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«Stranded» en Thaïlande depuis 2020 : Jean Bony Lazer, en attendant le retour

1 septembre 2021

Elle était sur sa bucket list, cette île. Avec ses courbes, ses pics. Sa sensualité, sa rugosité. La Thaïlande avait été un appel pressant pour Jean Bony Lazer. Il avait économisé longtemps, s’était privé pour la conquérir et l’apprivoiser dans le cœur de ses souvenirs. Et il devait être rentré à Maurice le 20 mars 2020. Puis, la Covid-19, le premier confinement, la fermeture des frontières, ensuite la quarantaine obligatoire hors de prix et le deuxième confinement, l’ont rendu prisonnier de cet ailleurs dont il avait tellement rêvé. Plus de 18 mois plus tard, il peut enfin contempler le projet de rentrer dans son pays. Avec l’assouplissement des conditions d’entrée à Maurice (sept jours de quarantaine à partir du 1er septembre pour les voyageurs vaccinés et pas de quarantaine à partir du 1er octobre), il espère pouvoir retrouver sa vie…

 

Mais pas là où il l’a laissé, non. Pour cela, c’est bien trop tard. Le Self-employed, qui organisait des randonnées, doit repartir de zéro. D’ailleurs, la vie ici s’est poursuivie. Il en a manqué des chapitres. Et il n’est plus le même, lui non plus. De galères en galères, il a survécu, il a tenu bon. Une vie, des leçons apprises mais aussi de l’espoir : «Au final, je me dis que l'univers avait un plan pour moi, que je ne le savais pas. Sinon, avec toutes ces galères d'argent et autres, je n’aurais jamais pu survivre. J'ai connu des situations catastrophiques où le moral était bien en dessous de zéro.»

 

Lui seul connaît la noirceur des heures de son désespoir, là où il ne semblait y avoir aucune lumière, là où les autorités de son île étaient demeurées sourdes, froides : «Physiquement ça va mais pour le reste, j'ai connu mieux.» Il s’en est sorti. Et il s’en sort toujours : «Je vis grâce à l’argent que me donnent certains proches. Je paie le loyer, à manger et le visa chaque deux mois. Ici, il n'y a pas de boulot. En tant que Self-employed, j'ai été lâché par le gouvernement.»

 

Rentrer au pays après tout ce temps, c’est une joie, bien sûr : «La bouffe mauricienne me manque grave, par exemple. Je n’étais pas prêt pour ça.» Mais il ne peut s’empêcher d’être tiraillé : «Si j'ai pu tenir tout ce temps, c’est grâce à la façon de vivre des Thaïlandais qui n'attachent pas de grande importance aux choses matérielles. Nous avons beaucoup à apprendre de ces gens-là.»

 

Aujourd’hui, il espère que son billet d’avion est toujours valide. Et que les choses ne se compliqueront pas davantage.

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