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7 août 2022 13:54
Les athlètes mauriciens sont à l'honneur après leurs performances aux Jeux du Commonwealth à Birmingham en Angleterre. Valeur du jour, ils ont offert à Maurice cinq breloques, la meilleure performance jamais enregistrée à cette manifestation réservée aux pays anglophones et aux ex-colonies britanniques. Mieux que les quatre métaux remportés en 1998 aux Jeux de Kuala-Lumpur en Malaisie (voir plus loin). Une belle performance qui permet de repositionner le quadricolore sur la scène sportive internationale après la morosité liée au Covid-19 et qui, en même temps, fait la fierté des Mauriciens, en particulier les proches de ces brillants athlètes qui sont toujours aux côtés de ces derniers pour les soutenir.
Roilya Ranaivosoa (haltérophile) et Rémi Feuillet (judo) se sont distingués avec une médaille d’argent chacun. Christianne Legentil et Sébastien Perrine (judo) se sont offert la médaille de bronze pour porter haut le quadricolore mauricien lors de cette édition 2022 des Jeux du Commonwealth dans la ville anglaise de Birmingham. Une compétition qui a vu la participation de 61 sportifs mauriciens (voir plus loin). Le boxeur Richarno Colin, assuré d’une médaille d’argent, tentera d’aller chercher l’or en finale des -63.5kg ce soir à 18h15 contre l’Ecossais, Reese Lynch. Le Mauricien s’est qualifié hier à l’issue de sa victoire aux points contre le Ghanéen, Abdul Wahib Omar. Le boxeur d’Henrietta tentera de devenir le deuxième Mauricien à ramener cette précieuse breloque jaune que Maurice cherche tant à remporter depuis l’exploit de Richard Sunee aux Jeux de 1998.
Richarno Colin est un habitué des grands rendez-vous. La population ne dira pas le contraire. Ses proches encore moins. À leur domicile, à Henrietta, le sport est une histoire de famille, avec aussi John qui pratique la boxe de haut niveau alors que le petit frère Pascal est devenu footballeur international. Chacune de leurs prestations est suivie avec enthousiasme. «Nous visionnons les matchs de Richarno ensemble dans le salon. On est très absorbés par ses combats. On a des frissons et on mime d’esquiver les coups. C’est comme-ci j’étais sur le ring», relate Pascal, qui évolue au Curepipe Starlight SC, club national de Division Two.
Pour lui, le parcours de Richarno à Birmingham n’est pas une surprise après plusieurs participations aux Jeux olympiques et sur le plan africain. «La majeure partie du travail et des entraînements d’un sportif se déroule dans l’ombre. Je ne sais combien il s'investit et se sacrifie depuis de nombreuses années pour être à ce niveau, et il visait depuis très longtemps une médaille mondiale. C’est désormais chose faite, et tout le reste est un bonus. On est fiers de lui. Il demeure une inspiration pour John et moi-même pour réussir et persévérer», souligne le footballeur.
Les prestations des sportifs mauriciens ont tenu en haleine tout un peuple depuis le début des compétitions le 29 juillet dernier. Les proches de ces derniers étaient attentifs à tout ce qui se passait au pays de sa Majesté en attendant de voir un des siens briller. La première médaille est arrivée le samedi 30 juillet par l’entremise de Roilya Ranaivosoa en 49kg dames. La leveuse de fonte a décroché la médaille d’argent avec une performance de 172kg au total olympique et termine derrière l’Indienne Chanu Saikhom Mirabai auteure d’un total de 201 kg.
L’haltérophile Cédric Coret, époux de la jeune femme, était convaincu qu'elle allait rapporter une médaille. Il savait également que sa compagne allait devoir sortir le grand jeu pour monter sur le podium. Le champion mauricien, qui fait également partie de l’équipe engagée à Birmingham, était aux premières loges pour soutenir sa championne.
«Elle a confirmé qu’elle est un athlète exceptionnel pour le pays et l’haltérophilie. Roilya, se sel Morisien kinn gagn enn meday de edision de swit. Elle est plus qu’une inspiration pour le sport mauricien. Cette performance est à prendre en considération pour le développement de la discipline. Je suis très fier d’elle, j’ai toujours cru en elle et elle nous a démontré qu’elle est une vraie battante. La compétition était rude et stressante, mais elle a réussi à surclasser ses adversaires», confie Cédric Coret.
Après avoir décidé de défendre les couleurs mauriciennes en judo, Rémi Feuillet ne finit pas d’impressionner et semble avoir fait le bon choix. Septième aux Championnats du monde de 2021 et quatre fois médaillé de bronze africain, sa médaille d’argent chez les -90kg à Birmingham est une suite logique selon son père Frédéric Feuillet, ancien directeur technique national de judo à Maurice.
«Nous sommes contents de sa médaille. Après ce qu’il a accompli jusqu’ici, ce n’est pas une surprise mais plus une continuité, surtout avec sa blessure qu’il traîne depuis deux mois. Nous étions un peu inquiets, car nous ne savions pas s’il pouvait être au meilleur de ses capacités mais au final, il a pu s’adapter. Rémi a toujours eu à cœur de briller pour Maurice. Par rapport à son engagement, il répond aux attentes avec une médaille. C’est une histoire qui marche bien et sa réussite, il la doit à la confiance des dirigeants mauriciens. En tant que parent, je suis fier de lui », déclare Frédéric Feuillet.
Christianne Legentil a offert à Maurice la deuxième médaille de ces Jeux avec le bronze en judo, le lundi 1er août, chez les -57kg dames. La jeune femme a toujours voué une grande passion à sa discipline et même dans les moments les plus difficiles de sa carrière, elle n’a jamais perdu de vue son objectif qui est de faire honneur à sa discipline et au quadricolore mauricien. Sa sœur, Claudina Manna-Legentil, se dit impressionnée par le dévouement de Christianne.
«Nous sommes très fiers de ce qu’a fait Christianne et nous tenons à remercier tous ceux qui la soutiennent. Elle a connu des hauts et des bas mais, elle n’a jamais abandonné. Elle a toujours pu compter sur notre soutien de même que sur celui du ministère des Sports, de sa fédération et de tous ceux qui croient en elle. Christianne a toujours eu une grande admiration pour le judo même dans les mauvais jours, elle n’a jamais baissé les bras et a toujours su porter haut sa discipline», avoue Claudina Manna-Legentil.
Il y a 20 ans, Antonio Félicité offrait à Maurice son unique médaille aux Jeux de Manchester. Le judoka avait décroché le bronze en 2002. Reconverti en entraîneur de judo, il est heureux de voir que deux des trois judokas qu’il a pris sous son aile à leurs débuts ont brillé avec la sélection mauricienne aux Jeux de Birmingham. Il y a bien évidement Christianne Legentil et aussi Sébastien Perrine.
Le jeune Rodriguais est sans doute le sportif le moins attendu du lot. Sébastien Perrine, qui a fêté son anniversaire vendredi, a surpris plus d’un avec sa médaille de bronze remportée chez les +100kg homme. Celui que tout le monde appelle affectueusement «rôti» a toujours impressionné son coach par sa vision et son mental de fer.
«Je l’ai entraîné dès l’âge de 12-13 ans lorsque nous préparions les Jeux des Jeunes. Il a vite capté mon attention. Je me rappelle lui avoir demandé quel était son objectif et la réponse était claire : "La médaille d’or." Quand je lui ai demandé ce qu’il ferait s’il n’y parvient pas, là encore la réplique était nette : "J’arrête tout de suite." Sébastien est quelqu’un qui sait ce qu’il veut dans la vie et il va travailler pour y arriver. Il est très débrouillard et se donne les moyens pour atteindre ses objectifs. Aujourd’hui, tous ses sacrifices sont en train de porter leurs fruits. Je suis très fier de ce que ces jeunes ont accompli, car, comme on dit, l’élève dépasse le maître, et ils vont encore nous étonner», jubile Antonio Félicité.
Après une semaine riche en émotions pour le sport mauricien et des instants de bonheur partagés, nul doute que le retour de la délégation mauricienne, prévu pour ce mercredi 10 août, sera salué comme il se doit, avec les honneurs. Allez Moris! Bravo Moris !
«C’est un travail de longue haleine que le ministère a mis en place à travers Team Mauritius et qui est en train de porter ses fruits aujourd’hui. Nous avons cinq médailles et ce résultat est la meilleure performance que Maurice ait réalisée dans des Jeux du Commonwealth. Il faut comprendre que la barre était placée haut et que les Jeux du Commonwealth se situent juste après les Jeux olympiques en termes de niveau. Ce qui fait que le niveau est très élevé, et si nos athlètes arrivent à produire de bons résultats et à réaliser des podiums, c’est qu’ils sont bons. Pour notre part, nous sommes très fiers d’eux et leur disons un grand bravo.»
Ils l’ont fait et ramèneront dans leurs bagages un joli souvenir grâce aux efforts et sacrifices qu’ils font depuis des années. Ils ne manquent pas de le souligner tout en remerciant ceux qui les ont soutenus.
«Je suis extrêmement satisfaite de ma médaille, surtout après six semaines de préparation en Roumanie. Remporter deux fois de suite la médaille d’argent est historique pour l’haltérophilie mauricienne. C’était plus dur qu'en 2018, il me fallait rester concentrée et focalisée sur mon objectif. Je tiens à saluer tous ceux qui m’ont soutenue et encouragée dans cette quête du podium. Je remercie ma famille, le Comité olympique mauricien, le ministère des sports et la Fédération mauricienne d’haltérophilie de m’avoir permis d’aller chercher cette médaille.»
«C’est une grande fierté d’avoir pu assurer une place sur le podium. Mon objectif était les quatre premiers et maintenant, je vais essayer de changer la couleur de la médaille. Faire une telle performance à mon âge n’est pas donné à tout le monde. Je reste dans ma bulle, fort dans ma tête et concentré sur l’objectif à venir. Ce qui me permet d’avancer. Je dédie cette médaille à mes enfants et à tous les jeunes, et leur demande de ne pas se laisser influencer par les fléaux de notre société. Je les invite à pratiquer une activité sportive. Si moi, je suis capable de remporter une médaille dans une grande compétition, eux aussi peuvent le faire. Je remercie ma famille, tout le staff technique national, le comité intérimaire de la fédération, le ministère et mon créateur qui me donne la force d’avancer.»
«Je cherchais ce podium depuis longtemps. Cette médaille aux Jeux du Commonwealth faisait partie de mes priorités cette saison et je suis heureuse de terminer l’année sur une bonne note. La compétition était rude, mais pour briller à ce niveau, il faut faire beaucoup de sacrifices. J’ai connu des moments difficiles avec mes blessures au genou, mais je suis toujours revenue au premier plan. C’est grâce au soutien de ma famille, de mes amis, du Comité olympique mauricien, du ministère des Sports, de la fédération, du comité régional de Rodrigues, des entraîneurs et des athlètes. Je les remercie tous et je dédie cette médaille aux jeunes en leur disant qu’il faut toujours croire en soi et que même en venant d'un petit pays, nous pouvons rivaliser avec les grandes nations.»
«Cette médaille est importante pour moi, même si je suis un peu déçu de ne pas avoir pu remporter la finale. La compétition était un peu particulière vu qu’il n’y avait pas beaucoup de combattants dans ma catégorie. Je voulais cette médaille d’or mais quelques erreurs m’ont coûté cette victoire. Je n’ai pas été assez efficace et percutant face à mon adversaire qui, lui, était plus entreprenant. Ce tournoi a été riche en enseignements. Je visais le titre mais finalement, je suis deuxième. Ça fait partie du jeu. Je suis quand même fier de ma médaille. Je vais continuer à bosser tout en visant très haut.»
«Je suis très fier d’être médaillé de Maurice à ces Jeux. Je tiens à remercier les personnes qui m’ont soutenu, notamment le Comité olympique, la Fédération mauricienne de judo, mes entraîneurs, le Comité régional de Rodrigues, ainsi que mes amis mauriciens et rodriguais. Merci à tous pour vos encouragements.»
Textes : Qadeer Hoybun et Rehade Jhuboo
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