le soutien de la famille», se lamente la jeune femme. Shirley explique, elle, que son frère a toujours été une personne douce et joviale mais très discret sur le plan professionnel. «Zame li pa ti koz so travay. Zame li rakont so bann problem. Li difisil akiz kiken me nou bizin konn laverite lor lamor mo frer ek gagn lazistis», explique-t-elle. Shirley est également marquée à vie. «Mo pans mo frer toulezour. Nou ti bien konplis. Nou ti res pros malgre ki nou marye nou tou le de. Zour so lanterman-la nou ti sipoze al fer shopping pou lane ansam», se lamente-t-elle.

 

«Li pena oken rezon pou swisid li»

 

Mila, la mère de Pravin, ne croit pas non plus à la thèse du suicide. «Li ti fek fini ranz enn zoli lakaz pou so fami. Li ti ena boukou proze pou so zanfan. Li ti fini dir mwa ki li pou pran konze dan de trwa zour pou nou met enn ti program ansam an fami. Li pena oken rezon pou swisid li», précise Mila. Elle est convaincue que «bann kinn zet mo garson dan lamer kapav inn panse ki zame pa ti pou gagn so lekor». La santé de cette mère de famille s’est considérablement détériorée depuis le décès tragique de son fils. Mais c’est surtout l’attente sur la vérité qui devient de plus en plus pénible. «Monn vinn anemi telman mo pa manze. Mo nepli ena lapeti. Ena enn gro sagrin lor mo leker. Toulezour mo get foto mo garson. Mo plore mo koz ar li. Mo fer boukou lapriyer ousi pou li. Kinn ariv li ? Nou fami bizin gagn sa repons-la pou soulaz sa bel soufrans dan ki nou ete-la», s’indigne la sexagénaire.

 

Cette dernière explique qu’elle a fait d’énormes sacrifices sur le plan personnel pour assurer l’avenir de ses trois enfants. Pravin Kanakiah avait 11 ans lorsqu’il a perdu son père qui a rendu l’âme après plusieurs mois de maladie. «Mo misie ti travay tayer. Li pann resi fer lavenir nou trwa zanfan. Monn bizin amenn rol mama ek papa ansam. Li pa ti fasil ditou. Sa lepok-la mo ti travay lizinn Aquarelle dan landrwa. Monn travay boukou pou fer ledikasyon mo trwa zanfan. Pravin ti vinn travay ar mwa dan magazin lizinn laz 14 an. Li ti vann semiz. Bann-la ti bien kontan li. Linn kontign travay laba apre so HSC. Linn rant dan gouvernman apre so kour ACCA. Ti so rev sa rant fonksioner. Li ti travay inpe CWA ousi avan. Eski ou krwar li fasil pou mwa aksepte sirkonstans lamor mo garson. Enn gran soufrans sa», pleure Mila.

 

Pravin a construit une maison au premier étage de la demeure familiale à Quatre-Bornes avec l’aide de sa mère lorsqu’il a commencé à travailler. Il s’est marié en 2017. Son enfant a vu le jour un an plus tard. La petite famille a emménagé dans leur nouvelle maison, à Plaine-Magnien, un an avant son décès. «Mo kone ki lavi pa fasil pou mo belfi ousi. Li ti pou kontan gagn so misie ar li pou grandi zot zanfan ansam. Mo ti zanfan-la bien kontan zot nouvo lakaz. Nou lavi enn veritab kalver depi lamor mo garson», se désole Mila.

 

Reshmee ne manquait pas non plus de qualificatifs pour faire l’éloge de son époux. Ce dernier n’a pas eu une enfance facile. Pravin a perdu son père alors qu’il devait prendre part aux examens du CPE. Après son HSC, il a pris de l’emploi dans une usine. Avec son salaire, il aidait sa famille et prenait des cours d’ACCA par correspondance. Pravin, dit-elle, a toujours été un «role model» et un «hard worker».

 

Hélas, il s’en est allé prématurément dans des circonstances plus que troublantes alors qu’il devait fêter ses 41 ans, le 4 juillet. Le hasard a voulu que «so tanto nou gagn nouvel ki pou ena lanket zidisier», se console la mère. Reshmee et les siens comptent sur tous les travaux de cette enquête judiciaire pour faire la lumière sur le décès troublant de Pravin Kanakiah.

 


 

Rama Valayden : «Avengers oule kone ki sa VVIP ki ti koz ek li lavey so disparisyon»

 

A ce jour, plusieurs questions sont toujours sans réponses dans l’affaire Kanakiah. Comment le principal concerné a-t-il fait pour atterrir à La-Roche-qui-Pleure ? Pourquoi était-il torse nu ? Où est passé sa chaussure gauche ? Quelqu’un qui se suicide se jetterait-t-il à l’eau en chaussettes ? Toutes ces questions intriguent Rama Valayden. L’avocat et les Avengers sont toutefois persuadés que le défunt a été victime d’un acte malveillant.

 

«Nou ena boukou linformasion dan sa case-la. «Avengers oule kone ki sa VVIP ki ti koz ek li lavey so disparisyon». Nou finn aprann ki misie Kanakiah ti pe travay lor enn gro dosye. Lavey so disparisyon linn gagn enn call inportan. Ti enn VVIP sa, ki finn koz ek li plis ki 30 minit ek ti donn li enn lord inportan. Kanakiah inn refize, lerla mem zot inn kidnap li so landemin. Ena zimaz CCTV zis kot so biro dan Réduit. Lezot zimaz pena ditou», explique Rama Valayden

 

Ce dernier ne compte pas lâcher l’affaire. «Noun fer nou lanket. Nou finn aprann ki finn zet lekor Kanakiah enn plas kot li pa ti sipoze remonte. Se bann peser landrwa kinn dir nou sa. Lavey gagn so lekor bann peser inn tann anviron 5 dimounn koze. Ti ena tors tousala ek zot. Bann peser-la inn ousi tann tapaz dan dilo malgre vag. Nou sipoze ki zot inn tann lekor Kanakiah tonb dan lamer. Anplis enn mari kwinsidans, dimounn kinn donn nou sa bann linformasion-la inn viktim enn fatal hit & run apre», souligne-t-il. Ce dernier précise une fois de plus qu’on doit le respect aux morts et la vérité aux vivants. «Nou anvi konn laverite dan sa zafer-la parey kouma dan case Kistnen. Monn donn lapolis boukou detay inportan ankor dan lasemenn. Ena linformasion lor azanda misie Kistnen zour so disparisyon. Mo ena ankor sirpriz. Mo invit lapolis donn enn prim Rs 10 milion si li ankor anvi fer lanket-la avanse vremem», précise Rama Valayden. La MCIT a interrogé un policier en poste au Police Main Command Control Centre. Valayden allègue que ce dernier aurait manipulé et effacé des images CCTV en lien avec la mystérieuse disparition du chef agent du MSM au No 8. L’audition de ce policier se poursuivra bientôt.

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