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Pravind Jugnauth : Le règne d’un fils du soleil

À l’heure de la proclamation des résultats, Pravind Jugnauth savoure l’acclamation des partisans.

Il s’est présenté au poste de Premier ministre pour la première fois et l’électorat l’a choisi. Pravind Jugnauth savoure aujourd’hui l’une de ses plus grandes victoires. Retour sur une journée qui n’a pas été de tout repos.

Devant une foule en liesse rassemblée au Quartier-Militaire SSS Girls, il savoure sa victoire. Sur son visage, pas de jubilation mais plutôt un sourire satisfait et heureux. Un sourire qui en dit long sur le dénouement qui vient de se jouer au no 8 (Moka/Quartier-Militaire) et dans plusieurs circonscriptions du pays. Pour la première fois depuis janvier 2017, où il avait succédé à son père au poste de Premier ministre, Pravind Jugnauth, plébiscité par l’électorat, met définitivement derrière lui l’étiquette "Premie minis linpos" qui lui collait à la peau.

 

Après s’être officiellement présenté comme Premier ministre, aujourd’hui, Pravind Jugnauth entre par la grande porte avec 21 327 voix, une victoire qui a un goût de revanche sur ses adversaires et qui lui offre la légitimité qui lui manquait jusque-là. Dans ses yeux brille une lueur de fierté mélangée à un sentiment de devoir accompli. Alors, à l’heure du verdict, entouré des deux autres députés élus, Leela Devi Dookun-Luchoomun et Yogida Sawmynaden, et de sa famille, il laisse éclater sa joie. «Aujourd’hui, j’ai eu un mandat clair et net. Je remercie l’électorat du n° 8 pour la confiance que vous placez en nous. Nous continuerons à vous représenter et à travailler pour vous.»

 

Face à lui, les sympathisants de l’Alliance Morisien sont survoltés. Hommes, femmes, enfants, tous vêtus de la couleur du MSM, célèbrent avec force et fracas la victoire de leur parti. «Soley pe briye», «Pravind nou lerwa», «bondie ek Pravind», hurlent-ils. Entre les pétarades, les tambours, les vuvuzelas et les cris, l’excitation dans la cour du collège est à son comble. L’ambiance électrique. Pour qu’ils soient comblés, tous n’attendent qu’une chose : que la nouvelle annonçant la défaite de Navin Ramgoolam au n° 10 tombe pour que leur victoire soit sans appel. La nouvelle finira par tomber aux petites heures du matin. Pravind Jugnauth, lui, n’aura pas un mot pour ses adversaires politiques, si ce n’est cette phrase : «Notre victoire devient une habitude, qui plus est contre les mêmes adversaires.»

 

Rassembleur

 

Au lieu de cela, il préfère se poser en rassembleur et se concentrer sur l’avenir. «Nous avons fait des élections exemplaires. Nous allons célébrer la victoire dans l’ordre et la discipline. Ne cédez pas à la provocation. Continuons à montrer l’exemple.» Derrière lui, son épouse Kobita et deux de ses filles se tiennent fièrement à ses côtés. Un peu plus tôt, elles sont arrivées au collège, toutes d’orange vêtues, pour accompagner et soutenir l’homme de leur vie. L’espace d’un court instant, la famille s’est retrouvée dans un moment de tendresse. Quelques mots d’encouragement, des sourires radieux et des accolades remplies d’affection pour sceller un mois de campagne intense.

 

La journée a été longue au Quartier-Militaire SSS Girls. Pravind Jugnauth est resté présent, tout en restant discret. Plus que de la confiance et de l’assurance, c’est la fatigue qui s’est lu sur le visage du leader du MSM qui étouffait de temps à autre un bâillement. Entre quelques coups de fil et des conversations avec ses colistiers et sa garde rapprochée, il a visité de temps à autre les salles de classe où se déroulait le décompte des voix. Lorsqu’on le sollicite pour des séances photos improvisées et des selfies (ça a été le cas toute la journée), il se prête à l’exercice sans rechigner. Lorsqu’au milieu de l’après-midi, la victoire de l’Alliance Morisien est confirmée, le body language de Pravind Jugnauth change immédiatement. De la posture de candidat, il se met alors dans la peau du Premier ministre qu’il est. Face aux piques lancées par ses partisans au camp adverse, il reste impassible, préférant ne pas céder à la provocation. Lorsqu’Atma Bumma concède la défaite et vient le féliciter, il se montre amical et respectueux.

 

Autour de lui, tout le monde s’agite. La nuit tombe et la victoire de l’Alliance Morisien est certaine. Les sympathisants, les agents et les activistes, qui ont réussi à se frayer un chemin au centre de dépouillement, sautent de joie et se jettent dans les bras des uns et des autres pour se féliciter. Pravind Jugnauth se met, lui, à l’écart avec son conseiller Ken Arian qui lui a préparé son discours. Mais visiblement méticuleux, le leader du MSM préfère lui-même écrire les premiers mots qu’il s’apprête à prononcer en tant que chef du gouvernement. Dans la cohue générale, muni de sa plume et de ses petits papiers, Pravind Jugnauth écrit. Il couche sur papier des mots pour remercier et pour rassembler.

 

Quelques instants plus tard, face à une foule en délire, il prononce ses premières paroles. Dans sa voix, l’émotion et son assurance ne mentent pas. Avec des yeux qui pétillent, il remercie l’électorat de la confiance placée en lui et son équipe, avant d’assurer qu’il sera un PM différent. «Je serai un Premier ministre pour tous les Mauriciens. Ansam tou posib. J’invite ceux qui n’ont pas cru en nous à nous rejoindre pour qu’ensemble on puisse travailler pour le progrès du pays.»

 

Un message qui sonne comme un appel et un souhait pour une île Maurice rassemblée.