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Marday Armoogum : un ex-prisonnier qui chante l’espoir

1 novembre 2022

Une vie derrière les barreaux. Marday Armoogum, qui se fait aussi appeler Bam, a passé de longues années en prison, jusqu’à oublier à quoi la vie ressemble en dehors de ces murs. À 55 ans, il est l’archétype même de l'homme au parcours brisé par la drogue, avec la destruction que celle-ci engendre au sein de sa propre vie et aussi celle de sa famille. Mais Bam est aussi l’exemple qu’on peut trouver le courage et la force de se relever pour essayer, avec volonté et persévérance, de changer et d’avoir une vie meilleure. C’est le message d’espoir qu’il chante dans son album Separation fami qu’il a sorti il n’y a pas longtemps et qui comprend huit morceaux.

 

Cet album, c’était son plus grand désir et sa plus grande motivation. Après d’incessants va-et-vient en prison, il a tout fait, confie-t-il, pour changer de vie et réaliser son rêve. «Je fais de la prison depuis que je suis jeune. La première fois que j’ai été incarcéré, j’avais 18 ans. Je venais de commencer à me droguer. À cette époque, c’était la drogue dure qui faisait des ravages. J’ai tenté et je me suis retrouvé prisonnier. Je n’arrêtais pas d’aller et de venir en prison.» Lors de sa dernière condamnation, il y a eu un déclic. La mort de ses parents alors qu’il est en prison, l’éloignement de sa famille et la découverte de la foi derrière les barreaux le poussent à se remettre en question de manière profonde. «J’ai vécu des hauts et des bas. Certains moments ont été vraiment difficiles, comme le fait de ne pas pouvoir assister aux funérailles de mes parents. Je me suis alors lavé le cerveau de toutes ces négativités pour me concentrer sur mon album qui était mon plus grand rêve.»

 

La musique, dit-il, a toujours été l’une de ses plus grandes passions, même si sa dépendance à la drogue l’en a longtemps éloigné. Durant cette remise en question, Bam décide donc de se concentrer sur l’écriture de ses textes. «J’ai tout écrit en prison. Je me suis inspiré de mon vécu mais aussi de ce que je voyais là-bas. Mes amis m’ont beaucoup encouragé. En prison, je chantais souvent lors des concerts. Tout cela m’a motivé.» S’il a écrit cet album, c’est aussi pour passer des messages importants à la jeunesse mauricienne. Les prisons, dit-il, sont de plus en plus bondées avec des jeunes qui ont perdu tout repère. «Il y a énormément de jeunes en prison et ils arrivent à peine sortis du collège. La majorité en est arrivée là à cause des drogues synthétiques. C’est un fléau terrible qui rase tout sur son passage et ça se voit aussi physiquement. Pourtant, beaucoup ont fait de grandes classes et ont étudié, mais la drogue a tout détruit.»

 

«Force divine»

 

C’est ce qui l’a interpellé et inspiré dans l’écriture de plusieurs de ses chansons. «J’ai envie de partager mon vécu, mon expérience, pour les aider à ne pas faire le mauvais choix. J’ai envie de leur dire de ne pas perdre leur jeunesse à cause de la drogue et de ne pas finir leur vie en prison. Ils ne doivent pas se laisser paralyser par la drogue. Comme moi, ils peuvent trouver la force divine pour combattre ce fléau.» Depuis sa dernière libération en 2019, Marday Armoogum a tout fait pour changer de vie. La musique et son objectif de sortir son album lui ont permis de rester loin de ses vieux démons. Malgré les difficultés rencontrées sur ce parcours, il a tout fait pour réaliser son rêve. «Sortir cet album n’a pas été facile. Il y a eu beaucoup de difficultés, notamment à cause du manque d’argent, mais j’ai persévéré. J’ai travaillé ici et là, et économisé tout ce que je pouvais. Je suis fier et heureux d’avoir pu sortir Separation fami car ça me tenait vraiment à cœur.»

 

Aujourd’hui, à l’aube de ses 56 ans, il est décidé à ne pas remettre les pieds en prison. «Je fais des petits jobs pour pouvoir gagner ma vie. Je peins des maisons, je nettoie des cours. Je fais ce que je peux pour gagner ma vie. Avec cet album, j’espère aussi pouvoir me produire sur scène et en faire mon métier.» Ce qu’il souhaite aussi, c’est d’avoir la possibilité de se rendre dans des collèges ou des centres pour aller à la rencontre de la nouvelle génération et partager avec les jeunes son expérience pour les inspirer et les aider à choisir la bonne voie.

 

C’est une mission qu’il espère pouvoir réussir.  

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