Publicité
17 juillet 2023 14:36
Arbitraire, injustifié, illégale. C’est en ces termes qu’est qualifié le licenciement immédiat de Yogita Babboo-Rama, présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) et employée au sein de la compagnie aérienne. Si la principale concernée ne pipe mot sur cette affaire depuis son licenciement, elle milite quand même aux côtés de ceux qui se mobilisent pour elle. D’ailleurs, on la voit aux côtés des syndicalistes qui s’étaient réunis le jeudi 13 juillet pour une conférence de presse au sujet de ce licenciement. C’est Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association (GSEA), qui a donné le ton de l’indignation et du désarroi des syndicats, dénonçant la décision arbitraire d’Air Mauritius d’avoir licencié Yogita Babboo pour ses prises de décisions et ses actions en tant que syndicaliste. «Si nous n’agissons pas, c’est la mort assurée du syndicalisme. Si le syndicat est muselé après la presse, il restera quoi pour militer pour la démocratie ? C’est pourquoi d’ailleurs, nous informerons officiellement l’UNDP de cette situation, car là il n’y a pas de respect des droits des travailleurs ou d’un représentant des travailleurs.»
Radhakrishna Sadien dit avoir envoyé une demande au Premier ministre pour une rencontre urgente. «Nous voulons le mettre au courant de la situation et, surtout, trouver une solution pérenne.» Le syndicaliste souligne également qu’il y aura une réunion élargie avec plusieurs syndicats et organismes afin de discuter de la marche à suivre.
Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a aussi commenté ce cas face à la presse, en ce samedi 15 juillet : «Nous sommes solidaires de Yogita Babboo-Rama. D’ailleurs, je vais la rencontrer cette semaine pour voir comment on peut l’aider.» Le leader des Rouges, Navin Ramgoolam a, lui aussi, saisi l’occasion pour exprimer son soutien à la présidente de l’AMCCA. Pour rappel, Air Mauritius reproche à Yogita Babboo-Rama des propos tenus durant une émission radio en avril 2023 concernant le non-respect des conditions de travail au sein de la compagnie. Des propos qu’elle assume entièrement, dit-elle dans notre édition du 9 juillet 2023.
Ils étaient plusieurs lors de la conférence de presse du 13 juillet à exprimer leur solidarité à Yogita Babboo Rama. Ashok Subron, membre de la General Workers Federation (GWF), affirme que dans ce cas, c'est non seulement une violation du droit syndical mais aussi du droit à la liberté d’expression. «Ki li ti al ou pa dan komite disipliner, zot ti pou lisansie li. J'aimerais aussi rappeler le cas de Sharvin Sunassee, ex-président de l’Airport of Mauritius Ltd Employees Union, qui a été le premier licencié sous le régime au pouvoir. Il est clair qu’il y a une diminution de la liberté syndicale.»
Jane Ragoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), abonde dans le même sens. «Je soutiens la présidente de l’AMCCA, et il faut savoir que injury to one is injury to all. Et si MK, une compagnie de l’État, fait de la répression, qu’arrivera-t-il pour les compagnies du privé ? La rencontre avec le PM est importante afin d’empêcher que les abus soient commis à nouveau.» Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, ne mâche pas non plus ses mots : «Nou nepli gagn drwa koze ? Se enn danze terib. Les boards disciplinaires sont inutiles.»
Narendranath Gopee, président de la Federation of Civil Service and Other Unions National Trade Union Confederation, a lui souligné que la bataille pour la réintégration de Yogita Babboo-Rama sera difficile, et nécessitera une grande mobilisation, surtout de la part de syndicalistes à la retraite comme lui, qui peuvent s'élever sans crainte contre les injustices.
Lors de la conférence de presse du MSM le samedi 15 juillet, Sandra Mayotte a commenté cas de Yogita Babboo-Rama. «Je ne juge pas, je ne condamne pas, je dis simplement que ça interpelle. Nou anvi kone kouma sa inn pase. Madame-la inn exprim so lavwa, linn ranvoye. Nou kapav ziss imazine dan ki leta despri li ete an se moman.» Elle a dit être sûre que lors de la prochaine rencontre du parti, le ministre du Travail expliquera ce qui s’est passé et donnera plus d’informations sur les démarches qui seront entreprises.
La Women’s League du PTr déplore et condamne avec force le licenciement de la présidente de l’AMCCA par la compagnie d’aviation nationale. «C’est une décision qui a été prise de façon arbitraire (…). On condamne une mère de famille, car elle a fait son travail, mais aussi pour avoir fait entendre sa voix en tant que syndicaliste. Une telle situation est inacceptable. (…) Yogita Baboo-Rama est une employée et présidente exemplaire, elle mérite que justice lui soit faite et d’avoir la chance de parler afin que nous, citoyens, ne perdions pas confiance dans le système», fait ressortir Aryawatee Boolaky, la présidente de l’aile féminine des Rouges.
«C'est une pression politique systémique sur les syndicalistes qui dénoncent des choses ou qui nagent à contre-courant, souvent contre le régime politique en place (...) il faut revoir en compte plusieurs choses, car on parle de 'breach' des droits fondamentaux des citoyens, et des entorses à la loi du travail (...), il faut revoir ces comités disciplinaires, il faut une restructuration de ces comités, qui souvent ne se voit qu'une fois par an pour discuter du quantum salarial à revoir (...). Le cas de Yogita a tout d'un drame familial, elle vivait en leave without pay, (...) qu'on mette un frein à cette pression systémique contre les syndicalistes....», a exprimé pour sa part Ashvin Gudday qui était face à la presse le samedi 15 juillet 2023 aux côtés d’autre membre de Rezistans ek Alternativ.
Les 11 membres du Collectif Fam ape Zwen (FAZ) ont, à travers un communiqué, exprimé leur solidarité envers Yogita Babboo-Rama. Les membres de ce collectif – Jocelyne Minerve, Sheila Bunwaree, Shirin Aumeeruddy Cziffra, Nalini Burn, Genevieve Tyack, Dany Perrier, Pouba Essoo, Nina Ramdenee, Saffiyah Edoo, Priscilla Sambadoo et Lovania Pertab – disent avoir appris avec stupeur le limogeage de la présidente de l’AMCCA. Selon elle, Yogita Babboo-Rama a, jusqu’à ce jour, été une employée exemplaire agissant comme présidente de l’AMCCA. De ce fait, son licenciement ayant pour motif le fait qu’elle ait parlé des problèmes des employés d’Air Mauritius Ltd sur les ondes d'une radio est inacceptable. FAZ se joint ainsi à d’autres associations pour condamner le limogeage de Yogita Babboo-Rama. Car soulignent-elles, cette dernière à un droit fondamental à la parole tel que stipulé dans notre constitution. «Nous faisons un appel aux autorités concernées de respecter les droits de Yogita Babboo-Rama et de la restituer à son poste à Air Mauritius Ltd.»
Publicité
Publicité
Publicité