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Jugnauth ou le faux combattant de la liberté !

9 février 2025

«Nous n’avons qu’une liberté, la liberté de nous battre pour conquérir la liberté.» La citation, empruntée à l’écrivain Henri Jeanson, est certes inspirante, surtout quand elle est utilisée pour marquer le 190e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Pourtant, lorsqu’elle est affichée le 1er février par Jugnauth (qui découvre la communication à travers Facebook), cette merveilleuse phrase sonne vide, ironique, risible même ! Car si d’un côté, le chef du MSM veut donner l’image d’un combattant de la liberté, de l’autre, les révélations faites à l’Assemblée nationale, ce mardi, démontrent à quel point cette même liberté a été lourdement bafouée sous son primenistership.

À peine trois jours après son fameux poste, où Jugnauth se donnait des airs de révolutionnaire, faisant sienne la conquête de la liberté, les citoyens devaient apprendre que le précédent gouvernement avait mis en place une vaste opération de surveillance de masse, d’une ampleur inédite ! C’est Ramgoolam, qui en réponse à une question de Duval junior, a mis en lumière ces méthodes antidémocratiques qui ne se limitaient pas seulement aux écoutes téléphoniques, mais incluaient également les réseaux sociaux et des échanges numériques !

En clair, tout le monde était écouté, et les messages et autres postes étaient redirigés vers des serveurs dans une logique de contrôle absolu !

Les sceptiques auraient pu croire à une certaine exagération de la part du nouveau gouvernement, sauf que tout ce qui a été dit au Parlement trouve un écho troublant dans l’affaire des «Moustass Leaks» quand des extraits de conversations privées avaient fuité pendant la campagne électorale, révélant des pratiques inquiétantes ! On se rappelle que Jugnauth avait reconnu qu’il s’agissait bien de sa voix sur les bandes, mais qu’il ne pouvait (le ridicule ne tuant pas) confirmer ses propos ! À l’heure où l’on assiste à l’arrestation de Gooljaury, accusé de blanchiment d’argent et de fraude, on ne peut que se souvenir de son rôle d’homme à tout faire auprès de l’ancien Premier ministre, comme révélé par les «Moustass Leaks».

Aujourd’hui, quand le MSM réclame une commission d’enquête sur ces mêmes «Moustass Leaks», on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer, tant la demande, cherchant à détourner l’attention, paraît pathétique ! Parce qu’au final, l’ancien régime n’a fait que subir l’effet boomerang de ces indécentes écoutes mises en place pour, entre autres fonctions, piéger l’opposition d’alors, avant de se faire prendre à son propre jeu machiavélique ! Comme à son habitude, le MSM (qui avait vainement tenté d’arrêter le déferlement des bandes sonores en bloquant l’internet pendant la campagne électorale et en procédant à quelques inefficaces arrestations) est plus préoccupé par l’identité de Missie Moustass que par les choquantes révélations des échanges fuités !

Un souci contraire à celui de l’opinion publique plus intéressée à savoir s’il y a effectivement eu – comme tend à le faire comprendre un des enregistrements – un cover-up suivant le décès de Jacquelin Juliette après une opération musclée de la police ! De cette mort d’homme ou de celle de Kistnen, le MSM n’en a cure ! Tout ce qui l’intéresse est de savoir comment ses propres manœuvres de big brother lui ont finalement échappé pour creuser sa tombe, à hauteur d’un cinglant 60-0. Et ce, alors qu’il n’avait pas lésiné sur les moyens financiers pour cet espionnage de masse. Un premier rapport, commandé par le nouveau gouvernement à des experts étrangers, indique que cette violation de la vie privée des citoyens a coûté pas moins de cinq milliards de roupies aux contribuables !

Au fond, tout ce qu’on apprend aujourd’hui ne fait que confirmer ce que les observateurs et une partie de la société civile répétaient alors que le MSM et ses alliés étaient au pouvoir : qu’on avait déjà basculé dans une dictature où Jugnauth avait contrôle sur tout. L’ampleur des révélations faites par Ramgoolam laisse aujourd’hui deviner que la surveillance ne se limitait pas uniquement aux individus, mais que des institutions entières étaient ciblées ! Un acte qui en dit long sur la mentalité du régime précédent, prêt à tout pour museler l’opinion publique, en pratiquant l’abus de pouvoir, et porter atteinte à nos droits fondamentaux.

Quand Jugnauth ose parler de liberté, qu’il sache que n’importe quelle belle citation ne fera pas oublier son comportement d'autocrate et son refus de respecter les règles démocratiques quand il était au pouvoir !

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