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MMM-MSM, pour un flirt…

Pravind Jugnauth et Paul Bérenger pourront-ils aplanir leurs différences ?

Des rumeurs de rapprochement se font insistantes. Et, sur le terrain, les contacts ont bien lieu. Même si le MMM veut toujours «aller seul» aux législatives et que le MSM affirme ne pas avoir besoin d’une alliance.

Ce que le cœur ignore ne lui fait pas de mal. Surtout quand le battement n’est pas forcément au point. Dans la danse des alliances, chez les Mauves, l’habituel meneur des rencontres amoureuses ne danserait pas sur le même tempo que certains de ses (petits) copains de parti : c’est ce qui se murmure. Si Paul Bérenger ne ferait plus les yeux doux à Pravind Jugnauth (pour l’instant), il ne pourrait pas contrôler certains contacts qui feraient, en toute discrétion, des manœuvres de rapprochement préélectoral. Si les proches du leader du MMM affirment que le parti ira seul aux élections, les rumeurs se font de plus en plus insistantes à propos d’un remake du Remake mais aux conditions du MSM. «Nous n’avons pas besoin d’alliance, alors si nous en contractons une, ce sera selon nos termes. Avec le MMM ou un autre partenaire», confie un proche du clan Jugnauth. Cette intransigeance expliquerait le refroidissement des relations…

 

… Et la décision de Paul Bérenger d’organiser, finalement, un meeting du 1er-Mai. Il l’a annoncé, le vendredi 5 avril, en conférence de presse. Pourtant, quelques jours plus tôt, le chef de file des Mauves avançait que, pour des difficultés financières, le MMM ne pourrait pas organiser cette fameuse rencontre des militants. Mais des voix se sont élevées contre cette décision au comité central : «Nous ne sommes pas loin des élections, ça fait des années que Paul Bérenger affirme que notre parti se battra seul aux législatives et nous ne faisons pas de meeting ? Je n’ai pas compris», confie un membre de cette instance du MMM. La fête du Travail, c’est le moment de dire sa force, de se galvaniser, de mobiliser : «Nous ne devons pas passer à côté de ça.» Concernant la participation de son parti à la partielle annoncée par le gouvernement dans la circonscription n°7  (Piton/Rivière-du-Rempart), suite à la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo, il constate : «C’est une perte de temps. Les législatives ne sont pas loin.»

 

Mais si certains observateurs estiment que c’est l’échec de la partielle du n° 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes), qui a vu la victoire d’Arvin Boolell, qui aurait refroidi le leader du MMM. D’autres pensent que la tiédeur de Paul Bérenger à participer à cette joute électorale laisse entrevoir une possibilité d’un redoux avec le MSM. Ce serait bien le cas selon un membre du parti… Mais pas à l’échelle des leaders : «Il y a des contacts entre le MMM et le MSM mais cela se passe sur le terrain. Paul Bérenger n’est pas au courant. S’il l’était, je ne sais pas s’il approuverait. Mais c’est vrai que certains d’entre nous établissent des contacts. Les discussions se passent bien. Nous sommes réalistes, nous ne pouvons pas affronter des élections en solitaire.» Pour ne pas rester dans karo kann, pour donner un coup de boost au parti, le pouvoir est un graal qu’il faut atteindre par tous les moyens : «Les gens vont réaliser qu’avec nous au gouvernement, la droiture et l’équité sont assurées. Mais nous avons besoin d’un autre parti. Paul Bérenger le sait mais l’arrogance de Pravind Jugnauth ne fait pas bon ménage avec son ego à lui.»

 

Le projet, pas si bien ficelé – qui peut connaître la réaction des leaders ? –, sera présenté à Paul Bérenger quand les premiers contours d’une possible alliance seront dessinés : une idée sur le partage des tickets, des responsabilités, des circonscriptions, des ministères. Mais aussi les positions sur les dossiers chauds : la refonte de l’ICAC, la question de réforme électorale, entre autres. Le but serait d’aplanir tous les obstacles possibles, et imaginables, à l’entente des anciens alliés afin de s’assurer d’un projet d’alliance sans anicroche et pour ne pas revivre les épisodes on et off de la coalition PTr-MMM de 2014. «MMM se enn mari parti. Me li bizin enn sans pou revinn for. Enn koudpous. Mo panse ki enn alians avek MSM kapav donn li sa sans-la», affirme un membre de la circonscription Grand-Baie/Poudre d’Or, où les discussions vont déjà bon train. Il estime que c’est aux militants de faire revivre le parti, pas seulement à Paul Bérenger : «Pradeep Jeeha, Steven Obeegadoo, Françoise Labelle : bann terib inn ale. Me nou, nou ankor la et nou pou travay pou nou parti.»

 

Et même si cela va à l’encontre de ce que souhaite le leader. «Il saura que c’est la meilleure des solutions quand le moment viendra», confie un membre du CC. Néanmoins, tous au sein du MMM ne sont pas sur la même longueur d’onde : «C’est un jeu dangereux. Je ne comprends pas la stratégie de ces émissaires qui n’ont pas reçu de mission. Ils se sont autoproclamés messagers et ça risque de faire du tort au parti», explique un proche de Paul Bérenger qui affirme que le leader est bien au courant de ce qui se passe.

 

«Pas d’enjeux»

 

«Mais pour l’instant, il laisse faire. Il n’y a pas vraiment d’enjeux», ajoute-t-il. Et dans les jeux des stratégies politiques et électoralistes, faire grimper la pression «imaginaire» est une arme qui ne se refuse pas, surtout quand on peut se dédouaner : «Le MSM est en vue ! Alors plus les rumeurs sont insistantes, plus les autres partenaires possibles se tiendront à distance. Moi, je reste persuadé que le MMM sait déjà ce qu’il va faire. Je pense que c’est la bonne décision et nous allons remporter ces législatives.» Creuser le fossé entre Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth n’est pas négligeable, même si, officiellement, les deux leaders ne semblent pas être sur la même planète.

 

Mais, en coulisses, et en politique, tout est possible, ajoute notre interlocuteur.  Alors, il ne faut rien laisser au hasard. Ne pas tout donner, se faire désirer. Souffler le chaud et le froid pour faire naître le désir. Ne pas s’offrir tout entier… Et, à ce jeu-là, Paul Bérenger est «un excellent maître» : «C’est pour cela que ceux qui sont en train de manigancer devraient s’arrêter là. Il faut laisser au leader la possibilité de gérer la situation. Ce n’est pas nécessaire d’avoir des parasites.» Car, sur la ligne de communication des politiciens, un rien peut provoquer un effet larsen. Surtout quand il s’agit du temps d’un flirt.