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Allégations de harcèlement au travail : Kishore Taucoory s’en remet aux autorités suite au décès tragique de sa fille

Pour quelles raisons ne voulait-elle plus se rendre à son travail ? Les grosses responsabilités qui pesaient sur ses épaules l’avaient-elle rendue malade ou est-ce parce qu’une collègue lui rendait la vie dure ? Le 10 novembre, Nishi Taucoory a emporté avec elle son secret dans la tombe. Son père, convaincu qu’elle a quitté ce monde parce qu’elle se faisait harceler par une Senior Officer, a porté plainte. Il raconte sa peine…

La douleur lui transperce le cœur. Lorsque nous le rencontrons le vendredi 22 novembre, Kishore Taucoory, membre des Bhojpuri Boys, a toujours les yeux gonflés et rougis d’avoir trop pleuré. Voilà déjà deux semaines depuis que sa fille unique, Nishy, la prunelle de ses yeux, a succombé à une attaque cérébrale. Mais le temps qui passe n’estompe en rien sa douleur. Pour cause, il estime qu’elle était victime de harcèlement sur son lieu de travail à la Mauritius Society of Authors (MASA) et que c’est ce qui l’aurait rendue malade. Il a consigné une déposition aux Casernes centrales, le 16 novembre. Ce, après avoir fait des captures d’écran de propos injurieux et racistes qu’a posté l’une des collègues de sa fille à son sujet sur les réseaux sociaux avant et après son décès. Une enquête est en cours.

 

La vie de Kishore Taucoory a basculé le 10 novembre lorsqu’il a reçu un appel de l’hôpital lui annonçant cette nouvelle à lui glacer le sang : sa fille Nishy, sa petite protégée, venait de pousser son dernier soupir. Une attaque cérébrale a eu raison d’elle. Même si, pendant plusieurs mois, Nishi avait multiplié les allers-retours entre son domicile, la clinique et l’hôpital, elle n’a pu être sauvée. Kishore Taucoory aurait tant aimé n’avoir de sa fille que le souvenir de cette jeune femme de 36 ans, «sympathique, joviale, polie et toujours courtoise». Mais au cours de ces derniers mois, tout avait changé : «C’est une jeune femme amère, renfermée et maladive qui avait pris le dessus. Ce n’était pas la Nishi que je connaissais.» Il allègue que cette transformation radicale serait due au harcèlement moral qu’elle aurait subi à la MASA après avoir été promue Acting Human Ressources Manager (HR).

 

D’après Kishore Taucoory, le parcours académique de sa fille n’a pas été de tout repos. Mais à force de persévérance, elle a obtenu un Master’s et a gravi les échelons. Après avoir endossé le rôle de Management Support Officer (MSO) au sein de la MASA, elle avait été promue au département des ressources humaines il y a environ cinq ans ; sa promotion était contestée sous le couvert de l’anonymat par plusieurs de ses collègues auprès de l’ICAC et de l’Equal Opportunities Commission. «Elle avait été convoquée, et je l’avais aussi été par la suite parce que je siégeais au sein du Board de la MASA. Mais elle avait été promue avant même que j’en fasse partie. Elle méritait son poste et avait toujours été très professionnelle. Aucune suite n’avait donc été donnée à ces plaintes et elle a gardé son emploi. »

 

Ce n’est qu’en août de cette année que Nishy aurait commencé à montrer des signes de faiblesse. «Elle a éclaté en sanglots parce qu’elle ne voulait pas se rendre au travail. Elle disait qu’elle ne supportait plus cette mauvaise atmosphère. Lorsque je l’ai ramenée à la maison, son état de santé s’est détérioré. J’ai donc dû la conduire à la clinique et elle y a été admise pendant une vingtaine de jours parce qu’elle souffrait de tension forte.» Kishore Taucoory se souvient qu’à chaque fois que la date de la reprise approchait, elle stressait à nouveau. «Même sur son lit d’hôpital, elle me répétait constamment qu’elle ne voulait plus aller travailler. Les médecins lui avaient demandé de se calmer car sa tension ne baissait pas, mais son état n’a fait que se dégrader jusqu’à entraîner sa mort.» Ce n’est que par la suite que son père a appris qu’une de ses collègues, une Senior Officer, la persécutait.

 

Sollicité, une source proche du dossier explique que Nishy ne s’était jamais plainte de harcèlement auparavant. «Des propos injurieux et racistes ont été tenus à son égard par une subordonnée qui a eu tort de le faire, certes, mais je ne pense pas que c’est ce qui a entraîné sa mort. Elle avait déjà la santé fragile. Elle souffrait de bronchite et de problèmes cardiaques depuis 2015. Elle endossait en même temps beaucoup de responsabilités au travail et, pour cela, il faut avoir les épaules solides. Elle m’en avait déjà parlé. Gérer toute cette pression n’était sûrement pas facile pour une patiente cardiaque.»

 

Notre source explique tout de même que Nishy n’est pas la seule à avoir eu des différends avec la Senior Officer qui la persécutait. «Cette femme avait déjà été suspendue pendant plusieurs mois en 2014 à cause de son comportement. Mais le ministère des Arts et du patrimoine culturel n’avait pas suivi les procédures qu’il fallait et elle a été réintégrée.» Michael Veeraragoo, chairman de la MASA, indique que «le Board de la société a initié une enquête en ce sens, donc des mesures ont été prises pour voir clair dans toute cette histoire. Nous attendrons les conclusions pour prendre les mesures qui s’imposent».

 

Dans le sillage de la plainte enregistrée, le samedi 16 novembre, pour harcèlement aux Casernes centrales, Kishore Taucoory déclare : «J’ai confiance en la loi du pays et en la MASA. Je laisse tout entre leurs mains. Je compte sur eux pour rétablir les faits.»