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19 décembre 2017 12:18
L’incertitude. L’angoisse. L’appréhension. Pour les quelque 450 employés, mauriciens et étrangers, de l’usine Texto Ltée, ce sont les mêmes sentiments qui reviennent depuis le jeudi 14 décembre. Ce jour-là, après une longue journée de travail, ils apprennent des responsables de l’usine, qu’ils ne vont pas recevoir leur salaire de décembre ni leur boni de fin d’année. Nashreen Rahmally, 42 ans, déléguée syndicale, fait partie de la réunion. Pour ses collègues et elle, c’est le choc et la colère. «On n’arrivait pas à comprendre. On était tellement en colère que tout le monde est rentré sans faire d’overtime.»
Les heures qui suivent sont difficiles. Tous se demandent comment ils passeront les fêtes sans argent et sans travail. Sur les réseaux sociaux, les images du sit-in créent le buzz et les internautes indignés crient à l’injustice en cette période festive. Le lendemain, pensant retrouver leurs postes, c’est avec consternation que les employés découvrent les portes de l’établissement, situé à Vallée-des-Prêtres, cadenassées avec la note «Factory closed until further notice» placardée à l’entrée. Indignés, ils décident de ne pas se taire. Très vite, un sit-in est organisé avec Atma Shanto, leur représentant syndical, devant le ministère du Travail en signe de protestation. Lors d’une réunion avec Soodesh Callichurn, ministre du Travail, un peu plus tard, ils finissent par apprendre que l’usine a été placée sous l’administration de la firme KPMG, à travers l’administrateur Huns Biltoo. Ils obtiennent alors la garantie que leur salaire ainsi que leur boni seront versés d’ici le 22 décembre, un soulagement pour les travailleurs.
«Soulagée, oui, mais toujours dans le flou», lance Nashreen Rahmally qui travaille chez Texto depuis 11 ans. Aujourd’hui, elle se fait un sang d’encre quant à son avenir et celui de sa famille. Va-t-elle retrouver son travail ? Sinon, va-t-elle retrouver un autre emploi ? «Cette situation est très stressante. Je n’ai pas arrêté de pleurer, de me demander comment on allait faire. J’ai une fille qui est en HSC et des leçons particulières à payer.» Comme Nashreen, tous se demandent de quoi sera fait demain. Pour le moment, dit-elle, tout ce qu’elle peut faire, c’est espérer une bonne nouvelle.
Atma Shanto, représentant syndical, a été aux côtés des employés tout au long des négociations. Ce problème de non-paiement n’est pas, dit-il, quelque chose de nouveau et d’inconnu du ministère du Travail. Malgré le refus de l’employeur de participer à la réunion de vendredi, l’engagement a été pris pour que les arrérages du salaire d’octobre et de novembre ainsi que la paie de décembre et le bonus de fin année soient dûment payés. Le syndicaliste affirme qu’il n’est pas encore question que la compagnie ferme ses portes.
Pour le moment, les travailleurs ne savent pas s’ils ont perdu leur emploi ou pas. «Au cours des jours qui viennent, l’administrateur sera là-bas pour faire une évaluation approfondie des avoirs de l’usine. Ce n’est qu’après son rapport que nous saurons si les travailleurs gardent leur emploi ou pas.» Mais pour Atma Shanto, le combat ne s’arrête pas là. Bientôt, une rencontre avec l’administrateur de Texto Ltd devrait avoir lieu. Ce n’est qu’à partir de là qu’ils pourront y voir plus clair.
En attendant, alors que les Mauriciens se préparent à accueillir la Noël et le Nouvel An, les 450 employés de Texto Ltd, eux, sont loin d’avoir le cœur à la fête. S’il est vrai qu’il est arrivé quelquefois que les travailleurs n’obtiennent pas leur salaire à temps, un tel scénario ne s’est jamais produit auparavant. Rachel Pierre, 24 ans, y travaille depuis 9 ans. Aujourd’hui, sa voix est empreinte d’inquiétude. «Ce n’est pas facile. Nous n’avons rien et tellement de choses à payer. Tout le monde s’apprête à fêter mais nous n’avons encore rien acheté. De toute façon, comment faire la fête alors qu’on ne sait même pas si on aura toujours notre travail.» Malgré tout, Rachel Pierre préfère, elle, garder espoir et croire en un heureux dénouement.
Une hausse salariale entre Rs 1 000 et Rs 1 900 selon le temps de service, à partir du 1er janvier 2018. C’est l’une des conditions de l’accord signé entre le patronat et le syndicat des employés de l’hôtel Sofitel Impérial. Après des tentatives de dialogue et de médiation qui ont échoué, 195 employés de l’hôtel avaient décidé, le 29 novembre dernier, de se lancer dans une grève mais une solution a finalement pu être trouvée lors d’une réunion dans les bureaux du ministère du Travail, le jeudi 14 décembre.
Les employés percevront aussi un paiement ex-gratia de 65 % de leur salaire de base du mois de décembre comme compensation suite au retard accumulé dans le cadre des négociations.
En plus de l’augmentation salariale, les employés percevront chaque année une augmentation de Rs 150 à Rs 400 sur leur salaire. Selon Jean-Yves Chavrimootoo, leur représentant syndical, ceux qui comptent entre un et quatre ans de service toucheront Rs 150. Après cinq ans, cette somme passera à Rs 200, une somme qui exclut la compensation salariale du gouvernement. Par ailleurs, après 25 ans de service, les employés pourront obtenir un paiement unique de Rs 15 000. Les employés pourront aussi bénéficier de plusieurs allocations.
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