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27 juillet 2025 10:10
La situation à la prison de Melrose continue de secouer l’opinion publique après plusieurs allégations graves de brutalités à l’encontre de détenus. À ce jour, pas mal de familles ont officiellement signalé des cas présumés de torture et de mauvais traitements infligés aux prisonniers par la police, notamment par le GIPM et la SMF, lors d’une opération «peigne fin» dans cet établissement carcéral le 17 juillet.
Parmi les plaignants – des mamans, des compagnes et autres proches de détenus – ont rapporté avoir vu leurs proches avec des blessures. Les détenus présentaient des hématomes, des fractures, ainsi que des blessures aux pieds et au dos. Ils auraient été frappés à coups de matraque, puis privés de soins, voire de nourriture et d’eau dans certains cas.
Le témoignage d’un détenu incarcéré pour vol est particulièrement alarmant. Dans un affidavit déposé en Cour suprême, il affirme avoir été roué de coups sans provocation lors de l’intervention du 17 juillet. Il souffrirait de plusieurs blessures graves. Il dénonce également l’absence de prise en charge médicale, malgré ses demandes répétées.
L’administration pénitentiaire, par la voix du commissaire des prisons, continue de réfuter ces accusations de violences policières et évoque plutôt une opération de sécurité visant à contrer la prolifération d’objets interdits, parfois introduits à l’aide de drones. Entre le 12 et le 17 juillet, les fouilles auraient permis la saisie de 33 téléphones portables, de chargeurs, de cannabis et de cartes SIM.
Le 17 juillet, la tension serait toutefois montée à l’unité Ebony, où des détenus auraient tenté d’empêcher leurs camarades de collaborer avec les gardes-chiourmes. La situation aurait alors dégénéré, poussant le commissaire des prisons à solliciter l’intervention du GIPM et de la SMF. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a confirmé que des renforts policiers avaient été déployés pour prévenir une mutinerie.
Face à la gravité des faits, la Commission nationale des droits de l’homme a ouvert une enquête. Touria Prayag, membre de la commission, s’est rendue sur place le 19 juillet pour rencontrer les détenus blessés, bien que des interrogations aient été soulevées quant à légitimité de sa visite faute d’autorisation officielle pour faire cette démarche.
Le Premier ministre a assuré que toutes les images de vidéosurveillance avaient été sécurisées. Un total de 550 caméras couvrent ce centre de détention. Navin Ramgoolam a rappelé l’importance du respect des droits humains, promettant que le rapport de la Commission sera rendu public une fois finalisé. Il a également indiqué que des examens médicaux avaient été réalisés au sein de la prison après l’opération, bien que certains détenus aient refusé l’hospitalisation.
Dans un contexte déjà tendu, 60 gardiens de prison de Melrose ont été mutés vers d’autres établissements. L’administration pénitentiaire affirme qu’il s’agit d’un exercice de routine, sans lien direct avec les événements récents. Toutefois, l’opération «peigne fin» dans ce centre de détention relance le débat sur les conditions carcérales à Maurice. Plusieurs voix, dont celles de juristes, de parlementaires et d’anciens formateurs en intervention en milieu pénitentiaire, appellent à une réforme en profondeur du système, à davantage de transparence, ainsi qu’à un meilleur accès pour les détenus aux soins médicaux et à une justice équitable.
Les images sécurisées sous scellés
La Commission nationale des Droits humains (CNDH) a visionné 50 % des images CCTV liées aux incidents du 17 juillet à la prison de Melrose. Ces images sont désormais sécurisées sous scellés. En parallèle, environ 30 détenus ont été entendus par la National Preventive Mechanism Division de la CNDH. L’enquête avait été lancée dès le 18 juillet. À partir du 29 juillet, les auditions des responsables de la prison débuteront en lien avec les vidéos et témoignages recueillis. Des mises à jour régulières seront fournies et un rapport final avec recommandations sera soumis aux autorités concernées.
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