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Grégory Botte, 12 ans, décède de problèmes respiratoires un jour après son hospitalisation - Vinay et Angelina : «Ce qui est arrivé à notre fils est inadmissible»

13 mai 2020

Les parents de Grégory (ci-contre) et de la petite Amisha veulent des réponses sur ce décès soudain et inattendu.

Leur douleur est inexplicable, insurmontable. En ce moment, ils vivent la pire épreuve que puisse traverser un parent : celle de perdre un enfant. Bouleversés et désemparés, Vinay Gaonjur et Angelina Botte donnent l’impression d’avoir été amputés d’une partie d’eux-mêmes depuis le lundi 4 mai, jour où leur fils est décédé subitement. Le garçon de 12 ans était en Grade 7 au collège Bhujoharry, à Quartier-Militaire. Selon ses parents, il n’avait jamais eu de problème de santé auparavant et avait toujours été «un enfant gaillard». Pourtant, il est soudainement tombé malade le week-end dernier et a succombé à une septicémie, un jour seulement après son admission à l’hôpital de Flacq. Comme le personnel soignant n’écartait pas la possibilité qu’il ait pu développer une forme du Covid-19, une autopsie a été pratiquée et des tests réalisés. Mais ceux-ci se sont révélés négatifs. Les parents du garçon, qui soupçonnent, eux, un cas de négligence médicale, ont fait part de leur ferme intention de porter plainte auprès des autorités concernées afin que la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de leur aîné. 

 

À Résidence Emeraude, Camp-de-Masque, en ce mercredi 6 mai, les rues sont calmes et désertes. Pour beaucoup, en ce temps de confinement, ce n’est rien de surprenant. Pourtant, au domicile des proches de Grégory Botte, le calme n’avait jamais vraiment régné depuis que le lockdown avait commencé. «S’il était toujours parmi nous, il serait en train de jouer au ballon avec les voisins. Sinon, il serait en train de s’amuser avec son chien. Il ne tenait jamais en place», confie avec émotion Vinay Gaonjur qui a enterré son fils la veille. Car en l’espace de quelques heures, cette famille joyeuse a vu son existence être chamboulée à jamais avec la disparition tragique de celui que tous appelaient affectueusement Gory. Depuis, le temps semble s’être arrêté pour ces habitants de l’Est qui ont l’impression de vivre un véritable cauchemar. «Comment une chose pareille a-t-elle pu lui arriver ? Il avait toujours été en bonne santé et ne souffrait d’aucune allergie. Une erreur médicale n’a-t-elle pas été commise par ceux qui l’ont soigné ?» s’interrogent les parents de Grégory, amers.

 

Les problèmes de santé de Grégory sont apparus ce samedi 2 mai. Comme presque tous les jours, il jouait avec son meilleur ami, son chien Choupi, lorsqu’il a soudainement commencé à se sentir mal. «Il souffrait d’une légère hausse de température. Je lui ai donné le même médicament qu’il prend à chaque fois qu’il est un peu fiévreux, du Fervex. Il n’a jamais fait de réaction allergique avec. Mais son état ne s’est pas amélioré et j’ai constaté l’apparition de rougeurs sur sa peau ; je l’ai donc conduit au dispensaire de la localité», indique son père. Sur place, Grégory est examiné. «Dokter inn dir mwa kitfwa medsinn-la pann fer lefe akoz so disan sal. Il lui a fait une injection et ses rougeurs ont aussitôt disparu.» Soulagés et rassurés, Vinay Gaonjur et son fils sont rentrés à la maison. Mais aux alentours de 18 heures, Grégory a à nouveau souffert d’éruptions cutanées. Ses parents l’ont, cette fois, conduit à l’hôpital de Flacq afin d’en avoir le cœur net. 

 

«So leker ti pe bat vit»

 

À l’hôpital, ce soir-là, le garçonnet est à nouveau examiné. «Les médecins lui ont fait une injection, après quoi nous sommes rentrés à la maison parce que l’état de santé de Grégory semblait stable. Ses rougeurs avaient complètement disparu.» Mais Vinay Gaonjur et Angelina Botte n’étaient pas au bout de leurs peines. «Lorsqu’il s’est levé dimanche matin, Grégory allait très bien. Nous nous sommes amusés et avons passé du bon temps ensemble. Puis, il est allé faire une sieste dans l’après-midi. À un moment, il nous a appelés parce qu’il se sentait mal», raconte Vinay Gaonjur. L’état de santé du garçonnet s’était subitement détérioré. «So leker ti pe bat vit. Li ti pe gagn difikilte pou respire me li ti ankor kapav koze. Enn vwazin inn amenn nou lopital.» Sur place, les parents de Grégory n’en apprennent pas plus sur son état. «Les médecins n’ont pas été en mesure de faire un bon diagnostic. Bann-la mem pa ti pe kone ki li pe gagne.» 

 

Admis au service des soins intensifs, le jeune garçon a, hélas, rendu l’âme tôt, le lendemain matin. Craignant qu’il soit décédé des suites du Covid-19, le personnel de l’hôpital a référé le cas à la police. Une autopsie a été pratiquée par le Dr Sunnassee mais les résultats des examens se sont avérés négatifs. Le médecin-légiste a conclu à une sepsis, provoquée par une chest infection. Incapables de comprendre comment leur enfant habituellement «en bonne santé» a pu trouver la mort aussi brusquement, Vinay Gaonjur et Angelina Botte soupçonnent fortement une négligence médicale. «Nous voulons savoir si les médecins lui ont administré de trop fortes doses de médicaments car son état de santé s’est détérioré en si peu de temps. Nous pensons que les médecins ont fauté quelque part ; ce qui est arrivé à notre fils est inadmissible», s’insurgent-ils. C’est la raison pour laquelle ils ont l’intention de porter plainte à la police et d’envoyer une correspondance au ministère de la Santé pour l’ouverture d’une enquête. 

 

En attendant d’avoir plus de réponses à leurs nombreuses interrogations, Vinay Gaonjur et Angelina Botte, qui sont également les parents d’une fille de 10 ans, pleurent amèrement la disparition brusque et tragique de celui dont ils n’entendront plus jamais résonner les éclats de rire. «C’était un enfant tellement jovial ; il était si mature et intelligent. Il nous aidait tout le temps à la maison et ne nous a jamais causé de problèmes», se lamente Angelina Botte. Comme tous les jeunes de son âge, poursuit-elle, Grégory avait des rêves plein la tête. «Il disait qu’il voulait travailler dur à l’école pour nous rendre fiers. Il espérait obtenir un bon emploi plus tard pour pouvoir prendre soin de nous et de sa petite sœur Amisha. Pa pou gagn enn lot kouma li.» Vinay Gaonjur, dont les yeux sont rouges d’avoir trop pleuré, est lui aussi anéanti par une immense douleur : «C’est mon bras droit que j’ai perdu. Je n’arrive pas à mettre des mots sur toute la peine que je ressens. Il laisse un grand vide derrière lui. Il était vraiment tout pour nous.»

 

C’est en petit comité que les proches de Grégory l’ont accompagné jusqu’à sa dernière demeure le mardi 5 mai. Ils lui ont fait leurs adieux contre leur gré et sont bien décidés à faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles il a trouvé la mort.

 


 

Aucun lien avec le Covid-19, assure le ministère

 

Sollicité dans le cadre du décès de Grégory Botte, le ministère de la Santé déclare avoir pris connaissance de son cas. Conscient de la psychose qu’a engendré la mort du garçonnet dans la population, le porte-parole du ministère précise que sa condition n’est en aucune manière liée au Covid-19 ; d’autant que les examens post-mortem l’ont confirmé. Concernant les allégations de négligence médicale formulées par les parents, il ajoute qu’à l’heure où nous mettions sous presse, ceux-ci n’avaient pas encore fait de plainte officielle pour négligence médicale auprès des services de police. Notre interlocuteur assure toutefois que si cela se fait, le ministère de la Santé initiera aussitôt une enquête afin de déterminer si Grégory Botte est décédé des suites d’une négligence médicale.
 

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