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Le couple d’«évadés» du centre de quarantaine regagne son domicile : «Nous sommes soulagés que nos enfants n’aient pas eu à vivre ce moment avec nous»

16 avril 2020

Les résultats de leurs tests s’étant avérés négatifs, ils ont pu rentrer chez eux le 5 avril.

Ils ont vécu une expérience qu’ils ne sont pas près d’oublier. Jean Vygum Begue, 35 ans, et sa concubine Marie Estelle Megane Hélène, 25 ans, avaient beaucoup fait parler d’eux durant la première semaine de lockdown à Maurice. Pour cause, ils avaient pris la fuite du centre de quarantaine de Belle-Mare, déplorant les «conditions inhumaines» dans lesquelles ils avaient été confinés et craignant pour leur santé. Leur «cavale» avait provoqué la panique dans la population. Au bout de deux jours, ils avaient fini par se livrer aux autorités et avaient regagné le centre. Le dimanche 5 avril, ils ont enfin été autorisés à rentrer chez eux après avoir été testés négatifs au Covid-19 à deux reprises et ont pu retrouver leurs quatre enfants, pour leur plus grand bonheur. 

 

Lorsqu’ils avaient quitté Maurice pour se rendre à l’île sœur le 13 mars, Vygum Begue et Megane Hélène étaient loin de s’imaginer dans quoi ils allaient être embarqués à leur retour. «Nous nous sommes rendus à l’île de La Réunion à l’occasion de l’anniversaire de mon concubin. Nous y avons passé uniquement quelques jours parce que nous ne pouvions pas être séparés de nos enfants plus longtemps», raconte la jeune femme. Ils étaient alors loin de penser qu’en l’espace de quelques jours, le coronavirus aurait gagné du terrain très rapidement dans les deux îles voisines. C’est la raison pour laquelle ils ont été contraints de se soumettre à un examen de santé à La Réunion juste avant de rentrer dans l’île, le mercredi 18 mars. À leur grand soulagement, les résultats des tests s’étaient avérés négatifs. 

 

Cependant, les tourtereaux n’étaient pas au bout de leurs peines. À leur arrivée à Maurice, ils ont appris que des mesures strictes avaient été prises concernant les personnes rentrant de pays touchés par la pandémie et ont été conduits au centre de quarantaine de Belle-Mare, bien que testés négatifs à l’île soeur. «Sur place, nous nous sommes rendu compte que les conditions dans lesquelles nous allions être confinés laissaient à désirer. Tou dimounn ansam, enn dortwar pou 16 dimounn. Ti ena pe dormi anba deor, lot pe dormi lor ban, alor ki nou ti sipoze isole pou evit kontaminasion.» Ils ont donc préféré fuir le centre de quarantaine, ne voulant pas être contaminés par d’autres individus potentiellement atteints par le virus. 

 

«Malerezman, kan nou finn evade, dimounn inn fer nou fami strese koumadir nou ti malad e ki nou ti pou fann sa avek la popilasion. La polis ti pe rod nou partou kot nou fami koumadir nou ti bann residivis», déplorent-ils. Contre leur gré, ils ont fini par se livrer à la police au bout de deux jours dans l’espoir d’être confinés dans de meilleures conditions que les précédentes. «C’est d’ailleurs ce qu’on nous avait promis ; que nous ne serions pas ramenés au centre de quarantaine de Belle-Mare mais que nous irions ailleurs, où nous n’aurions pas à craindre pour notre santé. Mais ce n’était qu’un tissu de mensonges.» Ils ont de ce fait décidé de prendre des mesures pour vivre le confinement à leur manière. «Des proches nous ont apporté une tente et nous nous sommes isolés des autres jusqu’à notre transfert à Solana Beach, un autre centre de quarantaine. Apre lamor la tizann, si nou ti bizin infekte, li ti pou fini arive.»

 

Après que leurs deux tests au Covid-19 se sont révélés négatifs, Vygum Begue et Megane Hélène ont finalement regagné leur domicile le dimanche 5 avril. «Nous n’avons pas pu récupérer nos enfants tout de suite parce que des voleurs étaient entrés chez nous par effraction en notre absence. Les dégâts étaient considérables. Nous avons dû nettoyer la maison de fond en comble et tout désinfecter avant de pouvoir récupérer nos enfants ce jeudi», raconte Megane Hélène. Son compagnon et elle se disent «soulagés que (nos) enfants n’aient pas eu à vivre ce moment avec nous» et tentent aujourd’hui de reprendre le cours de leur vie.

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