Maiden Cup | White River : the sky is the limit

White River. D’où vient ce «monstre» ? Lorsque Subiraj Gujadhur informe son entourage de ses intentions de faire venir White River à Maurice fin 2018, personne ne se doutait du privilège que ce cheval allait offrir à la génération actuelle. Même pas ses propriétaires, Chandra Gujadhur et France Law, même si au fond d’eux, ils savaient, lorsqu’ils conclurent le «deal» avec les propriétaires sud-africains du cheval, qu’ils avaient sous la main un diamant.

Pour Yashin Emamdee, qui eut le privilège de le monter à l’entraînement lors de ses premières sorties sur la petite piste du Champ de Mars, White River est unique en son genre. «Dès que je me suis mis en selle, je sentais que c’était un cheval spécial. Au départ, il se montrait difficile. Parfois il refusait d’avancer, mais je ne cessais de lui parler pour l’encourager. Et White River a fini par me comprendre. Oui, c’est un super cheval. »

La Duchesse, le Barbé, le Maiden et la Coupe d’Or. Il a tout remporté lors de sa première année de compétition. Sa plus belle victoire ? Paradoxalement, ce fut peut-être celle obtenue difficilement dans le Barbé. Pour plusieurs raisons : d’abord, sa participation était compromise en raison d’une boiterie alors que l’échéance approchait. De ce fait, il devait rater quelques galops préparatoires. Puis, il y avait les circonstances de course. White River, visiblement pas au summum de sa forme, avait une montagne à grimper à l’entrée de la ligne droite. Car il lui fallait aller chercher Cool At Heart et Black Cat Back alors qu’il abordait le dernier tournant avec au moins trois longueurs de retard. Par la suite, il y a eu le Maiden et la Coupe d’Or, courses dans lesquelles, il a, à chaque fois, écrasé l’opposition.

Ce qui fait alors de lui le deuxième cheval dans l’histoire des courses à Maurice, après la jument Winking en 1934, à réaliser le Grand-Chelem ! Cette année, il a amélioré ce record dans le Barbé et valeur du jour, aucun cheval, en 208 ans de courses de chevaux à Maurice, n’a remporté cinq classiques d’affilée. Imaginons alors l’exploit qui lui tend, encore, la main cet après-midi, dans le Maiden. Cela fera…six classiques en l’espace de 19 mois !

White River, battu à son retour à la compétition cette année, a vite remis les pendules à l’heure en remportant et le Barbé et le Golden Trophy. Trois courses qui le conduisent cet après-midi au départ du Maiden dans une forme impeccable comme en témoigne son galop de mercredi.

Si les deux chevaux de l’écurie Gujadhur, Perplexing et Made To Conquer ne pourront que se fier à la glorieuse incertitude du turf pour espérer causer un des plus gros chocs au Champ de Mars, surtout dans une course comme le Maiden, en revanche dans le camp de l’écurie Maingard, l’espoir est permis avec la participation d’Alshibaa. Celui-la même qui est à l’origine de la lourde suspension de Yashin Emamdee après sa deuxième place derrière ce même White River dans le Golden Trophy. White River lui rendait ce jour-là 5.5kg. On imagine la tâche qui attend Alshibaa cet après-midi à poids égal.

En pareille circonstance dans le Maiden 2019, White River avait relégué Alshibaa à 2.60 longueurs…

Notre sélection : White River - Alshibaa

Autour du Maiden

Comme l’indique son nom, le Maiden, à son introduction, était réservée aux chevaux n’ayant jamais gagné à Maurice. Les archives du MTC indiquent qu’en 1843, le vainqueur du Maiden s’appelait Creeper 1er.

Le Maiden est devenu, au fil des ans, l’épreuve la plus importante du calendrier. Disputé sur deux tours pendant de longues années, le Maiden a été ramené sur 2400m en 1983. Sauf entre 2008 et 2011, au cours desquelles il était disputé sur 2300m.

C’est la jument réunionnaise Tahara Maid qui réalisa le premier doublé dans le Maiden en 1905 et 1906.

78 ans après, Noble Salute faillit réaliser pareil exploit. Après avoir survolé l’édition de 1983, le fils de Noble Chieftain semblait avoir fait le plus difficile dans le Maiden une année plus tard lorsqu’il se présenta dans la ligne droite finale avec au moins trois longueurs d’avance. Sauf que Nippy Regen devait passer par là pour le coiffer.

Ce même Noble Salute, qui rata l’édition de 1985 en raison d’une blessure, devait revenir à la charge en 1986. Il faisait figure de vainqueur à mi-ligne droite avant de se faire battre par Lucinius, entraîné par Philippe Henry.

L’exploit de Tahara Maid devait être enfin réédité en 1989 lorsque Lines of Power, vainqueur un an plus tôt avec le Français Claude Merger, récidiva avec le Sud-Africain Paul Whitmore.

Have Mercy, entraîné par Bud Gujadhur, remporta lui aussi deux fois le Maiden, mais contrairement à Tahara Maid et Lines Of Power, ce ne fut pas un doublé consécutif car il brilla en 2003 et 2005.

Finalement, le dernier cheval à remporter le Maiden « back to back » n’est autre que le pensionnaire de l’écurie Gujadhur, en l’occurrence Enaad en 2017 et 2018.

Cet après-midi, White River vise l’exploit du trio Tahara Maid-Lines Of Power-Enaad…