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La revanche populaire sur l’injustice !

22 février 2025

Ces applaudissements qui ont accueilli l’arrestation de Jugnauth témoignent d’une satisfaction venant d’un public avide de justice après ce qu’il a enduré sous le règne du précédent gouvernement !

L’explosion de joie, les pétarades, les commentaires désobligeants à l’encontre de l’ex-Premier ministre n’ont pas pour unique source les accusations portées contre lui suite aux allégations autour des valises d’argent qu’il aurait demandé à conserver. Ce qui lui vaut aujourd’hui de faire la Une dans une affaire de blanchiment d’argent.

Toutes ces tribulations du couple Jugnauth faisant face à une fouille de leur maison, avant d'être escorté par la police pour des interrogatoires, suivi d’une arrestation, d’une nuit en cellule et d’une longue journée de dimanche en cour (ce qui a suscité d’autres réactions sur une justice à deux vitesses, la cour ayant exceptionnellement siégé à des heures inhabituelles), sont perçues comme un juste retour des choses ! Ce, par des citoyens révoltés ayant vécu sous le joug d’un gouvernement qui avait fait de l’arrogance, d’une politique de la peur et de l’abus du pouvoir sa marque de fabrique ! Sans compter le copinage politique et le népotisme qui ont fragilisé l’économie du pays.

Les prêts et avantages accordés à l'entourage de l’ancien pouvoir, aujourd’hui exposés au grand jour, depuis le changement au sommet de l’État, suscitent l’indignation. Le détournement de fonds allégués de la MIC (Rs 46 millions) entraînant un mandat d’arrêt contre l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, arrêté à sa descente d’avion, tout comme Rakesh Gooljaury, cueilli à son retour de voyage, et accusé également de blanchiment d’argent – dans l’affaire des toxic loans impliquant des prêts de Rs 1,4 milliard – n’était que la partie émergée de l’iceberg !

La découverte des valises contenant plus de Rs 113 millions ainsi que des montres et des documents, les révélations des protagonistes menant à l’arrestation de Jugnauth (qui frappé d’amnésie ne se souvient pas de sa proximité avec l’homme d’affaires Josian Deelawon alors que des photos prouvant le contraire circulent) et l’interpellation de son beau-frère (Sanjiv Ramdanee) laissent penser à une vaste toile mêlant pouvoir, argent et trafic d’influence au service d’une poignée de privilégiés ! D’autres arrestations sont à prévoir après que des notices upon departure ont été logés auprès du bureau de l’Immigration. Elles visent ceux qui fréquentaient assidûment l’Hôtel du gouvernement et qui ont obtenu des prêts mirobolants de la MIC ainsi que des facilités pour des terrains de l’État. On apprend parallèlement l’ouverture d’une enquête sur l’achat des médicaments Molnupiravir, un scandale qui avait choqué les Mauriciens découvrant que le prix d’une pilule pouvait passer de Rs 9,30 à Rs 79,92 en 24 heures ! Faut-il rappeler ces autres accusations de malversations qui avaient touché le ministère de la Santé avec l’achat des respirateurs défectueux ainsi que des contrats alloués à des compagnies qui n’avaient aucune expérience dans le domaine médical ? Comment ne pas se souvenir de ceux qui, bien connectés au pouvoir, n’avaient pas mis delwil dan zorey, leur permettant de deviner les éventuelles commandes ? Mais il n’y a pas que ces gros contrats alloués aux petits copains pendant le couvre-feu sanitaire. Les Mauriciens attendent que la vérité surgisse concernant d'autres scandales, dont celui ayant trait au contrat d’un terrain dans la région de Grand-Bassin et des allégations de corruption contre un ancien ministre.

Toutes ces interpellations et arrestations, mettant la fraude et la corruption au centre des débats, interpellent une opinion publique vigilante face aux différentes étapes des enquêtes, initiées de manière plutôt rapide. Encore faut-il non seulement qu’une suite soit donnée, mais aussi que des actions concrètes soient menées par une FCC que Jugnauth voulait à tout prix imposer – en regardant en direction de ses adversaires – sans savoir qu’il se retrouverait lui-même au cœur des turbulences. Ces épisodes, largement médiatisés, n’auront servi à rien s’il faut attendre des années pour identifier les coupables issus d’une classe politique qui s’estime jusqu’ici intouchable...

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