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Par Yvonne Stephen
16 février 2015 17:51
Question pour un champion politique. Qui sera leader à la place du leader ? Voyant rouge. Coup de buzz. Réponse approximative ! La bonne réponse est : personne. Car si Navin Ramgoolam a annoncé prendre un «congé» loin des activités du PTr, délaissant ainsi, temporairement, le leadership du parti, il n’a pas adoubé un successeur. Il a simplement désigné un porte-parole : Arvin Boolell. Une décision prise lors du Bureau politique du Labour Party hier, samedi 14 février, au square Guy Rozemont, à Port-Louis.
Ceux qui s’attendaient à acclamer un nouveau chef de file devront patienter encore un peu. Si nouveau leader il y aura, il ne sera pas nommé maintenant, précise le nouvel homme fort des Rouges : «La Constitution du parti ne prévoit pas le poste de leader intérimaire.» Rendez-vous au congrès du PTr (aucune date n’a été arrêtée pour l’instant) pour être fixé sur ce point. Depuis l’arrestation de Navin Ramgoolam, son inculpation pour complot et blanchiment d’argent, son leadership était remis en question. Ce Bureau politique était donc attendu avec beaucoup d’impatience.
D’ailleurs, quelques Rouges étaient au quartier général du Labour, ce samedi, afin de ne rien rater de l’évolution de la situation. Et ils ont patienté pendant plus de trois heures ! Les petits groupes se formaient et se déformaient. La petite foule perdait quelques membres et en gagnaient d’autres. Mais les sujets de conversation tournaient autour des mêmes sujets : Navin Ramgoolam, les millions découverts chez lui, l’arrestation de l’ancien gouverneur de la banque de Maurice, Rundheersing Bheenick et, bien sûr, le leadership du parti.
«Compromis satisfaisant»
La formule de direction collégiale ne plaît pas forcément. L’option Arvin Boolell fonctionne visiblement mieux. À aucun moment, il n’est question de porte-parole. Donc, quand finalement Navin Ramgoolam se décide à rompre le silence lors d’un point de presse express, et que l’info est relayée aux partisans, la surprise n’est pas feinte : «C’était l’occasion de faire bouger les choses avec un autre leader. Je crois qu’on est passé à côté», confie un membre de l’aile jeune. Sceptiques ? Ils ne le sont pas tous : «Porte-parole, leader, c’est la même chose. C’est bon que Navin ne parte pas définitivement. C’est un compromis satisfaisant», confie un autre Rouge.
Pour Arvin Boolell, ce changement est le résultat d’une «décision consensuelle» après des «discussions très franches». Il s’est exprimé après Navin Ramgoolam qui a, lui, tenu à préciser que les membres du bureau politique avaient pu s’exprimer «en toute franchise». L’ancien Premier ministre est également revenu sur sa «bataille légale» (voir hors-texte : «Je vais défendre mon honneur»). Après cette brève allocution, il a quitté la salle pour discuter avec les membres de son bureau politique. Pour le reste du point de presse, Arvin Boolell s’est entouré de Patrick Assirvaden et de Shakeel Mohamed (les deux autres personnes citées lorsqu’un leadership collégial était envisagé).
Le nouveau porte-parole du Labour Party a salué la décision de Navin Ramgoolam d’opérer un «retrait temporaire». Il a déclaré que le PTr sortirait de ces moments difficiles «beaucoup plus uni, beaucoup plus fort.» Sa gestion du parti sera «collégiale», a-t-il avancé : «Nous prendrons des décisions au sein du Bureau politique. Mais s’il faut trancher, je trancherai.» Chaque dossier aura son porte-parole : «Nos instances vont travailler à plein régime.» Les prochaines semaines et mois seront décisifs : «L’essentiel est de remettre le parti sur les rails. Nous avons beaucoup de travail. Nous allons prendre des actions affirmatives afin d’améliorer la représentativité des femmes et des jeunes au sein du Bureau politique.»
Arvin Boolell a établi le programme du parti sans son leader (en apparence, du moins) : des séances de travail avec les groupes parlementaire et extraparlementaire, des réunions d’explication sur le terrain, la dénonciation des abus du nouveau gouvernement, la consolidation des valeurs du PTr, les célébrations autour du 100e anniversaire de la naissance de Guy Rozemont et du 70e anniversaire du Labour Party. Et surtout : «La consolidation de l’unité au sein du parti et au niveau national.» C’est vrai que depuis la débâcle des dernières législatives, la symphonie rouge connaît des notes discordantes : «Nous avons le dos au mur et nous allons rebondir. Nous savons que les gens qui nous ont quittés reviendront grâce à la force de notre travail sur le terrain. Ils sont partis temporairement.»
Temporairement ? Un peu comme Navin Ramgoolam. Lui qui est le champion politique du moment. Alors qu’il était question de démission, lui prend un «congé»…
L’ex-Premier ministre : «Je vais défendre mon honneur»
Il ne veut pas trop en dire. Mais il souhaite quand même s’exprimer. Navin Ramgoolam est revenu sur sa «bataille légale» : «J’ai ma ligne de défense. Je vais me consacrer à cette bataille. J’ai l’intention de rigoureusement défendre mon honneur (…) Je suis un battant. » Selon lui, il y a beaucoup de «faussetés» qui circulent à son sujet : «Je n’ai jamais pris de commission. Je n’ai jamais fait de transfert de fonds à l’étranger. On parle de chèques et de milliards : c’est faux !» Il sait, dit-il, que l’on souhaite «fini ou diminué PTr». «Mais il y aura beaucoup de surprises !» assure-t-il.
Arvind Boolell : «Navin Ramgoolam reste un mentor»
Son souhait de départ était légèrement différent. Arvin Boolell n’avait pas caché son désir d’être le leader du PTr. Aujourd’hui, il en est le porte-parole : «C’est avec beaucoup d’humilité que j’ai accepté cette responsabilité. Navin Ramgoolam reste un mentor. Je souhaite travailler dans la sérénité et avec un esprit collégial. Il n’y a pas de culte de la personnalité.»
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