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Discours-programme 2025-2029

Grandes promesses et réformes ambitieuses pour une nouvelle île Maurice

27 janvier 2025

Le gouvernement a dévoilé, le vendredi 24 janvier, son plan d’action pour les cinq prochaines années. Le discours-programme 2025-2029 a été officiellement présenté par le président de la République Dharam Gokhool au Sir Harilal Vaghjee Hall. L’Alliance du Changement souhaite, à travers les mesures et les promesses énoncées, donner un nouveau souffle au pays et avoir une vraie rupture avec le passé afin de créer une île Maurice nouvelle, basée sur le progrès et la modernité. En attendant les débats parlementaires autour du discours-programme qui débuteront le mardi 4 février au Parlement, voici un tour d’horizon des mesures principales annoncées par le gouvernement.

Ce qu’ils en pensent

Le discours-programme a suscité plusieurs réactions. Est-il à la hauteur des attentes ? Les priorités ont-elles été respectées ? Réactions…

Manisha Dookhony, économiste : «Une vision à long terme sur le développement économique»

Ce qui est bien, c’est que le gouvernement propose une vision à long terme sur le développement économique alors qu’au cours de ces dix dernières années et même plus, ce sont des choses à court terme avec des mesures dans le Budget qui ont été faites sans jamais vraiment aller plus loin. Le travail que souhaite faire le gouvernement par rapport à la gouvernance est intéressant. Je pense que la notion de confiance est essentielle si l’on veut attirer les investisseurs. Ces dernières années, beaucoup ont perdu confiance dans l’économie mauricienne et la gouvernance. Il nous faut une vraie efficience. Dans l’environnement des affaires, c’est une notion importante. Une plus grande attention doit cependant être accordée à la question de la dette, de nos dépenses sur les importations. Des annonces ont été faites, mais nous espérons qu’elles seront soutenues par des mesures dans le futur.

Par rapport au secteur agricole, je crois fermement que c’est un secteur qui peut amener le développement économique dans le pays. On importe beaucoup trop ce qui pourrait être produit localement. Il y a un travail qui doit être fait en agri-business par rapport à l’économie bleue. On parle aussi du développement des nouveaux secteurs incluant ceux de l’informatique et de l’innovation. Pour aller vers l’avenir, ce sont des éléments importants. On voit aussi que le gouvernement s’adresse au problème de la main-d’œuvre. Il s’agit d’une question fondamentale pour le développement économique car le manque de main-d’œuvre est une vraie contrainte. Mettre en place des mesures shared leave pour les nouveaux parents et la semaine de 40 heures permettront d’apporter un bon work-life balance, ce qui va donner un peu plus de respect à notre main-d’œuvre et réduire ce push factor. Il y a aussi tout un volet par rapport à la diaspora qui est un point important si on veut avancer. Notre diaspora est faite de plusieurs personnes hautement qualifiées, qui ont réalisé de grandes choses dans leur domaine de compétence et qui peuvent soit investir ici ou apporter leurs connaissances, leur connexion et interconnexion pour aider au développement.

Par ailleurs, je pense qu’une plus grande attention doit être accordée à la question de gaming et de gambling car elles comprennent des possibilités d’avoir plus de ressources et de revenus. Quand on fait une comparaison à travers le monde, on voit que les revenus que nous percevons par rapport à ce secteur sont peu. Cela demande donc une restructuration. En dernier lieu, je trouve intéressant ce qui a été dit sur les Chagos. En faire un État archipélagique, créer un état maritime avec plusieurs îles et avoir une connaissance sur la gestion des îles et de nos sovereign assets est une bonne allusion. On va dans le bon sens si on pense en termes de sovereign wealth management. Nous pouvons avoir une collaboration trilatérale avec plusieurs pays comme les Archipels Chagos – Maurice – Afrique – Inde ou Chine. On a un rôle à jouer dans tout ce développement trilatéral.

Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees : «Nous sommes restés sur notre faim»

Nous avons écouté le discours programme avec attention et avons constaté que l’accent a été mis sur des points phares du secteur éducatif. Néanmoins, je dois avouer qu’on s’attendait à avoir plus détails, plus de renseignements sur les conditions entourant ces mesures, comme le Maternity Leave, par exemple. En ce qui concerne la taxation, les enseignants investissent beaucoup dans les outils technologiques et l’income tax ne prend pas cela en considération au moment des déductions. Avec le coût de la vie extrêmement cher, nous espérons aussi que le barème de Rs 50 000 sera revu à la hausse et ramené à Rs 100 000 car beaucoup d’enseignants ne touchent ni compensation, ni 14e mois. En ce sens, on peut dire que nous sommes restés sur notre faim et attendons de connaître les conditions derrière.

Le point positif reste que le gouvernement réalise que les enseignants ne sont pas bien rémunérés. Les enseignants sont pénalisés dans différentes manières. Quand on parle d’une éducation de qualité, il faut s’assurer que les salaires et les conditions de travail soient aux normes. Aujourd’hui, on veut savoir car depuis dix ans rien n’a été fait. La réforme proposée dans le secteur éducatif comporte plusieurs annonces positives. Le gouvernement a réalisé que l’Extended Programme n’était pas adapté et que les 5 credits étaient un frein. Le Foundation Programme est un plus et la possibilité d’aller vers un A Level avec 2 ou 3 credits un encouragement pour beaucoup d’enfants. L’Assise de l’éducation est également une bonne initiative qui permettra de prendre des décisions. Nous saluons cette nouvelle approche basée sur les discussions et la collaboration.

Reeaz Chuttoo de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Publics et Privés : «Que ces réformes ne soient pas des paroles en l’air»

Je pense que le président a lui-même bien résumé son discours quand il dit «this is the will of the government and the wish of the population». Effectivement, ce qu’on voit aujourd’hui, c’est le souhait du gouvernement et l’espoir de toute une nation. Nous avons vu comme ça plusieurs gouvernements venir et faire de grandes promesses et à la fin de leur mandat, on nous disait «l’espoir fait vivre les imbéciles». Ce discours-programme n’est pas un Budget et n’a pas d’obligation légale, par contre, il a une obligation morale. C’est désormais à la société civile de se montrer vigilante et d'être bien organisée afin de s'assurer que ces réformes soient menées à bon port et que la population ne soit pas menée en bateau. Les Mauriciens ont voté pour l’Alliance du Changement sur la base des réformes en profondeur qu’ils ont promis d’amener. Au niveau de la CTSP, nous commencerons à partir du 10 février une campagne nationale avec la collaboration de la société civile afin de nous assurer que ces réformes ne soient pas des paroles en l’air car il s’agit de l’aspiration de tout un peuple.

Maya Sewnath de la SME Chambers : «Comment tout cela va profiter aux entrepreneurs ?»

Je dois dire qu’il y a beaucoup de choses qui ont été mentionnées et qui semblent prometteuses et encourageantes. L’ambition est là et j’espère qu’elle sera à la hauteur des enjeux. Plusieurs annonces comme les start-ups, les traités au niveau de l’Afrique et les substituts au niveau de l’import semblent vraiment intéressantes. Maintenant, il faut des mesures concrètes pour savoir comment tout cela va profiter aux entrepreneurs, quel sera le time frame et comment tout cela sera implémenté. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est comment les PME existantes seront embarquées dans tout cela, comment seront-elles soutenues afin de démarrer l’économie comme ils l’ont préconisée.

Joe Lesjongard, leader de l’opposition : «Les Mauriciens s’attendent à des actions»

Comme tout discours-programme, il y a une série d’intentions qui ont été mises de l’avant et j’espère qu’ils vont honorer leurs promesses. En tant que leader de l’opposition, je vais m’assurer qu’ils les réalisent durant leur mandat. Le pays a une base solide et cela dans différents secteurs. Je suis content de voir qu’ils ont mis l’accent sur le changement climatique, mais nous sommes déjà en train de subir ces effets. Dans leur programme, ils n’expliquent pas clairement comment nous allons nous attaquer aux effets du changement climatique. En ce moment, nous avons la sécheresse et je pense que les Mauriciens s’attendent à des actions à ce niveau. Je n’ai pas entendu non plus le transport et l’Internet gratuit. J’espère qu’ils vont respecter leur parole. Un autre point important c’est la politique de justice sociale. Sous l’ancien gouvernement, les Mauriciens ont pu bénéficier des aides de l’État. C’est important que ces acquis soient préservés.

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