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Le présumé meurtrier de Tiannesela Perrine arrêté après 89 jours | La maman de la victime : «Nou dan la zwa ek nou soulaze»

La jeune femme a été poignardée par son ex-compagnon.

Pour les Perrine, le lundi 25 novembre, a été synonyme de libération. Car le meurtrier présumé de leur fille a enfin été mis sous les verrous après une cavale de trois mois. Enfin, ils pourront vivre en paix, sans craindre pour leur vie, enfin ils pourront faire leur deuil, sachant que le responsable de ce crime va payer pour ce qu’il a fait. Dans leur tunnel noir apparaît un rayon de lumière… La maman de Tiannesela Perrine nous livre un vibrant témoignage.

Des pétarades retentissent dans le village paisible de Citron-Donis, à Rodrigues. Chez les Perrine, c’est l’explosion de soulagement, de joie même. Après des mois intenses de chagrin, d’angoisse, de colère, de questionnements, d’enfermement, ils peuvent enfin souffler, même si leur douleur est toujours aussi intense. Le lundi 25 novembre, Jean-Claude et Marie-Louise Perrine ont appris que le meurtrier de leur fille Tiannesela, 22 ans, a enfin été arrêté après 89 jours de cavale.

 

Jean Maurice Collet, 30 ans, a été retrouvé dans un bâtiment vide à Baie-Lascar, aux petites heures du lundi 25 novembre. Des policiers en patrouille, intrigués par des bruits venant de la bâtisse, ont cherché du renfort et donné l’assaut. Après une petite opposition, Jean Maurice Collet s’est finalement rendu. Et dans un supermarché abandonné non loin, la police a découvert des aliments, notamment un sac de pommes de terre et de l’huile, ainsi qu’une plaque à gaz et d’autres ustensiles nécessaires à la cuisson. Selon la police, Jean Maurice Collet volait pour se nourrir. Le bâtiment dans lequel il a été retrouvé se trouve à deux pas de la gare de Port-Mathurin, dans une zone très fréquentée.

 

Outre la famille de la victime, cette arrestation réjouit également toute la population rodriguaise qui vivait elle aussi dans la peur depuis que le compagnon de Tiannesela Perrine s’était enfui, le 20 août dernier, après avoir assené à cette dernière plusieurs coups de couteau à l’abdomen devant chez elle, en présence de deux de ses trois enfants – deux garçons de 1 an et 5 ans et une fille de 3 ans. La jeune femme avait quitté le père de ses enfants, il y a plusieurs mois, après que ce dernier avait été mis en prison à la suite de deux tentatives de suicide. Le couple battait de l’aile depuis un moment et Tiannesela en avait assez de ce concubin violent et dépressif qui lui menait la vie dure. Mais dès sa sortie de prison, une semaine plus tard précisément, Jean Maurice Collet a attendu en embuscade que son ex retourne chez elle après avoir récupéré un de ses enfants à l’école et l’a poignardée mortellement. Avant de prendre la fuite pour une cavale qui a duré trois mois !

 

Libération

 

Sur le visage de Marie-Louise Perrine, en ce matin du lundi 25 novembre, se lit la joie. Elle savoure ce moment, même si au fond de son cœur, l’immense chagrin occasionné par la perte de son enfant dans des circonstances aussi tragiques est intact. «Nou dan la zwa ek nou soulaze ki la polis inn resi trap sa dimounn kinn touy nou tifi la. Demin (NdlR : le mardi 26 novembre), mo pou resi al lames trwa mwa lamor mo tifi tousel. San ki la polis bizin eskort mwa. Depi le 20 out, la polis ti vinn ek nou partou pou nou sekirite. Aster mo pou kapav al lavil san eskort. Mo remercie lapolis ek tou dimounn isi ek dan Moris kinn soutenir nou dan nou eprev», déclare-t-elle, tout sourire.

 

Depuis trois mois la police montait la garde devant la maison des Perrine, à Citron-Donis. «Nou ti pe viv anferme. Aster mo la port ek la fenet pou res ouver», ajoute-t-elle, habitée par un sentiment de libération. C’est comme si, tout le temps qu’avait duré la cavale de Jean Maurice Collet, c’était sa famille qui était emprisonnée. Maintenant, les enfants de Tiannesela pourront eux aussi jouer et vivre en toute liberté, sans craindre que leur père ne vienne leur faire du mal. Après la mort atroce de leur maman, les trois petits ont été recueillis par leurs grands-parents maternels qui ont déjà trois autres enfants à leur charge, dont un bébé. Mais pour Jean-Claude et Marie-Louise Perrine, il n’y a rien de plus normal que d’avoir les enfants de leur fille avec eux. «Nous en prenons grand soin. Monn explik zot lamor zot maman ek monn dir zot ki zot papa pou al dan prizon. Mo trouv tifi la inn plis abat par sa nouvel-la. Selman ena Child Development Unit ki pe fer swivi. Mo espere avek letan so blesir ek blesir so bann frer pou sikatrize ek zot pou nepli tris», confie la grand-mère.

 

«Nou kontan…»

 

Lundi, jour de l’arrestation de Jean Maurice Collet, la famille Perrine a reçu la visite de plusieurs personnes venues partager ce moment de libération tant attendu avec elle. «Monn vinn soutenir enn mama pou ki li resi fer so dey. Zordi nou kontan inn gagn asasin la, me Tiannesela inn ale pou touzour. Jean Maurice Collet merit la penn kapital», lance Claudine, une visiteuse.

 

Les enseignantes de l’école maternelle où va l’aîné du couple éprouvent également un grand sentiment de soulagement. «Pa ti fasil ditou pou travay avek presans la polis pandan trwa mwa devan lekol. C’était pas évidemment psychologiquement, pour nous les profs et pour tous ces petits enfants qui viennent à l’école», confie Joceline. D’une manière générale, tous les Rodriguais se sentent libérés depuis l’arrestation de Jean Maurice Collet. Car ils vivaient dans la peur que ce dernier ne les agresse et ils avaient arrêté bon nombre d’activités pour ne pas prendre de risque. Marie-Ange, par exemple, ne pratiquait plus la marche au quotidien avec ses amies, mais maintenant, elle peut y aller sans crainte. «Aster mo kapav re al fer lamars avek mo bann kopinn», confie-t-elle avec le sourire. Rodrigues ne vit plus dans la psychose et peut enfin respirer. Tout comme les Perrine.

 

Le meurtrier présumé collabore avec les enquêteurs

 

Jean Maurice a été traduit à deux reprises devant la cour de Rodrigues, cette semaine, sous une accusation de meurtre. C’est un homme amaigri, frêle, qui a été aperçu au milieu des éléments de la CID qui l’ont emmené à la cour de Port-Mathurin. Casque sur la tête, en guise de mesure de sécurité, et sans menottes, mais bien encerclé par les policiers, il n’a montré aucun signe de rébellion. Après ses passages en cour, il a été reconduit au quartier général de la police rodriguaise. Après avoir refusé de collaborer avec les enquêteurs dans un premier temps, il a changé d’avis et répond à leurs questions. Il a avoué son crime mais assure ne s’être jamais rendu à cité Patate et aux autres endroits où les gens ont dit l’avoir vu durant ces trois mois. La seule fois où sa présence dans un endroit a été avérée durant sa cavale, c’est dans un restaurant de Port-Mathurin où il était entré par effraction un soir pour se restaurer. Il avait été filmé par les caméras des lieux. Depuis, la police avait resserré ses recherches autour de la localité sans négliger d’autres régions de l’île. L’enquête s’oriente aussi vers quelques personnes qui l’auraient supposément aidé dans sa cavale.

 

Une connaissance de Jean Maurice Collet s’exprime

 

Malgré le crime qu’il a commis, Jean Maurice Collet, alias Tibok, attire la sympathie de quelques personnes qui l’ont côtoyé. À l’instar de Tony, observateur et travailleur social qui le connaît bien et qui a mis un post sur sa page Facebook pour dire son sentiment le concernant. Jean Maurice Collet, écrit-il, est une victime étant lui-même issue d’une famille à problèmes. Son père, qui a fait de la prison, est un alcoolique qui frappait sa mère qui, de son côté, souffre de soucis psychiatriques. Comme sa famille était très modeste, le jeune Jean Maurice a dû mendier chez des voisins et faire des menus travaux à gauche et à droite pour manger à sa faim. Livré à lui-même, sans encadrement et soutien psychologique, Jean Maurice a fini, explique celui qui a été son ami, par devenir quelqu’un dérangé mentalement. Il avait des tendances suicidaires. «Mo konn li enn garson trankil. Li enn bon travayer. Trase pou sirviv. Mo kontan inn resi kaptir li akoz li plis en sekirite aster ki kan li ti an kaval.  Mo espere lapolis pa bat li ou maltret li», souligne Tony.

Joyce Jhabeemissur