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L’enquête sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen relancée - Sa veuve Simla : «Mo krwar ki aster-la nou pou konn la verite»

14 juin 2022

Simla Kistnen prie tous les jours pour que justice soit faite.

La vérité est souvent éclipsée mais jamais éteinte. Un fameux proverbe algérien qui sied parfaitement à l’état d’esprit actuel de Simla, la veuve de Soopramanien Kistnen. L’habitante de Montagne-Ory est persuadée que la lumière va bientôt se faire sur l’assassinat de son époux. Le corps calciné de cet ancien activiste du MSM avait été retrouvé dans un champ de cannes à Telfair, Moka, le 18 octobre 2020, alors qu’il était porté disparu depuis deux jours. L’enquête judiciaire instituée par le Directeur des poursuites publiques pour établir les circonstances de ce drame a déjà conclu à un acte malveillant. Jusqu’ici, la Major Crime Investigation Team (MCIT), menée par l’ASP Seebaruth, n’a procédé à aucune arrestation, bien que plusieurs suspects potentiels soient déjà dans le collimateur de cette unité.

 

L’enquête a toutefois connu un véritable rebondissement au début de cette semaine, lorsque l’activiste social Bruneau Laurette a posté une vidéo sur les réseaux sociaux, où un vigile au visage masqué balance les noms de deux suspects qui auraient participé à l’assassinat de Soopramanien Kistnen. Selon lui, il s’agirait de Senna Budlorun et Vishal Shibchurn. Bruneau Laurette a, quant à lui, dans une déclaration faite après son passage aux Casernes centrales durant la semaine écoulée pour être entendu sur cette affaire, déclaré qu’il y avait un lien entre l’assassinat de Soopramanien Kistnen et celui de Manand Fakhoo. Le vigile, un habitant de l’Ouest, a lui aussi été interrogé par les enquêteurs de la MCIT durant la semaine écoulée. Il leur a déclaré que c’est une autre personne qui lui avait raconté cette histoire par messagerie privée sur les réseaux sociaux. Aux Casernes centrales, une source proche de l’enquête affirme que la déposition de ce vigile n’a rien révélé de sérieux, qualifiant sa version de «fit dan badia». Cependant, comme le veut la procédure après que des plaintes officielles ont été consignées, la MCIT a déjà commencé l’interrogatoire de Vishal Shibchurn. Celui de Senna Budlorun est prévu dans les jours à venir.

 

Quoi qu’il en soit, ces nouveaux éléments ravivent l’espoir de Simla Kistnen que justice sera bientôt faite après la mort atroce de son mari. «Mo krwar ki aster-la nou pou konn la verite», affirme cette habitante de Montagne-Ory, ajoutant avec ferveur : «Mo pou kontign fer mo bann la priyer ziska ki bann asasin-la vinn dir zot mem inn fer sa.» La veuve de Soopramanien Kistnen dit placer sa confiance dans la police : «Mo les letan fer so travay. Mo les ousi la polis fer seki bizin fer. Sekinn fer sa pou bizin peye.» Bruneau Laurette abonde dans le même sens : «La balle est dans le camp de la MCIT pour trouver le commanditaire et l’exécuteur de ce crime.» Après avoir déposé au tribunal de Moka dans le cadre de l’enquête judiciaire, l’activiste social précise qu’il ne peut pas rester les bras croisés. «J’avais les fameux Kistnen Papers en ma possession, qui prouvent qu’il y a eu beaucoup de magouilles sur plusieurs allocations de contrats. Il ne faut pas écarter la possibilité qu’on a pu assassiner Kistnen à cause de cela.»

 

Bruneau Laurette invite les limiers de la MCIT à interroger tous ceux dont les noms figurent dans le diary du défunt. «L’un d’eux pourrait être le potentiel commanditaire. La polis bizin kapav fer matching pou kone ki lien ena ant sa bann dimounn-la ek Kistnen. Mo rapel ou ki ena nom PM, Devi-Dookun, Yogida ek enn denome Vassoo ladan. La verite bizin sorti. Mo ti pou konplis sa krim-la si mo ti res trankil. MCIT bizin kontign so lanket, mem si sa misie ki dan video-la pann dir zot gran kitsoz. Mo pann fer alegasion kont personn. Monn zis report seki enn dimounn inn dir sa misie ki dan video-la», souligne l’activiste social.

 

Budlorun et Shibchurn contre-attaquent

 

Senna Budlorun et Vishal Shibchurn, eux, n’ont pas attendu pour répliquer. Les deux hommes dont les noms sont cités dans la vidéo publiée par Bruneau Laurette ont déjà porté plainte contre lui au Central Criminal Investigation Department, l’accusant de diffamation. Dans sa déposition, Senna Budlorun, qui est parenté à un ministre et a retenu les services des Mes Samad Golamaully et Ashley Hurhangee, explique qu’il n’a rien à voir avec cet assassinat. «Mo pena nanye pou fer ek sa lamor-la», dit-il, précisant que sa réputation a pris un sacré coup depuis la diffusion de la vidéo l’incriminant. Il invite la police à prendre des actions contre Bruneau Laurette pour diffamation. Il a également fait comprendre aux enquêteurs qu’il est disposé à les aider à élucider l’assassinat de Kistnen. La MCIT prévoit d’ailleurs de l’interroger formellement cette semaine. Les enquêteurs lui ont déjà demandé de fournir son/ses alibi/s pour les dates allant du 16 au 18 octobre 2020. La police veut tous les détails liés à ses déplacements ce week-end fatidique marquant la disparition de Kistnen et la découverte macabre.

 

Vishal Shibchurn est, lui, déjà passé par la case interrogatoire le 10 juin. Il nie avoir kidnappé et assassiné Kistnen. L’IT Unit de la police a déjà analysé son portable. Une source policière indique que «pa finn trouv nanye ziska ler kont li». Le pompier est actuellement suspendu de ses fonctions après plusieurs arrestations pour des délits divers. Il est toutefois catégorique : «Mo dispoze donn mo ADN pou prouv mo inosans !» Il poursuit avec virulence : «Mwa ousi mo kapav fer enn ta alegasion kont Bruneau Laurette. Li pa kredib ditou. Tousala hearsay evidence sa. Zame monn zwenn Kistnen. Mo pa ti konn li ditou. Sirma linn rod lager ek enn bann dimounn ki pa bizin !»

 

Les déclarations de Bruneau Laurette cette semaine ont également irrité les proches de Manand Fakhoo, surtout lorsqu’il a fait le lien entre la mort de ce dernier et celle de Kistnen. Nitisha, la fille de Manand Fakhoo, a déjà entamé des démarches pour contrer les allégations de l’activiste social. «Zour lamem monn al met enn case kont li pou difamasion. Mo pe ousi servi li enn mise en demeure sa lindi-la. Tro fasil akiz mo papa, li pa la pou defann li. Linn desede. Li merit respe. Nou fami ankor dan dey. Sa zafer-la koz nou boukou prezidis. Nou les li reponn la kour. Nou les ousi la polis fer so lanket», souligne Nitisha Fakhoo.

 

Une source très proche de l’enquête avance, par ailleurs, qu’il est possible que Kistnen ait été assassiné parce qu’il devait un total de Rs 3,5 millions à une ou plusieurs personnes. Selon notre source toujours, un «debt collector» aurait été recruté pour «desann li». Le nom de Manand Fakhoo a surgi comme celui qui aurait kidnappé Kistnen. Une semaine avant la fusillade mortelle qui lui a coûté la vie, Manand Fakhoo aurait fait comprendre à son entourage qu’il était en danger «akoz enn travay», sans donner plus de détails. Dans la soirée du 21 janvier 2021, il a pris deux balles tirées à bout portant. Saignant abondamment, il s’était rendu à Candos, où il avait été opéré d’urgence. Il est mort à l’unité des soins intensifs 24 heures plus tard. Suite à cela, la police a arrêté 12 suspects. Ces derniers nient tous être mêlés à cette affaire. Sa famille, quant à elle, récuse fermement les allégations portées contre lui dans l’affaire Kistnen. Les enquêtes policières se poursuivent pour essayer de démêler l’écheveau de ces affaires qui n’ont pas encore livré tous leurs sombres secrets.

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