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The Good Shop : Direction, l’arrière-boutique…

Photo d’équipe avec Rihanna Legoff (4e à partir de la gauche) et Michael Agathe (à l’extrême droite).

Là où les dons sont triés, testés et nettoyés avant d’arriver dans la charmante boutique sociale et de seconde main qui fait des yeux doux aux prix et à l’environnement.
 

Temps d’hiver. Temps de juin. Même les chiens se réfugient sous les porches des petites boutiques du village de Calebasses. Sur la route principale, une façade attire l’œil. Le bâtiment en béton traditionnel n’a rien de plus charmant que ça. C’est la luminosité des lieux, à travers les baies vitrées, qui donne envie d’y entrer. L’enseigne annonce The Good Shop, la promesse est donc lancée, comme ça, au regard. Reste à découvrir si elle est tenue.

 

Avant d’y pénétrer, nous savons quelques petites choses sur cette boutique pas comme les autres qui se présente comme étant l’initiative de plusieurs individus : elle est solidaire, il s’agit d’une entreprise sociale, il est possible d’y trouver des articles utilisés (mais pas que) à de petits, petits prix. Et que l’idée derrière le concept est de faire du bien autour de soi (pour en savoir plus sur le «business plan», voir hors-texte).

 

Du fait que l’intensité de la pluie ne baisse pas, on n’entre pas dans The Good Shop, on s’y engouffre. Et là, tout de suite : de la chaleur, des sourires, des vêtements, des objets de déco, des livres et plein de petites choses qui vous feront, peut-être, envie. Ici, chaque objet a eu une vie avant, mais il ne reste plus grand-chose de ces souvenirs qui marquent sa structure. Pour ça, il a fallu trier, nettoyer, étiqueter…

 

Et c’est le boulot des trois lumières de ce petit magasin qui rêve d’avoir des petits frères (voir hors-texte). Pour comprendre l’importance de leur tâche, direction l’arrière-boutique. Elle est dotée d’un plafond haut et donne des envies de farfouiller. Les bruits s’y engouffrent ; les notes de la rue passante, de la pluie qui s’emballe en cette fin de matinée, des conversations dans le magasin séparé par une cloison. Le fouillis est structuré. Le désordre n’est qu’apparent.

 

Dehors, en suivant un «sentier» de palettes, on découvre le conteneur qui accueille les dons. Des boîtes en carton y sont entassées. C’est là que sont entreposées les choses que les gens n’utilisent plus et qui, ici, retrouveront une nouvelle vie. Une façon de s’inscrire dans la durabilité, explique le responsable de la boutique, Michael Agathe : «Redonner une vie à ces objets, c’est inciter à acheter moins, à consommer moins. C’est mieux pour la planète». Il résume en quelques mots un des objectifs de The Good Shop, celui qui concerne l’impact environnemental. Les autres s’axent autour de l’éducation – à travers le financement de scholarships et la formation de ses employés – et de l’employabilité : «Pour ceux et celles qui ne trouvent pas facilement du boulot pour des raisons et d’autres.»

 

Ce qui explique la présence d’Anousha Gopaul, qui souffre d’un retard mental et qui a obtenu à The Good Shop son premier job fixe : «Normalement, les personnes comme Anousha obtiennent des stages, mais jamais d’emploi. Elle a signé son contrat il y a quelques jours et sera pendant longtemps avec nous.» Premier job, premier salaire. Un bonheur pour la demoiselle, qui habite Gokhoola, et pour ses parents. Une réussite, une revanche sur la vie. À 18 ans, elle vit cette aventure avec la joie qui l’habite.

 

Avec ses amies, elle se retrouve donc, tous les jours, dans l’arrière-boutique de cette second-hand shop à trier des vêtements, par exemple – «Il faut voir s’il y a des trous ou des taches» –, à les classer par couleur (ce qu’Anousha adore, elle a fait de même chez elle) et à les nettoyer. Dans les cartons, on peut tomber sur des surprises peu ragoutantes ; des lézards morts, de la moisissure ou, alors, des… sous-vêtements qui n’ont pas connu de machine à laver depuis longtemps. Parfois, «sa santi pi», confie la jeune femme.

 

Autant d’anecdotes qui meublent ses nouvelles journées d’employée (elle a rejoint The Good Shop pour un internship en début d’année). Rihanna Legoff, habitante de Baie-du-Tombeau, aime, aussi, rire de ces découvertes du quotidien. Il y a quelques mois, ayant complété son cours en Early Childhood Care, elle ne trouvait pas de travail, mais elle a découvert, par l’entremise de Michael, qu’on recrutait à The Good Shop. Et même si l’emploi est éloigné de son domaine d’expertise, elle en aime l’esprit : «C’est une entreprise qui aide les gens. C’est bien.» Elle aussi bénéficie d’une formation continue et basique concernant ces sujets qui l’intéressent : «Afin qu’elle développe d’autres savoirs et savoir-faire qui la prépareront pour son avenir professionnel ici ou ailleurs», explique Michael.

 

Mélanie Anthony est une copine de cours de Rihanna et elle a, également, trouvé sa place à The Good Shop. Y a appris à être efficace, à traiter des centaines de pièces par jour (au moins 400) afin que la boutique ait toujours quelque chose de nouveau à offrir. Cette habitante de Roche-Bois y a trouvé son rythme et manie le spray et la brosse avec agilité. Mais aussi l’art d’expliquer le cœur de cette boutique sociale qui travaille étroitement avec les ONG à tous ceux et celles qui s’y présentent.

 

Et malgré le temps d’hiver, le temps de juin, les visites ne sont pas rares. C’est vrai que, de toute façon, sous la pluie battante, cet endroit et sa belle lumière donnent des envies de s’arrêter.

 

Une question de dons

Vous voulez en faire ? Super ! Alors, il est nécessaire de respecter les consignes suivantes : rien de trop volumineux, des choses de bonne qualité et en bon état. S’il s’agit de vêtements, un petit tour dans la machine à laver avant d’être offert, c’est le must. S’il s’agit d’appliances, ce serait bien qu’elles fonctionnent !

 

D’autres boutiques ?

C’est le projet ! Afin d’écouler tous les dons. Mais pour cela The Good Shop a besoin d’aide et de contacts. Alors, si ça vous dit, n’hésitez pas à les contacter via leur page Facebook.

 

Le geste sympa

Les dons récoltés proviennent souvent d’ONG qui n’ont pas, forcément, l’expertise de trier et de nettoyer. Avec leurs bénéficiaires, ces associations viennent faire leur shopping gratuitement une fois par semaine. Trop cool.

 

Pas de profit…

Ici, il n’en est pas question. L’argent récolté aide à payer les salaires et les frais nécessaires, à financer les bourses éducatives et est réinvesti pour d’autres projets au sein de ce concept.

 

What’s next ?

The Good Shop souhaite upcycle des vêtements pour créer une ligne différente, améliorée. Ce sera à découvrir très bientôt.