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Par Yvonne Stephen
24 avril 2023 21:01
À leurs actes manqués. Indigestion de koz-koze ? Les bajas mal frits de l’opposition parlementaire ont provoqué enn ti vant deranze, cette semaine. L’alliance en gestation (PTr-PMSD-MMM) ne sera pas sur la même plateforme pour un meeting du 1er mai : une annonce qui a créé une petite onde de choc pour ceux et celles qui croient en cette alliance to be et/ou qui souhaitent jauger son potentiel. Une «occasion manquée». C’est Paul Bérenger, leader des Mauves, qui l’a avoué lors d’un point de presse de son parti, le vendredi 21 avril. Et les formations politiques concernées ont avancé leurs raisons. Paul Bérenger a évoqué des «bâtons dans les roues de la part du MSM», avec les municipalités qui n’ont que récemment donné leur aval pour la tenue de meetings. Mais aussi que c’était «enn ti parti nou fot».
Navin Ramgoolam a fait part de son désir irrépressible de se concentrer sur la question de fraude électorale avec un document à remettre à la Commission au plus vite. La fête des travailleurs pour les travailleurs, a entonné Rajesh Bhagwan… Des arguments qui peinent à convaincre. Surtout que le MSM a donné rendez-vous à ses partisans, à Vacoas, le 1er mai. Pour beaucoup, cette absence de cohésion est représentative de ce qui se passe autour – et au sein – de cette alliance qui n’arrive pas à se concrétiser. Alors que tous les ingrédients sont là pour qu’elle galvanise, qu’elle rassemble, avec en face un gouvernement qui ne surfe pas sur une super vague de popularité. En fin de semaine, Navin Ramgoolam a rencontré, tour à tour, Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger. «Ti ena enn ti moman delika», expliquera le leader du MMM, sans vouloir en dire plus, laissant ainsi la place aux spéculations.
Et elles sont nombreuses les rumeurs qui tendent à expliquer le pourquoi du retard de ce mariage qui pointille, depuis un moment déjà, l’actualité politique de «on» et de (presque) «off», comme un effluve nostalgique des élections de 2014. Les principales parlent de désaccord sur les postes et la présence des uns et des autres sur le front bench. Une, persistante, rendrait le PMSD «coupable» de ce retard dans les épousailles. Les Bleus ne se contenteraient pas, uniquement, de Xavier-Luc Duval à la présidence. Ils en voudraient plus… face à un MMM qui ne serait pas de cet avis. Les Bleus et les Mauves auraient du mal à mélanger leurs couleurs.
À tel point que le cas Alexandre Duval serait devenu un problème pour le MMM. C’est, du moins, ce que nous explique un membre du PMSD : «Avec l’affaire en cour suite à l’accident dans lequel il est impliqué, il ne serait pas un bon candidat car il peut être condamné… Avec le track record de certains leaders, c’est vraiment bas et ridicule d’avancer cet argument.» Néanmoins, concernant les rumeurs de rapprochement avec le MSM, notre interlocuteur est catégorique : «C’est impensable. Nous croyons en cette alliance. Mais nous sommes un parti qui a une histoire, qui a une force, il faudrait nous respecter en tant que tel.» Au MMM, on dément les rumeurs de froid avec le PMSD. Des discussions entre trois leaders, ça ne peut pas trouver de compromis du jour au lendemain, assure un Mauve : «Il faut du temps et de la bonne volonté de la part de tout un chacun.»
Des compromis, également. Mais pas à n’importe quel prix. Si Paul Bérenger avait assuré que c’est le PTr, donc Navin Ramgoolam, qui s’occuperait du lead de cette alliance, il n’est, semble-t-il, pas prêt à tout accepter pour autant. Chaque parti essaie de placer ses pions, d’obtenir le maximum. Lors de son point de presse, le leader des Mauves a fait la précision suivante concernant des rumeurs, laissant croire que c’est lui qui irait au Réduit : «Pa pran kont seki pe dir dan la pres. Li fos. En temps et lieu, j’informerai les militants et les militantes.» Paul Bérenger avance qu’une rencontre à trois est prévue très prochainement et que les discussions vont vite reprendre. Arvin Boolell dira, lui, en conférence de presse le vendredi 21 avril : «Bann koze inn ariv bien lwin.»
Le leader du PTr, lui, se faufile derrière le document à déposer à la Commission électorale : la priorité des priorités, avance-t-il. Sur les réseaux et ailleurs, Mauriciens/nes et observateurs/rices parlent de guerre des egos. D’un système qui ne se renouvelle pas. D’une pensée qui reste la même : celle des intérêts à protéger. D’une alternative qui ne prend pas forme… même pas un peu.
Chez les Rouges, on observe et on attend. Nombreux sont persuadés que c’est Navin Ramgoolam qui aura le dernier mot sur la concrétisation d’une alliance ou pas. Il aurait, face à lui, de nombreuses options : se présenter seul, s’allier avec les partis émergents ou encore sucrer le MMM ou le PMSD dans une alliance plus traditionnelle. Mais l’option MSM n’en est pas une, martèle un de ses proches : «À mon avis, il ne voit Pravind Jugnauth que comme un adversaire. Pour le reste, il observe et pèse le pour et le contre avant de prendre une décision. Parce que si ça ne fonctionne pas maintenant, alors que les discussions sont bien entamées, est-ce que cette alliance tiendra le coup ? Il est conscient que la population cherche une alternative crédible et solide.» Et si ça équivaut à rater le coche du 1er mai, c’est un risque à prendre, poursuit notre interlocuteur.
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