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Non-obtention du WAP : l’opposition avec Richard Duval

18 avril 2021

Mahendra Gungapersad, Stéphanie Anquetil et Aadil Ameer Meea déplorent l’absence du laisser-circuler.

De quoi mettre tout le monde d’accord. Enfin, tous les députés de l’opposition. Pour cela, il fallait une petite bataille légale afin de réchauffer l’atmosphère. Et c’est Richard Duval qui s’est lancé cette semaine. L’élu de Mahébourg-Plaine-Magnien (circonscription nº12) estime que les droits constitutionnels des députés ne sont pas respectés car ils n’ont pas obtenu de WAP afin de se déplacer dans leur circonscription. Les élus ne peuvent circuler que le jour et lendemain matin de la séance parlementaire. Seul le leader de l’opposition a un WAP.

 

Pourtant, estime-t-il, 530 000 détenteurs de ce sésame peuvent circuler à travers l’île. Parmi, les conseillers municipaux, les ministres, les secrétaires parlementaires privés (PPS), entre autres, ont ce fameux laisser-circuler. Mais pas les députés (de l’opposition et de la majorité – mais entre ceux qui sont ministres et PPS, il ne reste pas grand monde). D’ailleurs, au niveau des élus du gouvernement, on assure respecter les décisions des autorités pour le bien et la sécurité des Mauriciens.

 

Richard Duval, lui, a décidé de poursuivre Pravind Jugnauth et le commissaire de police, Khemraj Servansing. L’affaire sera entendue en Cour suprême le lundi 19 avril. Il y a quelques jours, le leader des Bleus et de l’opposition, Xavier-Luc Duval, réclamait des WAP pour les députés de l’opposition en conférence de presse et à travers une correspondance au Premier ministre. Mais sans succès. Lors d’un point de presse, en début de semaine, Paul Bérenger devait dire que cette situation plaçait «la démocratie en quarantaine».

 

Mahen Gungapersad, élu rouge, est bien d’accord. Il y a quelque chose qui cloche : «Est-ce qu’il y a quelque chose de malveillant dans le souhait d’interdire aux membres de l’opposition d’accomplir leur tâche ? La question se pose. En tout cas, c’est antidémocratique de limiter les déplacements d’un élu du peuple. Je soutiens pleinement Richard Duval. Quand on sent que nos libertés sont minimisées, la seule voie, c’est le judiciaire.»

 

Pour lui, l’absence de ce laisser-circuler complique le quotidien. Surtout qu’un député a beaucoup de responsabilités, explique-t-il. Il se doit d’être là pour ses mandants, de faire de la documentation sur le terrain en cas de problème... L’année dernière, en confinement, il n’y avait pas eu de WAP mais les députés pouvaient circuler : «Il n’y avait pas les restrictions de cette année.» Alors, il se sent lésé : «On ne peut pas correctement remplir nos obligations. Je trouve aberrant de ne pas donner de WAP à une trentaine de députés, alors que plus de 500 000 ont été délivrés.» Adil Ameer Meea, député du MMM, est bien de cet avis : «Ce ne sont pas 30 personnes qui vont mettre en danger la vie des Mauriciens, qui vont fann maladi-la…»

 

Il rappelle qu’il y a des députés qui n’habitent pas leur circonscription et se voit, donc, dans l’incapacité d’aider leurs mandants. Et il tient à préciser que les députés qui ont leur WAP l’ont obtenu à travers leur emploi (avocat, chef d’entreprise…) mais pas en tant qu’élus. Lui se débrouille comme il peut, garde le contact à travers le téléphone mais fait face à des situations où le déplacement est essentiel : «Quand il y a des gens qui n’ont pas à manger et à boire, on ne peut rester insensible.» Stéphanie Anquetil du PTr pe manz ar li aussi.

 

Elle avoue travailler plus que d’habitude parce qu’elle ne peut pas bouger. «Il faut faire le suivi, trouver des moyens d’aider mais on finit toujours par y arriver, heureusement», déclare celle qui habite en zone rouge. Mais elle est bien d’accord : «Ne pas avoir le WAP est un gros handicap.»

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