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Sécheresse : eau... secours !

19 décembre 2022

En raison de la sécheresse qui sévit dans le pays, le plan d'urgence mis sur pied par la Central Water Authority a été réactivé. Des camions-citernes sont aussi dépêchés dans les endroits touchés.

Elle est, en ce moment, source de... stress. Car voilà plusieurs semaines maintenant que certaines régions à travers l'île connaissent la crise du... robinet et se retrouvent à vivre au rythme des coupures d'eau. En effet, le précieux liquide bleu joue aux abonnés absents et parfois durant plusieurs jours. Ce qui ne manque pas de bouleverser le quotidien de bon nombre de Mauriciens et cela, même s'ils ont un réservoir d'eau chez eux, car celui-ci se retrouve vide après plusieurs jours sans l'eau courante.

 

Ainsi, depuis le début de l'été et avec l'absence de pluie, la fourniture de cette denrée ô combien indispensable par la Central Water Authority est irrégulière dans plusieurs endroits de l'île. La situation dans nos réservoirs devient ainsi inquiétante en cette fin d’année et les autorités demandent au public de ne pas gaspiller l’eau. Les dispositifs se multiplient pour tenter de palier le stress hydrique et des camions-citernes sont dépêchés dans les endroits concernés. Mais pas toujours, certains citoyens se retrouvant à attendre pendant plusieurs jours avant de pouvoir y avoir accès. Le ras-le-bol des consommateurs se fait ainsi sentir, de même que l'amertume, surtout lorsque le problème les touche depuis de nombreuses années et qu'ils se retrouvent à vivre le même scénario et le même calvaire tous les ans, et aussi lorsqu'ils se rappellent que les autorités avaient fait la promesse d’une fourniture d’eau 24/7.

 

Mais au lieu d'une garantie en alimentation d'eau, de nombreux habitants dans plusieurs régions de l'île sont confrontés, une nouvelle fois, à des conditions difficiles. «Cela fait à peu près un mois depuis que nous souffrons de problèmes d'eau», nous confie Ivan Isabelle, un habitant de Beau-Vallon à Mahébourg. «Cette situation et ces conditions de vie sont difficiles. Pena ler exak ki delo koule ek la osi li koul pou mem pa inn er. Pa mem gagn letan pou ramas dilo. Vu qu'on est au mois de décembre, on se retrouve à ne pas pouvoir compléter de nombreuses tâches», poursuit le jeune homme qui raconte aussi comment sa famille doit s'organiser pour s'en sortir. «Pour les vêtements sales, on doit se rendre à une rivière pas très loin pour faire la lessive. Je trouve cela contrastant quand on sait ki nou gran dimounn ti pe fer sa et qu'en 2022, on doit toujours le faire», poursuit Ivan, tout en ajoutant que, pour pouvoir s'en sortir, il lui faut «ramas delo dan touk», sinon sa famille et lui risquent de se retrouver sans eau.

 

D'une région à une autre : la même réalité. Le même constat et le même désarroi. Anasthasia Botte, une habitante de Vieux-Grand-Port, est aussi une victime du manque d'eau dans sa région. «On ne fait que compter sur les camions-citernes pour pouvoir s'approvisionner et là aussi, ce n'est pas régulier et il nous faut alors attendre plusieurs jours. Plusieurs familles vivent le même drame. Une fois, on a dû acheter des bouteilles d'eau potables pour pouvoir s'en sortir parce que j'ai un bébé», témoigne Anasthasia qui espère vraiment qu'une solution sera enfin trouvée.

 

Lors de l’inauguration d’un réservoir et d’une station de pompage à Albion (plus précisément au Morcellement Serenis du Groupe Médine), il y a une semaine, Joe Lesjongard, le ministre de l’Énergie et des services publics, a souligné que le pays passe par une période sèche, en attendant les grosses pluies annoncées pas avant la mi-janvier. «Nou pou pas dan enn period difisil ziska zanvie lane prosenn. Sitiasion delo ki nou ete pa evidan. Sekter delo, se enn sekter ki pa’nn fer travay seki bizin fer kan ti bizin fer li. Gouvernman ki ti la avan ti bizin pran zot responsabilite pou vinn de lavan ek enn vre program refer bann tiyo. Aster nou pe bizin ratrap retar», a-t-il déclaré, tout en faisant un parallèle avec ce que le pays avait connu en 2020. «Anou ekonomiz delo. CWA pou fer seki li bizin fer pou ban rezion afekte, pou donn delo a traver kamion», a-t-il ajouté.

 

Ce mercredi 14 décembre, le ministre, qui intervenait lors d'une cérémonie de lancement d’un filtre à pression à Crève-Cœur, est revenu avec le message pressant les Mauriciens à être prudents avec leur utilisation d'eau. «Si la situation concernant la pluie ne s’améliore pas, nous allons procéder à un contrôle de la distribution d’eau, surtout auprès de grands consommateurs», a souligné le ministre des Services publics, tout en précisant que le plan d'urgence mis sur pied par la Central Water Authority pour pallier la situation a été réactivé.

 

Depuis ce samedi 17 décembre, selon une décision avalisée par le Conseil des ministres, il est interdit d'utiliser un tuyau d'arrosage ou un arroseur «sans excuse raisonnable» ou tout autre appareil similaire de «manière inutile». À cet effet, les Central Water Authority (Dry Season) Regulations 2022 seront promulguées. Selon le Conseil des ministres, au 15 décembre 2022, le stockage total d'eau était de 38,47 millions de mètres cubes d’eau, soit l'équivalent de 41,7% de la capacité totale. Selon les mesures annoncées, il sera également interdit, sans excuse raisonnable, de procéder à l'irrigation de la canne à sucre par captage des ressources en eau. Cette décision a été prise pour éviter le gaspillage d’eau.

 

Mais pendant ce temps, ils sont nombreux, à travers l'île, à faire face au manque d'eau et à lancer des «au secours» pour qu'une solution soit trouvée à leurs histoires... d'eau.

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