Publicité

Savanne - Rivière-Noire : le nº 14 en pleine fièvre électorale

31 octobre 2019

Vanessa et Arti soutiennent à 100 % Alan Ganoo.

De Chamouny à Flic-en-Flac en passant par Le Morne, le nº 14 se décline sous différents tons. Partout où l’on passe, des oriflammes, des affiches et des baz animent la vie de ces quartiers. Par ces temps de campagne électorale, tout le monde ne parle que des élections. À chaque coin de rue, au marché le dimanche, enba la boutik, les dialogues vont bon train sur ces législatives qui monopolisent l’attention. Le nº 14 (Savanne-Rivière-Noire) ne déroge pas à la règle. Elle est la plus grande des circonscriptions en terme de superficie. D’une surface de 320,34 km2, elle s’étend de Surinam à Bambous, en passant par Chemin-Grenier, Le Morne, Tamarin, entre autres.

 

La bagarre s’y annonce rude avec des candidats qui ont une assise certaine au nº 14 et des nouveaux venus qui incarnent un renouveau. Alan Ganoo, par exemple, présent dans la circonscription depuis une vingtaine d’années, a toujours eu la côte auprès des électeurs de la région. Cependant, sa volte-face pour rejoindre le MSM alors qu’il avait affirmé le contraire le matin même ainsi que toutes les tribulations qui s’en sont suivies au sein du Mouvement Patriotique ont marqué un tournant considérable dans sa campagne. Cet épisode est resté en travers de la gorge de nombreux mandants. D’ailleurs, présent à Chemin-Grenier il y a quelques jours, Alan Ganoo a été hué par une foule hostile avant d’être finalement escorté vers sa voiture.

 

Munish Appanna, 23 ans, n’a pas raté cette scène. Cet habitant de la localité, étudiant en Ssciences politiques, se demande si le député sortant fait toujours le poids. «Alan Ganoo compte 27 ans de députation dans la circonscription. Il a toujours eu la cote ici mais cette fois, avec ce qui s’est passé récemment, je pense que ça va être un peu plus compliqué. Les militants ne vont pas forcément lui donner un vote de sympathie et ça risque de le mettre en danger.» 

 

Pour le jeune homme, la fièvre électorale a bel et bien gagné la circonscription qui vibre au rythme de la campagne. «Je ne suis pas forcément adhérent à un parti politique en particulier mais je suis la chose de très près. À Chemin-Grenier, des petites baz commencent à fleurir un peu partout. On arrive déjà à voir que les deux gros blocs, notamment le MSM et le PTr, vont se livrer une dure bataille.» Conscient qu’il faut labourer le terrain, les candidats enchainent les visites dans les différentes localités. Munish Appanna estime toutefois qu'il est difficile à ce jour de dire quelle est la tendance.

 

Pour Vanessa Vyapoory, 30 ans, et Arti Runjeet, 42 ans, hors de question de toucher à Alan Ganoo. «Il a toujours été là pour nous. Toujours.» C’est grâce à lui, lance Vanessa, que les squatters ont pu avoir l'eau et la l'électricité. «Il assiste à toutes les funérailles dans la région. Quand ma sœur est décédée, il était là. Il est toujours prêt à donner un coup de main alors que le Premier ministre on le voit jamais», renchérit Arti. Les deux habitantes de Bambous n'ont pas de doute sur la victoire d’Alan Ganoo au nº 14.

 

Un peu plus loin, notamment à Rivière-Noire, Maurice Rebet, 70 ans, n’en est pas si sûr. Lui, il affiche clairement ses couleurs et sa rancœur. «Si Alan Ganoo passe, ce sera anba kouto. Quand vous allez frapper à la porte d’un député, il doit répondre présent. Ça fait combien d’années que nous demandons des drains ? À chaque fois qu’il pleut, les enfants ne peuvent pas aller à l’école parce qu’il y a des débordements partout. Isi dan rivier nwar, tou le tan nou pas mizer.» Militant pur souche et il se dit fier de porter les couleurs de son parti. «Ils disent qu’ils vont augmenter notre pension mais les Mauriciens doivent faire attention. Pa galoup deryer sa.» Maurice Rebet se dit aujourd’hui fier que Jasmine Toulouse se présente aux législatives. «Li enn zanfan landrwa. Elle a toutes ses chances.»

 

Shirley, habitante du Morne et Linzy de Bambous, suivent aussi de près les élections. En même temps, en ce moment, difficile de faire autrement. «Tout le monde ne parle que de ça» lance Linzy. Dans leurs régions respectives, de nombreux projets doivent être mis sur pied. Shirley, par exemple, espère que beaucoup plus d'accent sera mis sur l’éducation dans sa localité. «Nous n’avons pas de crèche au Morne. J’espère qu’ils rectifieront cette erreur au plus vite.» C’est, dit-elle, une priorité. 

Publicité