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19 octobre 2015 01:37
Il est en liberté. Mais se dit toujours prisonnier d’une situation qui le hantera et le poursuivra toute sa vie. «Cette étiquette de meurtrier ne me quittera jamais. Depuis ma libération, on porte sur moi un regard accusateur. Je le sens et cela me met mal à l’aise», lâche Arnaud Boodram. Arrêté suite au meurtre de la petite Edouarda Eléana Gentil, disparue dans la nuit du 5 avril et retrouvée morte à Nouvelle-France 11 jours plus tard, cet habitant de Cité Mangalkhan, Floréal, a toujours clamé son innocence.
En l’absence de preuves scientifiques pouvant l’incriminer directement, la police s’était basée sur plusieurs éléments qui faisaient d’Arnaud Boodram un suspect potentiel : les traces de blessures qu’il portait sur son corps, sa présence à la fête où se trouvait la fillette de 11 ans le soir de sa disparition et ses antécédents pour des délits à caractère sexuel.
En juillet, après la divulgation des résultats des tests ADN à partir de prélèvements effectués sur lui et d’autres hommes présents dans l’entourage de la petite Edouarda ce soir-là, Arnaud Boodram voyait enfin la lumière au bout du tunnel. Car il s’est avéré que le sperme d’un habitant de Cité Anoska, James Ramasawmy, avait été retrouvé sur les sous-vêtements que portait la fillette au moment de sa disparition. Son avocat, Me Deepak Ruthnah, avait alors entré une motion en cour en vue de le faire libérer.
«J’ai toujours clamé mon innocence. Je ne suis pas mêlé à cette affaire. Je ne suis pas un saint, mais je ne suis pas le monstre que les gens croient. J’étais très heureux d’avoir obtenu la liberté conditionnelle, mais je n’avais pas l’argent nécessaire pour régler la caution. Heureusement qu’on a pu trouver une solution au bout de plusieurs semaines», soutient-il. C’est un avocat mauricien établi en Australie qui l’a aidé à payer sa caution.
Arnaud Boodram raconte qu’il a passé les jours les plus sombres de son existence à la prison de Beau-Bassin où il était incarcéré au Block F. «J’ai reçu toutes sortes de menaces, car on croyait que c’était moi le meurtrier. Je devais toujours me justifier. On était à six au Block F. On ne pouvait pas s’aventurer dans la cour. Nous passions nos journées à circuler dans un couloir étroit ou à dormir dans notre cellule. J’ai même fait une dépression. Je ne pouvais pas supporter d’être enfermé pour un crime que je n’avais pas commis. De plus, j’avais aidé lors des recherches.»
Revenant sur la soirée du 5 avril, il affirme que c’était la première fois qu’il voyait Edouarda. Et que les traces de blessures retrouvées sur son corps peu de temps après étaient le résultat d’un terrible malentendu. «Je dormais chez des amis à Cité Anoska et je me suis réveillé en sursaut, car je sentais qu’on me frappait. On m’a dit que j’avais fait des attouchements sur une fillette. Mais je n’ai aucune connaissance ou souvenir de cela», explique celui qui a déjà été accusé d’abus sexuel sur mineure dans le passé. Père d’un enfant, il ne sait pas de quoi son avenir sera fait maintenant, surtout sur le plan professionnel. «Je ne sais pas si je retrouverai du travail. Mais je souhaite changer de vie et me repentir pour mes erreurs du passé.»
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