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25 octobre 2025 18:16
Un visage incontournable de la ville de Rose-Hill, que tous les férus de livres doivent bien connaître. Hélas, on apprenait le jeudi 23 octobre le décès de Mimi Chen, directrice de la libraire Le Cygne, l’un des lieux immanquables de Rose-Hill, à l’âge de 82 ans. Elle laisse derrière elle tout un parcours dédié à la littérature d’ici et d’ailleurs, avec un chemin qui n’a pas toujours été facile – on se rappelle de l’incendie du complexe familial où se trouvaient la librairie et le restaurant The Magic Lantern (autre lieu incontournable de la ville) qui avait tout ravagé en 2000, avant que le Magic Lantern Complex ne naisse en 2005, avec le retour de la librairie.
Une belle résilience pour la famille : outre Mimi Chen, on avait aussi son énergique fils Ming Chen, son frère Philippe Lim, talentueux photographe vivant aujourd’hui au Canada, et aussi James et Anne, les autres membres de la famille, qui s’est bien agrandie depuis. Toute une famille qui s’est fendue d’un bel hommage hier matin, consciente de l’énorme lot de soutien reçu depuis la nouvelle, où l’on peut lire notamment : «Au-delà de la peine qui prendra du temps à s’apaiser, la reconnaissance que chacun porte envers Mimi restera à jamais gravée en nous, comme une marque indélébile de votre affection. C’est souvent après un départ que l’on réalise pleinement la richesse d’une personne, en particulier celle d’une mère. Il nous est difficile de répondre personnellement à chacun de vos messages de soutien, mais sachez que l’une des valeurs que Mimi nous a transmises est celle de la gratitude envers ceux qui ont toujours été présents pour nous. Chaque beau livre a un commencement et une fin. Lorsque nous tournons la dernière page, nous gardons en mémoire son contenu, et jamais nous n’oublierons ce qui l’a marquée.»
Pluie d'hommages
Mis à part la famille elle-même, c’était aussi une pluie d’hommages sur les réseaux sociaux venant de personnalités, de personnes moins connues, de jeunes, de moins jeunes, témoignant à quel point l’influence de Mimi Chen et de son incontournable librairie à travers les années ont forgé la culture de bien des Mauriciens.
On a par exemple l’incontournable Finlay Salesse qui a rappelé dans un post tout le parcours de Mimi : «Mimi… Voilà un sobriquet qui est devenu un nom pour tous. Elle s’appelait en fait Marie-Claire. Je l’ai appris aujourd’hui alors que l’on se connaît depuis la fin des années 60. Mimi, jusqu’à tout récemment, bien que malade, a été directrice de la librairie Le Cygne pendant de nombreuses années, succédant à son père François (photographe de grande réputation). Une librairie emblématique, qui fait partie du patrimoine familial et national. Un rendez-vous des intellectuels de gauche des années de braise, qui venaient découvrir les éditions L’Harmattan ou encore Maspero. Le jeune Paul Bérenger venait prendre livraison des magazines tels que Le Nouvel Observateur, Times ou encore Newsweek toutes les semaines.(… ).»
D’autres comme le journaliste Jean-François Leckning, diront simplement : «Une encyclopédie vivante, une légende, Rest in peace Mimi.» Et puis on a plusieurs jeunes férus des livres, qui ont évoqué les BDs Marvel d’alors disponibles, les livres de Stephen King, etc…, et puis, encore cette fois, cette envie d’aider, de dialoguer, de proposer, comme le souligne la jeune auteure Yianna Amodine : «Ma première pensée a été que c’est une partie de mon enfance qui s’envole avec elle, mais la vérité c’est que Mimi, cette grande dame, n’a pas seulement marqué la petite fille que j’étais. Il y a encore quelques années, je la cherchais partout pour lui demander conseil à chaque fois que je voulais trouver le livre idéal à acheter pour moi ou pour ma maman ! Et celle dont je me souvenais comme la dame sévère de la librairie se transformait instantanément en amie lectrice avec une culture littéraire époustouflante, qui ne manquait jamais de me questionner, avec enthousiasme, sur mes projets de livres et mon travail. Elle était là quand j’ai dédicacé mes petits livres à la librairie, j’étais si fière. Et parfois, je faisais le trajet de Curepipe à Rose-Hill tous les samedis, rien que pour ces échanges que je n’oublierai jamais.»
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