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Municipales 2025

Ça s’emballe…

29 janvier 2025

Sap dan enn, tomb dan lot. Après une période électorale (nationale) intense, les citadins.nes se préparent à en vivre une autre avec les élections municipales qui devraient avoir lieu le 4 mai (dix ans après le dernier rendez-vous régional). Les politiques discutent et pensent stratégie. Le gouvernement voit plus grand et évoque une réforme. Alors que les habitants.es des villes rêvent de renouveau…

Ça va bouger !

Le Local Government Act devrait connaître des changements importants. Et le gouvernement Sanzman s’active sur ce dossier : une première réunion du comité ministériel a eu lieu il y a quelques jours. Et il a été décidé que les discussions avec les parties prenantes et le public auront lieu jusqu’au 31 mars. Ce n’est qu’après ce délai et un travail de réflexion, de décision et de synthétisation que la réforme des collectivités locales sera présentée au Parlement.

**Des citadins.es en quête de… changement **

Sherine, Sunil, Juliette et Stéphanie rêvent que les choses bougent.

Un nouveau souffle, une nouvelle ère... Les citadins.es interrogés.es tiennent tous.tes le même discours ; il faut que ça bouge. À Quatre-Bornes, Sherine Regnaud, retraitée, évoque la nécessité que le conseil municipal s’engage pour gérer les «rues sales». Elle parle de ces dépotoirs improvisés qui pourrissent la vie : «C’est la municipalité qui doit mettre de l’ordre ; placer des caméras, faire des patrouilles et, surtout, sévir.» Elle se déplace avec une canne et déplore que les trottoirs soient pris d’assaut par les voitures en stationnement depuis l’arrivée du métro. Le tram a apporté son lot de problèmes pratiques, précise-t-elle. Il est temps que la mairie s’y intéresse et soulage les habitants.es.

Elle demande plus d’activités pour les jeunes. Comme dans toutes les villes d’ailleurs, c’est une thématique récurrente. À Ollier, Juliette Babet espère le «changement» : «Plus d'emplois pour les jeunes, des camps de vacances afin qu'ils puissent être épanouis.» À Curepipe, Sunil Suddasson rêve d’une «équipe motivée avec l'aide du gouvernement central». Pour l’instant, celle en place s’occupe uniquement du «ramassage des ordures». Comme attentes «principales», il partage les suivantes : «Gestion des infrastructures routières, rénovation de notre stade George V ainsi que des terrains synthétiques pour les jeunes. Que le Trou-aux-Cerfs et le Jardin Botanique soient revalorisés, et qu’il y ait des animations musicales les week-ends.» Il se dit «pour la taxe pour villes et les villages en fonction des maisons».

Feroz qui habite Vacoas estime, lui, que la taxation des maisons est un concept révolu. Et qu’il faudrait lancer l’idée d’une participation annuelle de la part des habitants selon leur revenu déclaré : «Ce serait plus juste.» Pour lui, l’essentiel à Vacoas, c’est de gérer les rues défoncées et le problème de la sécurité. À Port-Louis, Caroline rêve d’une politique qui fasse revivre la capitale hors des heures de bureau. Une façon de créer du mouvement, de la vie : «Pour donner envie à nos jeunes de rester.» À Beau-Bassin-Rose-Hill, Stéphanie Philippe estime qu’il faut une reprise de gestion à tous les niveaux ; les infrastructures routières, les centres de santé, les toilettes publiques et les autobus.

**De villages à villes : oui, mais… **

Vashish Bijloll, Ali Jareehag et Nausheen Mowlabacus partagent leur point de vue.

C’est une rumeur persistante. Certains villages accèderont au statut de ville avant les prochaines municipales ; il s’agirait d’un amendement à prévoir au Local Government Act. Les villages concernés seraient les suivants : Goodlands, Triolet, Flacq et Mahébourg. Une possibilité qui réjouit certains.es, mais pas tous.tes. Nausheen Mowlabacus de Goodlands a un regard positif sur ce possible changement: «C’est une bonne chose. Dans le village, au niveau des facilités, on peut dire qu’on est au niveau zéro. Une bonne fourniture d’eau et d’électricité, des espaces de parking, un complexe sportif avec piscine ou encore un endroit pour se retrouver en famille ; c’est ce qui manque cruellement.» Meenakshi de Flacq partage le même avis : oui, pour les améliorations, pour une meilleure qualité de vie, pour plus d’opportunités. «Les villes sont plus développées et Flacq mérite d’avancer.» Pour Ali Jareehag de Triolet, il faut pousser la réflexion bien plus loin : «Si on fait les gens payer la taxe municipale, je pense que beaucoup ne seront pas d’accord. À Port-Louis, les habitants payent pour le tout-à-l’égout, non ? Ce ne sera pas un système possible, ici. Tous les chemins résidentiels devront être cassés ; ce n’est pas possible.» Lui ne comprend pas les critères utilisés pour faire de ces villages, dont le sien, des villes : «La population ? Le développement ? Aucun de ces villages ne se ressemble si on prend ces marqueurs. Je crois qu’ils font cela pour booster les revenus de la taxation.»

Pour Vashish Bijloll de Goodlands, qui a été candidat indépendant lors des législatives 2024, l’idée est à creuser : «Le changement peut apporter plus de représentativité à Goodlands, c’est un grand village et il est rattaché à 18 autres au sein du District Council, ce qui défie un peu la logique.» Mais pour que ce changement de statut soit efficace, il faut revoir les attributions des municipalités (mais aussi des District Councils) : «Aujourd’hui, le rôle des mairies ou des conseils de district a été considérablement réduit à des sujets simples tels que la voirie, l’éclairage et le colmatage de routes secondaires. Il faut donner plus de dignité, plus de valeur et plus de responsabilités à une mairie. Il faut qu’elle puisse s’engager dans une vision et avoir les outils pour la faire devenir une réalité.»

Les politiques : un rendez-vous à vivre ou (peut-être) pas !

Kes savon ou pas kes savon ? La question se pose et s’impose pour ces partis politiques qui n’ont pas encore annoncé leur intention de participer à la joute électorale tant attendue des villes. L’Alliance du Changement, désormais au gouvernement, briguera ces suffrages-là, surfant sur un vent de popularité indéniable. Reste à savoir si, après la débâcle de novembre 2024, le MSM participera à ce rendez-vous qu’il a longtemps repoussé. Pour certains observateurs, pas de doute, il faut compter avec le MSM !

Si la famille orange doit se faire un devoir de faire acte de présence lors de ce processus démocratique, pour se relancer, pour marquer sa présence, pour démontrer son engagement envers la population, la stratégie est encore à être définie. En tout cas, elle n’a pas été communiquée. Pourtant, on s’attendait à une annonce,cette semaine. Pravind Jugnauth avait réuni ses partisans au Sun Trust le lundi 20 janvier. Une première rencontre après le retentissant 60-0 ; le temps de (re)mobiliser et de parler de restructuration. De se tourner vers l’avenir. Et, certainement, vers les élections municipales.

La participation du MSM est inévitable, estime un membre du parti : «Les Mauriciens ont déjà leur dose du Sanzman. Mari 14e mwa, mari bes lor lesans, mari bes lor bann manze, non ? Nous attendons, comme l’a dit notre leader, les communications officielles concernant la tenue de ces élections.» L’aventure municipale se fera-t-elle avec les alliés du MSM (Ivan Collendaveloo, Steven Obeegadoo…)? Mystère !

Et le PSMD ? Après une union express avec le MSM et ses alliés, la séparation n’a pas tardé après la défaite aux législatives. Au sein de la formation politique, néanmoins, le next step n’est pas encore défini même: «Il faut participer. Même si on va mordre la poussière, c’est un message fort : nous sommes là pour le peuple, nous apprenons de nos erreurs. Mais je sais que certains sont contre ; ce serait beaucoup d’investissement pour un accueil difficile, ce serait beaucoup trop tôt après la défaite», confie un Joe.

En Avant Moris (EAM), partant. C’est Patrick Belcourt, leader d’EAM, qui l’a annoncé : son équipe et lui seront de la partie. Les modalités de cette participation seront dévoilées bientôt. Le manifeste électoral est, lui, déjà disponible sur le site d’EAM. Pour Christopher Durhone (photo), membre de ce parti, il est grand temps de restaurer le pouvoir des villes : «Nos villes ont besoin de personnes qui y habitent, qui connaissent bien les problèmes du quotidien et qui savent comment les résoudre. Nos villes ont besoin de revivre avec des activités et de nouveaux projets, que ce soit dans le sport, la musique et même le théâtre.» Lui qui vient de Beau-Bassin-Rose-Hill sait de quoi il parle : *«Les problèmes à traiter en urgence : le fléau de la drogue, le ramassage des déchets (surtout les encombrants) et les chiens errants. En Avant Moris est plus que près à y faire face.» *

Le Reform Party à fond ! Roshi Badhain se (re)jette dans l’arène ; son congé politique de quatre ans (annoncé après sa défaite aux législatives de 2024) a été vécu en mode FFW. Il a annoncé que le RP alignera des candidats dans les cinq villes.

Mais aussi. Nando Bodha (Rassemblement Mauricien) et Linion Moris (Rama Valayden) devraient maintenir leur alliance et se présenter aux municipales.

Questions à Samuel Carriapen de Monad Charity «Des initiatives concrètes pour améliorer la vie des familles»

Qu’attendez-vous de ces élections ?

«En tant qu’ONG engagée dans le soutien aux communautés vulnérables, nous espérons que les prochaines municipalités mettront en place des initiatives concrètes pour améliorer la vie des familles, des enfants et des jeunes. Les conseils municipaux peuvent jouer un rôle déterminant dans la création d’un environnement favorable pour nos initiatives, et nous sommes prêts à collaborer pour transformer ces idées en réalité.»

Comment ça peut se traduire dans la réalité ?

«1) Soutien aux initiatives éducatives et sociales : faciliter l’accès à des espaces publics pour des programmes éducatifs, des ateliers créatifs et sportifs, ainsi que des activités de sensibilisation pour les familles en difficulté. 2) Partenariats pour répondre aux besoins locaux : trouver des solutions avec les ONG pour offrir un accompagnement global aux familles. 3) Développement d’initiatives communautaires innovantes : lancer des projets collaboratifs qui renforcent la cohésion sociale.»

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