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26 janvier 2025 11:41
Oh, que c’est facile aujourd’hui d’enregistrer des images, de filmer la vie et même de la mettre en scène… Avec l’avènement des téléphones portables, presque tous dotés aujourd’hui d’une caméra, on peut prendre des photos et faire des vidéos à l’envie, en veux-tu, en voilà… Immortaliser des moments clés de l’existence ou de simples instants de la vie quotidienne, faire des selfies ou des vidéos comiques, utiles, intéressantes (ou pas du tout) pour les partager avec des proches via WhatsApp, Messenger et autres, ou alors via les réseaux sociaux. Jusque-là, tout va bien.
Sauf que, comme pour toute chose, le trop finit par nuire, les dérives sont multiples et, avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux également, des images se retrouvent en circulation libre sans l’autorisation de ceux qui y figurent et dans certains cas, ça peut conduire à la catastrophe. Pas plus tard que cette semaine, une vidéo a choqué et suscité diverses réactions, pour ou contre : celle de deux étudiants dans une position intime sur un banc d’une des gares du pays. Et un passant, apparemment un «contrôleur», n’a rien trouvé de mieux à faire que de les filmer et de publier la vidéo sur les réseaux sociaux. Un acte beaucoup plus répréhensible que celui commis par le duo d’étudiants. Car, sans vouloir les dédouaner de leur action ou minimiser celle-ci – ils méritent un bon brossage de tête, voire une bonne punition pour ça –, qu’un adulte les filme et publie les images à visage découvert sur le Net, c’est tout bonnement inadmissible.
Déjà, la loi est explicite : on ne doit pas diffuser publiquement des images de mineurs sans l’accord de leurs parents/tuteurs sous peine de poursuites. Mais au-delà de la loi, il y a d’autres aspects à prendre en compte (les conséquences psychologiques, par exemple) et d’autres questions qui se posent. Était-ce d’intérêt public que ces images soient circulées ? Quel est l’impact de tout cela sur ces adolescents aujourd’hui soumis aux pires critiques et moqueries ? Comment gèrent-ils les regards amusés ou accusateurs, les commentaires sur leur passage et sur les réseaux sociaux, la honte, la culpabilité, la colère de leurs parents ? Ce sont des jeunes qui ont, certes, fait ce qu’il ne fallait pas (et d’aucuns diraient qu’ils l’ont bien cherché), mais méritent-ils pour autant d’être traités ainsi ?
Et si c’était votre enfant, que penseriez-vous de la manière dont la chose a été gérée, au-delà de la colère et de la honte ? Quelle serait votre réaction si vous voyiez votre enfant être exposé et montré du doigts par beaucoup d’adultes qui ont oublié qu’ils ont été jeunes eux aussi, qu’ils ont fait des bêtises eux aussi (peut-être moins graves ou plus graves, whatever !), à la différence près qu’à l’époque, il n’y avait pas toute cette décadence digitale où tout (ou presque) est filmé et diffusé sur le Net ? Trouveriez-vous normal que votre enfant soit soumis aux regards de tous et au jugement du tribunal populaire ? Votre réponse est sans doute «non». Car il est des choses qu’il vaut mieux régler en privé pour éviter des conséquences trop graves, surtout avec des jeunes dont on ne sait pas ce qu’ils peuvent faire après un tel épisode…
Alors, peut-être qu’on devrait tous réfléchir un peu avant de filmer et de publier tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux et la Toile en général… Certaines photos et vidéos peuvent certes être utiles pour situer des responsabilités en cas de délits, par exemple, et d’autres sont informatives ou justes agréables à regarder. Et c’est O.K. Mais au-delà de ça, efforçons-nous d’avoir une conduite responsable s’agissant de la circulation d’images (et d’informations en général) mais aussi de notre comportement en public. Car il est si facile aujourd’hui d’enregistrer et de diffuser des images…
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