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Par Michaëlla Seblin
6 juillet 2025 07:00
Plus qu’une illusion, bien plus qu’une déception ! La première fracture sociale entre le gouvernement et la population est désormais consommée. L’annonce brutale, inattendue, sans consultation, de la révision progressive de l’âge de la pension à 65 ans dans le discours budgétaire; la tentative maladroite du gouvernement de rattraper le coup; la mise sur pied de deux comités suivie de la déclaration du Premier ministre (l’income support de Rs 10 000 soumis à des critères précis) ne calment ni les syndicats ni les travailleurs. Une nouvelle mobilisation a eu lieu ce samedi 5 juillet, annonçant cette fois une pétition comme nouvelle force de pression sur les dirigeants.
Même si on peut comprendre qu’aucun gouvernement ne souhaite être impopulaire et que cette décision, dictée par une situation économique difficile, n’a sûrement pas été prise «à la légère» – dixit Ramgoolam, qui a aussi fait état d’un système «fiscalement insoutenable» et que «partout dans le monde, les pays augmentent l’âge de la retraite en réponse à la hausse de l’espérance de vie et aux pressions financières» –, une partie des Mauriciens se sent trahie. Beaucoup estiment n’avoir pas voté pour ça ! Gageons d’ailleurs que si l’Alliance du Changement avait fait mention de cette mesure dans son manifeste électoral, elle n’aurait sans doute pas eu la victoire historique de novembre dernier !
Quand on sait que nous sommes dans un pays où le système électoral impose un choix (trompeur ?) entre deux blocs traditionnels, nombreux sont ceux qui ont voté par rejet contre l’ancien régime plutôt que pour les nouveaux dirigeants au travers d’un vote d’adhésion. Du coup, à la première déception, ceux-là regrettent leur choix comme c’est un peu le cas avec la réforme de la pension qui révèle non seulement un malaise, mais une atteinte à la confiance que la population avait placée dans l’équipe du changement.
Alors que Jugnauth s’était illustré en leader autocrate, en abusant du pouvoir, dilapidant les fonds publics et maintenant les institutions sous sa coupe dictatoriale, une majorité de la population (60-0 c’est pas rien !) a décidé de mettre tout son espoir en Ramgoolam qui se montrait sous les traits d’un sauveur ! Le chef des Rouges promettait une vie meilleure sous son leadership ! Aujourd’hui, le public estime que le Premier ministre brise cette confiance malgré son discours sincère sur le poids insoutenable d’une situation économique calamiteuse héritée du MSM !
Cette mesure passe d’autant plus mal qu’elle donne le sentiment d’une société comportant deux catégories de Mauriciens. Pendant qu’on demande aux citoyens ordinaires de «pez nene bwar dilwil», de travailler plus longtemps et de faire face aux hausses vertigineuses des prix dans un quotidien toujours plus difficile, les élites ne font aucun effort visible. Ni réduction de salaires pour les élus actuels, ni renoncement aux retraites de luxe de la part des anciens parlementaires. À croire qu’il y a ceux qui trinquent et les autres qui passent systématiquement à la caisse, qu’importe le(s) parti(s) au pouvoir…
Alors que le gouvernement promettait un changement, le peuple découvre aujourd’hui que ce changement tant attendu se retourne contre lui. Le contrat moral entre le pouvoir et la population est entamé. Plus qu’une illusion, bien plus qu’une déception ! La première fracture sociale entre le gouvernement et la population est désormais consommée !
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