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Dans les allées du bazar

Le marché de Rose-Hill… un lieu mythique.

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Amanoulah Shermameekhan (à g.) a rénové son petit coin à ses frais.

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Kailash Reedoy estime qu’il est grand temps que les choses changent.

Certains marchands souhaitent la destruction, d’autres préfèrent la rénovation ! Ils donnent leur avis, le temps d’une balade dans le marché…

Éclats de couleurs. Le rouge vif des pommes d’amour, le jaune des pâtissons et l’orange des beaux quartiers de giraumon tranchent avec le vert des bredes tompouce, cresson et petsai et celui des grands tas de piments. Éclats de voix. Depuis quelques jours, les marchands du marché de Rose-Hill n’ont qu’un sujet de discussion : la décision du ministère des Infrastructures publiques, en collaboration avec la mairie des villes sœurs, de démolir le marché et de le reconstruire. Chacun y va de son petit commentaire sur la question. Certains sont pour ce changement, d’autres sont contre. Quelques-uns sont sceptiques… Les avis sont variés. Il y en a presque autant que de variétés de légumes ou de gato de l’huile.

Il pleut en ce mercredi de fin d’après-midi. Les gouttelettes d’eau sale s’infiltrent à l’intérieur, par endroits. C’est vrai que les tôles, qui servent de toit, ne sont pas d’une première jeunesse. Dans le marché, les odeurs se mélangent : celle de la section volaille, plus forte, se mêle à celle du poisson salé. Le mauvais temps semble avoir multiplié par deux la force de ces «parfums» propres à cet endroit mythique de Rose-Hill. Selven Selamuthu est assis sur son tabouret et attend des clients… qui ne viennent pas. Aux premières averses, il a sorti les récipients qui lui servent à protéger sa marchandise de l’eau qui pénètre à travers les trous dans le toit.

27 ans qu’il travaille là. Et avant lui, ses «gran dimunn» occupaient le même étal. Là où il vend des paniers en raphia, de toutes les couleurs, et des balye fatak, entre autres. Travailler dans un nouveau marché ? Ça lui dit bien ! Mais à une condition : «Que les autorités trouvent un endroit où nous pourrons opérer le temps des travaux.» Et c’est prévu : trois lieux auraient déjà été identifiés par la mairie. Tant qu’à faire, il souhaiterait presque qu’on change le marché d’endroit : «Nous avons de moins en moins de clients. C’est parce que les gens vendent trop de choses sur le chemin. Ce serait bien si nous avions une structure plus moderne et plus centrale.»

«Un monument de la ville»

À quelques pas de là, Amanoulah Shermameekhan a une petite boutique… très moderne. «Nous avons tout refait à nos propres frais», confie l’homme qui travaille là depuis toujours, ou presque, entouré de sachets de thé, de crevettes sèches et de beaux morceaux de poisson salé. Ce n’est pas la première fois qu’il entend parler de travaux au niveau du marché : «Les couleurs politiques se succèdent et c’est toujours la même rengaine.» S’il comprend que certaines parties du bazar doivent être refaites, il penche plutôt pour une rénovation : «Ce bâtiment est un monument de la ville, il faut le respecter.»

Car il a du charme, ce marché avec ses dalles en roche et ses vieilles pierres au mur. Une âme qui ne laisse pas insensible Parama Siven, alias Robot. Il travaille à la section volaille depuis plus de 44 ans. Et pour lui c’est un «gaspillage» de vouloir tout écraser pour ensuite reconstruire : «Je suis persuadé que quelques rénovations suffiront. Surtout pour ceux qui travaillent du côté des fruits et légumes. Les toilettes ont aussi besoin d’un coup de neuf.»

Néanmoins, il se dit que si les personnes responsables de la gestion du marché n’assument pas leurs responsabilités, même avec un nouveau marché, l’état des lieux finira bien vite par se détériorer. «Il faut que les inspecteurs soient plus vigilants», ajoute-t-il. Darsen Arnassalon ne rentre pas dans tous ces détails. Lui, ce qu’il veut c’est du neuf et du moderne. Vendeur de fruits depuis 30 ans, il espère que le bazar retrouve une nouvelle jeunesse. Malgré son scepticisme, il garde espoir : «Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler d’un tel projet. Mais si c’est vraiment le cas, ce serait vraiment très bien. Il nous faut un endroit plus moderne et plus propre.» Et ce n’est pas Kailash Reedoy qui dira le contraire…

Debout devant ses pyramides de pommes d’amour, d’où émane un délicieux parfum acidulé, le marchand qui travaille au marché de Rose-Hill depuis 53 ans trouve «kine arive ler» pour le changement : «Cet endroit est très sale et est infesté de rats. Il est temps de faire quelque chose ! Depuis que je suis là, c’est la même chose. Et mes parents qui étaient là avant moi n’ont vu aucun changement.» Bien sûr, comme tous les autres marchands, il espère que les autorités prévoiront un endroit et des facilités pour les marchands si les travaux débutent un jour…

Un endroit où il pourra retrouver les éclats de couleurs et de voix.

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