Les enquêteurs avaient d’abord cru à une noyade après avoir découvert son corps sans vie sur la plage d’Anse-Fémi, à Rodrigues. Mais une autopsie a vite conclu que Laval Désiré François, 66 ans, avait été agressé mortellement. Quatre arrestations, dont celle de Cynthia Speville, son épouse de 19 ans, ont eu lieu dans le cadre de cette affaire.
Ils avaient tant espéré pouvoir échapper au flair des enquêteurs. Ce crime odieux, ils avaient tout fait pour qu’il passe pour une disparition ou encore une noyade si jamais le corps de Laval Désiré François – un habitant de Grand La Fourche, Mangues, âgé de 66 ans – était retrouvé. C’est en effet ce qui s’est produit le mardi 23 juillet, aux alentours de 7 heures, sur la plage d’Anse-Fémi, à Graviers, Rodrigues. Ce matin-là, la police de Grande- Montagne avait été alertée de la présence du corps d’un homme nu qui gisait sur le sable. Il portait aussi des blessures et des ecchymoses au visage. En arrivant sur les lieux, les forces de l’ordre n’ont pu que constater que l’individu avait déjà rendu l’âme. Son corps a été conduit à la morgue de l’hôpital de Crève-Cœur. Si dans un premier temps, la police soupçonnait une noyade, une autopsie a attribué sa mort à une fracture with dislocation of the cervical vertebrae, confirmant qu’il s’agissait bien d’un meurtre.
Dans l’entourage de Désiré François, la colère a vite pris le dessus sur le choc, le chagrin et la consternation, lorsque les médecins ont donné leur verdict sur à la cause du décès. Car aux dires de ceux ayant côtoyé la victime, il s’agissait d’un homme sans histoire. Mais leur irritation s’est accentuée lorsque les arrestations ont commencé à pleuvoir. Après avoir obtenu des renseignements précis, la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Mathurin, qui s’est saisie de l’affaire, a procédé à quatre arrestations, le mercredi 25 juillet : celle de Marie Cynthia Speville, 19 ans, l’épouse de la victime ; Louis Emmanuel Adeline, 23 ans ; Henry Didier Jean-Louis, 21 ans ; et l’épouse de ce dernier, Isabelle Jean-Louis, 19 ans.
Questionnés, ils sont tous passés aux aveux, à l’exception de Cynthia Speville. Trois d’entre eux ont comparu devant le tribunal de Port-Mathurin le lendemain, sous une accusation provisoire de meurtre, avant d’être reconduits en cellule. Mais la suspecte Cynthia Speville, sur le point d’accoucher au moment de son arrestation, a dû être admise à l’hôpital de Crève-Cœur où elle a donné naissance à un petit garçon. Elle s’y trouve toujours, surveillée par des sentinelles.
D’après nos renseignements, cela faisait un mois que Désiré Laval et Cynthia Speville s’étaient mariés civilement. Mais d’après les déclarations des trois autres suspects, il semblerait que les intentions de la jeune femme à l’égard de son époux n’avaient jamais été bonnes. Car le lundi 22 juillet, alors qu’elle se trouvait à la plage d’Anse-Fémi avec lui, elle aurait envoyé un SMS au suspect Didier Jean-Louis – qui serait son amant et le père de son enfant – pour qu’il vienne sur place et agresse le sexagénaire pour lui soutirer de l’argent.
Au départ, Didier Jean-Louis, accompagné d’un ami et de son épouse, se serait tenu à plusieurs mètres de l’endroit où était assis le couple. Ce n’est qu’au moment où Désiré Laval quittait les lieux qu’il l’aurait provoqué, avant de le rouer de coups. Une source policière indique que ce serait pendant l’agression que son épouse aurait changé d’avis et demandé à son amant d’en finir avec lui. Et pour être sûr de leur coup, les agresseurs présumés du vieil homme auraient balancé son corps à la mer en espérant qu’il puisse disparaître sur les flots. Le jeudi 25 juillet, les deux hommes arrêtés dans le cadre de cette affaire ont participé à un exercice de reconstitution des faits.
Toujours selon une source policière, il semblerait que la suspecte Cynthia Speville avait prévu que le meurtre de Désiré Laval ait lieu après qu’il eut déclaré l’enfant qu’elle attendait. Elle aurait, dans ce cas, pu bénéficier d’une pension. Mais les choses ont finalement pris une autre tournure, le lundi 22 juillet. Le forfait accompli, la jeune femme aurait envoyé des SMS à son époux et l’aurait appelé à plusieurs reprises afin d’écarter tout soupçon s’il advenait qu’elle soit interrogée par les enquêteurs. À ce stade de l’enquête, elle nie toujours les faits qui lui sont reprochés.