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Annabelle Fleury

30 août 2014

 

 

Que veut dire le terme fashionista pour vous ? Est-ce que tout le monde peut l’être ? Comment ?

 

Une fashionista, c’est avant tout quelqu’un qui a une identité vestimentaire, un style. C’est une personne qui est au courant de la mode, mais qui ne suit pas aveuglément la tendance. Tout le monde peut être fashionista à condition que la personne trouve le style qui correspond à sa personne. 

 

Avec toutes ces années d’expérience en stylisme, que diriez-vous sur votre propre style ?

 

Le style et l’univers de ma marque, Oriya, correspondent à mon propre style. Le style Oriya, c’est une ligne près du corps, la fluidité d’une matière, des coupes épurées, l’harmonie de couleurs vives et des jeux de couleurs dans le vêtement.

 

Si vous deviez changer quelque chose dans la mentalité des Mauriciens concernant la mode, ce serait quoi ?

 

Certains Mauriciens suivent trop souvent aveuglément la tendance à l’étranger, sans prendre en compte que nous vivons dans un pays tropical et que les paramètres ne sont pas les mêmes. On porte de la fourrure ou des bottes en plein été à Port-Louis, certains sont plus des fashion victims que des fashionistas. Nous devons avoir notre propre identité vestimentaire et être plus des leaders que des followers. Nous vivons dans un pays pluriculturel où tradition et modernité se côtoient; il y a donc énormément de styles qui peuvent en découler.

 

Après vos études en France, vous êtes passée par les maisons Chanel, Valentino, Paco Rabanne, Versace, Ungaro. Qu’avez-vous rapporté de ces expériences dans vos valises de créatrice ?

 

Travailler pour les plus grandes marques aide à forger le caractère. Quand on travaille sur un textile qui coûte
Rs 25 000 le mètre, on n’a pas droit à l’erreur. J’ai aussi travaillé pour des maharajahs et des princes et, à ce stade, la qualité du travail doit être irréprochable. Cela nous apprend à gérer notre stress, à être plus consciencieux, attentif, exigeant et perfectionniste. J’apporte donc dans mes valises toutes ces qualités et mon but ultime, à travers ma marque, est de proposer aux Mauriciennes un travail de qualité. 

 

Valence, Naples, Chypre, Malte… des villes qui font rêver. Pour quel type de femmes avez-vous créé cette collection 2014 ?

 

Toutes les femmes sont les bienvenues chez Oriya. Je propose du sur-mesure; par conséquent, toutes les femmes peuvent commander si elles adhèrent au style. Mais plus précisément, la collection s’adresse à la femme dynamique, originale, active, émancipée et qui cherche de nouvelles formes dans le vêtement de façon à se démarquer. 

 

Vous êtes tout autant admirée pour vos créations que pour votre franc-parler. Comment pensez-vous que la mode peut aider la société ? 

 

La mode aide une société à évoluer. Dans les années folles (1920-1929), la mode féminine change radicalement, les femmes ne veulent plus offrir d’elles-mêmes une image qui serait le fantasme de l’homme, mais plutôt son équivalent. Le pantalon fait ainsi son apparition. En 1960-1970, l’introduction de la maille à même la peau et les mini-jupes expriment davantage une émancipation. De 1985 à  nos jours, c’est la minceur qui s’impose; on prône la perfection formelle et on fuit toute trace de vieillesse à travers les colorants pour les cheveux blancs ou le botox pour les rides. La mode reflète l’état d’esprit actuel d’une société; elle aide à revendiquer certains ressentis et certaines idées, et aide à combler le mal-être d’une société. 

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