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11 mars 2014 14:23
La complémentarité dans une relation tient-elle de nos similitudes ou de nos différences ? On dit souvent que pour qu’un couple dure, il faut que les partenaires partagent les mêmes valeurs, les mêmes centres d’intérêts et les mêmes goûts, mais jusqu’à quel point est-ce vrai ? Entre les goûts musicaux qui divergent, le choix du film à voir au cinéma qui fait débat, et les convictions politiques qui divisent, ce n’est pas toujours facile de s’entendre. En même temps, qui a dit que l’on devait s’entendre sur tout ? Chaque personne étant unique, il est donc logique que chaque couple soit fait de différences.
La plus fondamentale d’entre elles, déclare Hema Conhyedos, spécialiste en counselling et secrétaire de l’association Second Life, est justement que l’homme est un homme et que la femme est une femme. Les deux n’ont pas le même rapport aux événements de la vie, la même manière de voir les choses et les attentes varient chez l’un comme chez l’autre. Certaines de ces différences sont anodines et permettent de dynamiser et de pimenter la vie de couple alors que d’autres sont insurmontables. D’ailleurs, beaucoup de couples se sont séparés sur ce constat : «Nous sommes trop différents.»
Effectivement, quelques fois, celles-ci sont trop importantes et finissent par amener une rupture au sein du couple. Avoir des divergences sur la religion, le mariage, les enfants par exemple, peuvent empêcher la construction et l’évolution de la relation. «Quand on parle du long terme, il est bon d’avoir un accord commun principalement sur les questions fondamentales de la vie. C’est bien de se retrouver sur les visions communes de la vie à deux, et que les deux aient le même but», explique Hema Conhyedos.
En revanche, souligne-t-elle, pour ce qui est de la vie de tous les jours, c’est aussi bon de ne pas toujours se retrouver sur tout. À trop aimer les mêmes choses et toujours pratiquer les mêmes activités, la relation risque de devenir monotone. Eh oui, vous l’aurez compris, pas besoin d’être d’accord sur tout pour être heureux. «Ces petits détails mettent du piment dans la vie. Un couple a besoin de conflit pour trouver de la profondeur et de l’épanouissement. Avoir des intérêts divergents peut aider à faire grandir la relation et devenir finalement la force du couple», déclare-t-elle.
Un clone ?
Pascal Duret, célèbre sociologue français, s’est lui aussi appesanti sur la question dans un récent article et a fait clairement la différence entre le fait d’être des âmes sœurs et pas des doubles : «Les individus ne veulent pas d’un clone ou d’un double, ils veulent continuer à exister en tant que personne singulière. Ils vivent une tension entre l’envie d’être des “âmes sœurs” et la peur d’être des “doubles” indifférenciés. Mais on peut être des “âmes sœurs” sans être des “doubles”.»
Il est tête en l’air, elle est responsable. Elle est dépensière, il est économe. Il aime le sport, elle préfère la lecture. Et alors ? Ne dit-on pas aussi que les contraires s’attirent ? Cependant, une fois que nous sommes bien installés dans la relation, ces petites singularités qui nous avaient peut-être attirés finissent par nous irriter. Paradoxalement, on finit par vouloir changer l’autre alors qu’on était tombé amoureux de lui aussi pour ses particularités. Hema Conhyedos a une explication à tout cela. L’autre, dit-elle, est un miroir qui nous renvoie notre propre image et reflète ce que nous avons à l’intérieur, comme nos angoisses, nos points noirs : «Il y a plusieurs manières d’aborder la question. D’abord, il faut savoir que nous sommes en attente d’être comblés par l’autre, d’où le fait de se mettre en couple. Nous cherchons à nous compléter avec les qualités de l’autre que nous ne possédons pas. Chaque individu a des besoins, des envies, des frustrations et la meilleure façon d’obtenir tout ça c’est d’essayer de changer l’autre pour qu’il réponde mieux à nos propres attentes.»
Une force
Pourtant, ces singularités de l’autre qu’on cherche à tout prix à changer peuvent être une force pour le couple qui saura en tirer parti. Pour y arriver, accepter l’autre tel qu’il est, le comprendre, partager et dialoguer avec lui sont essentiels. Si on y parvient, l’un et l’autre peuvent se compléter et voir leur relation s’épanouir. «Il faut qu’on comprenne que le partenaire idéal n’existe pas. Toute relation amoureuse demande un travail sur soi, sur sa propre personnalité. Quand on aime profondément une personne, on l’encourage à être ce qu’elle est vraiment. Le changement, si nécessaire, viendra naturellement et graduellement au cours de la construction de la relation», affirme Hema Conhyedos.
Et si, avant d’être une source de conflits, ces différences nous donnaient finalement l’occasion de communiquer, d’échanger et de partager ? Chaque personne aurait alors à accepter et apprivoiser les différences de son partenaire afin de trouver un terrain d’entente. Vous voulez faire du Quadbiking et elle se prélasser sur la plage ? Faites les deux. Trouvez un accord et faites des compromis. Au lieu de se chamailler à cause des chaussures de monsieur qui traînent, de la manière de cuisiner de madame, prenez du recul et positivez. «Il faut faire attention à ne pas réduire l’autre à ses petites habitudes. Le meilleur moyen de l’empêcher d’évoluer, c’est de focaliser sur ses petites manies que l’on juge insupportables et ne pas changer de regard», écrit Pascal Duret.
Compléter l’autre, lui apporter ce qui lui manque et vice versa, voilà, selon Hema Conhyedos, l’essence même de la vie à deux. «Chaque personne est différente mais pour qu’une relation de couple marche, il faut qu’il y ait des efforts des deux côtés. C’est avant tout un travail d’équipe.» Ces différences, au final, peuvent donner du sel à la relation, la rendre plus riche et rendre complémentaires deux personnes opposées.
Le saviez-vous ?
Les couples qui durent ont-ils un secret ? Selon des psychologues américains, il serait possible de prédire scientifiquement si un couple va rester ensemble pendant plusieurs années ou non. Pour ce faire, il faudrait analyser l’activité de leur cerveau en utilisant des techniques d’imagerie à résonance magnétique, lorsque chacun des partenaires pense à l’autre afin de savoir s’ils sont programmés pour l’amour durable. En observant les scanners, les chercheurs ont alors noté que les cerveaux de ceux qui étaient encore en couple, montraient une activité plus intense lorsqu’ils pensaient à leur partenaire.
Les confidences de…
Stéphanie et Alexandre (en couple depuis plus d’un an)
Alexandre : C’était en 2012. Je suis allé en boîte en mode chasseur et là au cours de la soirée, je t’ai vue.
Stéphanie : J’étais en mode fiesta. Je n’ai pas vraiment fait attention. Je lui ai fait un sourire et je suis partie.
Alexandre : On a pris contact et au fil des semaines, on a fini par se rapprocher. On a découvert qu’on avait la même passion, notamment le volley-ball. Au début, on était uniquement des amis mais elle n’a pas pu me résister bien longtemps
Stéphanie : On est toujours en train d’apprendre à se connaître. On est très différents. Tu es dépensier, je suis économe. Tu aimes te faire plaisir. Il aime prendre des risques, tout le contraire de moi. Il est paresseux aussi. Et des fois, ça m’énerve.
Alexandre : C’est vrai. Je me fais alors pardonner avec des chocolats et des fleurs. Tu es beaucoup plus posée que moi et certainement plus mature aussi. Quand quelque chose me tape sur les nerfs, je préfère tourner le dos et partir. Contrairement à toi, je ne réfléchis pas toujours avant de me lancer dans un nouveau truc.
Stéphanie : Je pense que nous pouvons utiliser ces différences pour enrichir l’autre et notre relation de couple. Par exemple, tu me motives et me pousses à tenter de nouvelles expériences.
Alexandre : Et toi, tu me forces à me poser, à prendre du recul, à me recentrer sur l’essentiel.
Stéphanie : Ça arrive souvent qu’il y ait des clashs à cause de notre façon de faire qui n’est pas la même, mais nous essayons toujours de faire des compromis et des efforts. Il faut que ça vienne des deux côtés.
Valérie et Joël (en couple depuis 13 ans)
Valérie : La plus grande différence entre Joël et moi, c’est certainement notre différence d’âge. Onze ans nous séparent. Forcément, quand il y a un si grand écart, il y a des choses qui diffèrent. On a eu pas mal de clashs.
Joël : Au début, notre manière de penser et nos centres d’intérêt n’étaient pas les mêmes. J’avais mes habitudes. Je suis plutôt du genre petit plan tranquille. Elle, aime sortir en boîte et faire la fête.
Valérie : On n’écoutait même pas la même musique. Sans compter nos caractères. Il est beaucoup plus responsable, et se laisse un temps de réflexion avant de se lancer. Tout le contraire de moi…
Joël : Ça t’arrive de foncer tête baissée quelquefois. J’essaie de te ramener vers l’essentiel. Je pense qu’on se complète sur ce point.
Valérie : Tu es aussi beaucoup plus ordonné et organisé que moi. C’est bien d’avoir quelqu’un comme toi. Je ne pense pas qu’être trop semblable soit une bonne chose.
Joël : Nous sommes passés par des moments difficiles notamment à cause des clashs liés à nos différences mais, aujourd’hui, on est bien. L’un complète l’autre en quelque sorte. Et puis, je pense que c’est important de faire des efforts pour comprendre l’autre et de se remettre en question
Valérie : Effectivement, la compréhension et la patience sont essentielles. Aujourd’hui, nous partageons beaucoup de moments ensemble. C’est primordial d’accepter l’autre. Après tout, c’est ça l’amour. Je pense qu’il ne faut pas vouloir changer l’autre mais se changer soi-même pour accepter l’autre comme il est.
Faheza et Ismaël (mariés depuis 24 ans)
Faheza : Notre rencontre remonte à 25 ans de cela. Je faisais les magasins quand je l’ai vu pour la première fois.
Ismaël : J’ai parlé à ta sœur et c’est elle qui nous a permis de nous rencontrer. On s’est mariés un an plus tard.
Faheza : Nos deux caractères sont vraiment différents. Moi, je suis plutôt cool et toi, tu montes vite sur tes grands chevaux, mais, avec le temps, j’ai appris à te connaître et aujourd’hui, quand ça chauffe, je reste calme et j’attends que la situation s’apaise avant de lancer la discussion.
Ismaël : Les hommes réagissent différemment des femmes. Quand je reviens à la maison après une longue journée de travail, j’ai envie de rester tranquille pendant quelques minutes mais ce n’est pas forcément ce que tu veux.
Faheza : Une autre différence entre nous, c’est que moi j’aime passer du temps à la maison parce que je travaille beaucoup alors que toi, tu aimes passer du temps avec tes amis.
Ismaël : Eh oui, c’est vrai. Mais je pense que ce sont là des détails. Le plus important, selon moi, c’est qu’on se rejoint aussi sur des choses beaucoup plus importantes, comme notre famille, nos enfants, notre travail.
Faheza : Effectivement. Et puis, la communication et la compréhension sont importantes. Nous avons aussi des choses qu’on aime faire ensemble comme les sorties, le shopping, la cuisine et les voyages.
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