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Stress eating : ça grignote le moral

22 avril 2020

Vidhi Bekaroo fait le point.

«Mo pe fiiinnnnn.» L’estomac a ses raisons que la raison peine à suivre. Et les gargouillis de ses messages pas si subliminaux que ça vous empêchent de vous concentrer sur le manger équilibré. Vous rêvez de burgers, de pizzas, de minn bwi, de boulettes, de ladoo, de sultafinn et de dol pouri ? Et tentez de faire passer ces fantasmes culinaires et gourmands en ingurgitant tout ce que vous trouvez dans vos placards ? Rassurez-vous ! Vous n’êtes pas le/la seul/e : «Alors que la population s’adapte au lockdown, les gens sont forcés à créer de nouvelles routines. La santé et l’alimentation sont difficiles à gérer, tout comme le maintien des séances d’activités physiques. Nous sommes nombreux à travailler de la maison avec un accès illimité à la cuisine, avec tous les treats qu’il y a dedans», confie Vidhi Bekaroo, psychologue. Comment résister à ces petits trucs miam qui n’attendent qu’une chose : qu’on les croque ? «Des milliers de personnes ont partagé sur les réseaux sociaux qu’elles grignotent plus que jamais. Qu’elles passent leurs journées à manger depuis que la structure de la journée de travail ne ressemble plus à ce qu’elle était.»

 

«Ankor ?» Vous interrogez votre estomac et tentez de comprendre son comportement. Et il ne répond que par une sensation d’incroyable… creux. Vous tentez de le faire taire mais il revient à la charge comme un ex en manque d’amour.  Heureusement, pour cerner les turpitudes de votre ventre, Vidhi Bekaroo a les mots qu’il faut : «Avec le stress, l’incertitude, le travail à la maison, la gestion des enfants et de la famille, les interactions sociales rares, la nutrition émotionnelle semble être un contre-coup du Covid-19.» Cette façon de manger, liée profondément à ce que nous ressentons, nous pousse à grignoter plus : «La nourriture est utilisée pour calmer ou faire disparaître les émotions négatives comme la solitude, l’angoisse, l’ennui ou le stress.» Et ça n’a rien à voir avec la faim physique : «Ce sont des envies immédiates d’aliments transformés, comme des biscuits, du chocolat, des fast-foods… Ces produits sont scientifiquement créés pour satisfaire les récepteurs de plaisir de notre cerveau.»

 

«Ale, enn ti sokola pou twa…» Oui, parce qu’être stressé/e en ce moment, c’est normal ! Le monde est sens dessus-dessous : «Il y a des raisons physiologiques de se tourner vers la nourriture quand le monde est chamboulé. Le corps cherche des aliments hyper caloriques durant les périodes de grands stress car ils offrent des boosts d’énergie. Le stress provoque l’augmentation du taux de cortisol, ce qui augmente l’appétit. Et les aliments sucrés provoquent la création de dopamine, le neurotransmetteur associé à la motivation et à la récompense.» De plus, le manque d’exposition au soleil peut provoquer une carence en vitamine D qui, associée avec le stress, peut créer un besoin de manger des choses riches en sucre et/ou en gras. Mais attention, si ça arrive de se lancer de temps en temps dans la nutrition émotionnelle, il faut quand même se poser les bonnes questions : «Quand ça arrive fréquemment et que la nourriture devient notre premier réflexe pour gérer des situations stressantes, ça peut avoir une incidente sur notre santé et notre bien-être mental.»

 

«Ase-la !» Maintenant que votre cerveau a compris le mécanisme du stress eating, il est temps de remettre votre estomac dans les rangs ! Avec les conseils de Vidhi Bekaroo, voici ce que vous devriez faire :

 

- Apprenez à connaître le déclencheur. Ayez un food diary, ça vous permettra d’y noter ce que vous mangez et ce que vous ressentiez quand vous avez pris des chips dans le placard. Vous saurez ce qui déclenche votre envie de manger : l’ennui, le stress, l’angoisse, la tristesse… Dès que vous savez reconnaître le déclencheur, trouvez une nouvelle façon de faire partir cette ou ces émotion/s : marcher dans le jardin, méditer, prendre un bain, faire un sudoku, un puzzle, des mots fléchés. Ou encore appeler un/e ami/e et écouter un podcast !

 

- Soyez préparé/e. Notez ces situations où vous vous sentez dans l’obligation de manger : done ! Vous pouvez également y accoler des scénarios au cas où l’envie vous prend. Sana Khan, d’Avicenna Wellbeing, propose des astuces pour réduire ces désirs insurmontables de grignotage : 1) Gardez les gajaks dans la cuisine, ne les portez pas à l’endroit où vous bossez dans la maison 2) Un plan télé ? Apportez uniquement ce dont vous avez besoin. Ne prenez pas tout le paquet de biscuits, par exemple 3) Mâchez ! C’est important pour l’organisme mais c’est encore mieux quand ça vous prend du temps, du coup, vous mangez moins de petites choses salées ou sucrées. 

 

Katherine Kimber, diététicienne américaine, propose, elle, d’écrire ces données pour vous préparer à affronter une crise d’emotional eating : 5 personnes que vous pouvez appeler si vous vous sentez un peu down – 5 façons de faire pour vous relaxer – 5 endroits (en confinement, c’est à la maison ou dans le jardin !) où vous pouvez aller pour vous calmer – 5 choses que vous pouvez vous dire – 5 activités pour se distraire.

 

- Mangez mieux. Des légumes, des fruits, des noix, un œuf bouilli… c’est mieux comme snack !

 

- Faites le tri. On succombe uniquement quand il y a de la matière pour succomber, non ? Alors, mettez les chocolats et les chips ailleurs ; dans le garage, par exemple. Ou alors faites des petits paquets de ce que vous allez consommer pour la journée et n’en mangez pas plus.

 

- Parlez-vous avec positivité. Trop manger, ça peut provoquer des sentiments pas sympathiques comme la honte ou la culpabilité. Pour vous rassurer, il n’y a personne de mieux que… vous ! Alors engagez-vous dans un petit self-talk qui fait du bien et permet de se recentrer. Posez-vous les bonnes questions : pourquoi j’ai pris ce chocolat (c’est un exemple) ? Est-ce que j’étais conscient/e de ce que je faisais ? Avais-je l’impression de mériter une récompense ? De quoi je me félicitais ? Comment je peux changer ce comportement ?

 


 

Le jardinage : l’allié antistress 

 

Savez-vous planter du kotomili ? Ou alors du persil, de la queue d’oignon, du bok choy ? Et ces légumes et herbes faciles à entretenir ? Pour Vidhi Bekaroo, en ces temps de confinement, le jardinage peut vous permettre d’évacuer la pression, de pratiquer un exercice physique et de faire le plein de soleil : «Sur le coin d’une terrasse, dans un jardin, sur un toit… Nous pouvons tous le faire. En plus, c’est une façon d’avoir des aliments frais à portée de main sans avoir à sortir.»

 

Si vous n’avez pas la main verte ni de graines ou de pousses, ce n’est pas bien grave. Vous pouvez dès maintenant vous mettre au jardinage avec ce que vous avez sous la main :

 

- Gardez le cœur des bok choy et laissez-les dans de l’eau, quand les bred auront fait des racines, vous pourrez les transplanter dans de la terre.

 

- Idem pour la laitue !

 

- Pour la queue d’oignon : si vous souhaitez qu’elle se multiplie, il faut piquer les racines dans la terre. Si vous voulez en avoir très vite, laissez les racines dans de l’eau.

 

- Pour en savoir plus et vous lancer, faites le plein d’astuces sur Internet ou sur Facebook : tout le monde s’y met !

 



Elle donne un coup de pouce

 

Vidhi Bekaroo apporte un soutien psychologique en temps de confinement. Si vous souhaitez la contacter, c'est simple, connectez-vous à sa page Facebook.

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