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20 octobre 2020 02:16
L’un rejette tous les torts sur l’autre. Le CCID a interrogé Kinsley Bhawaneedin à plusieurs reprises depuis son retour au pays. Et le rescapé du Sealuck assure ne pas être au courant du trafic de drogue sur l’axe Maurice-Réunion. Toutefois, il accuse Christophe Louis qui se trouvait également sur le hors-bord mais qui est toujours porté disparu.
Ces deux habitants de Bel-Ombre avaient fait la traversée vers l’île sœur sur un speedboat appartenant à un boutiquier de leur localité, en juin. L’embarcation aurait servi à transporter illégalement des cigarettes à La Réunion, en échange d’une importante quantité de cannabis. Mais elle s’est échouée sur la plage de galets de Saint-André.
Kinsley Bhawaneedin, 24 ans, a pu regagner les côtes réunionnaises après le naufrage. Cependant, Christophe Louis, 31 ans, est toujours porté disparu. Épuisé après cinq jours et cinq nuits de cavale, Kinsley Bhawaneedin s’est constitué prisonnier au commissariat de St-André, le lundi 22 juin. Il a alors expliqué aux gendarmes que son complice et lui ont eu une panne de moteur alors qu’ils étaient au milieu d’une mer démontée. Leur hors-bord a fini par se fracasser contre un rocher. Les deux Mauriciens n’ont eu d’autre choix que de se jeter à l’eau.
Kinsley Bhawaneedin raconte avoir nagé pendant près de trois heures, avant d’atteindre le rivage. Il avait déjà perdu de vue Christophe Louis. Le rescapé du Sealuck se serait ensuite caché, avant de se rendre aux autorités réunionnaises. Kinsley Bhawaneedin a d’abord été placé en résidence surveillée. Le CCID a procédé à son arrestation à son retour au pays le 15 septembre. Il a, dans un premier temps, été placé en quatorzaine, suivant le protocole sanitaire, et a comparu en cour le 29 septembre. Il fait l’objet d’une accusation provisoire de Breach of Immigration Act.
Les limiers du CCID l’ont interrogé plusieurs fois, notamment sur la contrebande de cigarettes. Mais Kinsley Bhawaneedin rejette tous les torts sur Christophe Louis. Il soutient être sorti en mer uniquement «pou al lapes» et dit ignorer qu’il y avait des cigarettes à bord. Selon ses dires, le propriétaire du Sealuck, un boutiquier de leur localité, «ti pret bato-la» pour une partie de pêche. Également interrogé, ce dernier a confirmé les dires de Kinsley Bhawaneedin. Mais les enquêteurs ont noté plusieurs incohérences dans le contenu de ses dépositions et celles de Kinsley Bhawaneedin.
Si tous deux affirment qu’ils n’étaient pas en contact dans la nuit du naufrage, faute de réseau téléphonique, la police a pu retracer un appel cette nuit-là entre le rescapé et le boutiquier de Bel-Ombre. Le CCID s’intéresse aussi à l’origine de la grande quantité de cigarettes que transportait le Sealuck. Il dispose déjà de plusieurs informations troublantes contre un douanier qui serait proche du boutiquier.
La marque des cigarettes retrouvées n’est pas en vente à La Réunion. En revanche, elle se vendait jusqu’à tout récemment comme des petits pains et par livre à Bel-Ombre. Le douanier et le boutiquier ont-ils quelque chose à voir avec les cigarettes saisies à l’île sœur ? Le boutiquier a-t-il de la famille à La Réunion ? Entretient-il une liaison avec une proche de Kinsley Bhawaneedin qui habite à St-Martin, Baie-du-Cap ? Autant de questions que se posent les limiers du CCID car des habitants de cette localité allèguent que Christophe Louis aurait été secouru par des proches du boutiquier.
Kinsley Bhawaneedin aurait, quant à lui, été invité à «pran sarz» contre une grosse somme d’argent parce qu’il est le plus jeune dans ce réseau de trafiquants. L’enquête se poursuit…
Nouveau casse-tête pour les autorités à l’île sœur, après le naufrage d’un autre speedboat mauricien, cette fois à St-Benoît, au nord-est de La Réunion. Ce sont des témoins qui ont alerté la gendarmerie le vendredi 16 octobre. L’embarcation était sans équipage et contenait des bidons de carburant ainsi que des équipements de pêche et des sacs. Les recherches, par voies maritime et aérienne, n’ont rien donné.
À Maurice, un habitant de l’Ouest a consigné une déposition pour signaler le vol de son hors-bord. Il explique avoir laissé la clé sur le moteur. La police traite cette affaire avec une attention particulière car elle semble similaire à celle du 18 juin, où un autre hors-bord mauricien avait échoué à Saint-André, à La Réunion.
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