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Quand les étudiants ne se révoltent pas…

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L’institution appartient à la famille du ministre de l’Enseignement supérieur,
Rajesh Jeetah.

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Le directeur de l’établissement tertiaire, Sunil Jeetah (au centre), assure que les diplômes sont reconnus.

Amorphes. Ils le sont. Ceux qui suivent des cours dans cet établissement tertiaire préfèrent voir venir. Néanmoins, ils commencent à se réveiller.

Arrêt sur image. Quelle est celle que vous avez des étudiants ? Des fêtards, des bosseurs, des libérés, des intellos… Mais surtout des grandes gueules. Des jeunes prêts à faire entendre leurs voix, leurs opinions. Prises de position, redressement de torts ! Des emmerdeurs, en somme. Surtout quand on touche à leur vie et à leurs études. Oui, mais oubliez cette image. Car les étudiants de l’Eastern Institute for Integrated Learning in Management (EIILM) étaient en mode «silence radio» en début de semaine. Pourtant, depuis plusieurs mois, rien ne va plus dans cette institution tertiaire. Et cette semaine, l’instance régulatrice en Inde, la University Grants Commission, a sommé l’EIILM de Sikkim – la maison mère – de fermer toutes ses antennes à l’étranger – dont celle de Maurice, évidemment (voir hors-texte). Une réunion spéciale de la Tertiary Education Commission (TEC), ce vendredi 14 septembre, devait permettre de clarifier la situation. Mais tel n’a pas été le cas.

À la sortie des classes, Sanjay sort sa tablette et se connecte à Facebook. Un moyen pour lui de faire passer le temps en attendant l’heure de son prochain cours. Il ne postera pas sur son compte son angoisse du moment. Pas de status pour faire part de sa peur. D’ailleurs, le jeune homme ne souhaite pas en parler. Et il affirme que la majorité des étudiants sont comme lui. Sous couvert de l’anonymat ou pas, on record ou off record, rien ne fonctionne, le jeune homme qui est en deuxième année n’en démord pas : «Je n’ai rien à dire à ce sujet. J’attend une réponse claire de l’université avant de me prononcer.»

Une prise de position – ou plutôt une non-prise de position – que la plupart de ses amis partagent, explique-t-il : «Vous voulez parler à d’autres étudiants ? Ce sera la même réponse. Nous ne voulons pas nous mêler de cette affaire.» Pourtant, elle les touche de près «cette affaire». Mais la politique de l’autruche semble plus que jamais tendance. Même si, au final, certains d’entre eux se sont brusquement réveillés «Nous ne souhaitons pas mettre de l’huile sur le feu. Attendons voir ce que l’université nous réserve. Nous avons été rassurés», confie Anaïs, une étudiante de première année. Pourtant, les cours dans cet établissement ne sont pas donnés (il faut compter entre Rs 90 000 et Rs 350 000).

Certains étudiants ont dû contracter des prêts, se sont endettés afin de pouvoir payer ces frais… Ou plutôt ce sont leurs parents qui ont pris cette responsabilité. Une vingtaine d’entre eux ont demandé des explications, en fin de semaine, à Sunil Jeetah, le directeur de l’institution (voir hors-texte). Quelques étudiants étaient aussi présents. Réaction que comprend parfaitement Preity. Contrairement à la majorité de ses «camarades», elle ne peut cacher sa révolte, dit-elle. Néanmoins, faute de solidarité, il est difficile pour elle de se faire entendre et de se battre : «Ils boivent les paroles de Jeetah. Ça me révolte. Même mes amis de classe ne semblent pas réaliser l’ampleur de la situation.»

Elle s’attendait à des réactions, des manifestations : «Nous sommes des étudiants. Nous nous devons de nous révolter. Dire quelque chose, faire quelque chose.» Mais pour l’instant, la mobilisation du groupe de parents-étudiants n’est pas suffisante, estime-t-elle. Elle espère que dans les prochains jours, un nouveau vent soufflera sur l’université, qui se trouve à Ébène, et que les choses bougeront. Mais son plus grand espoir, c’est que tout revienne à la normale : que l’argent dépensé et que le temps et l’énergie consacrés aux études ne soient pas perdus à jamais. Sans oublier les espoirs et les rêves qui gravitent autour d’un diplôme.

Parce que dans sa tête, elle avait une belle

image : son diplôme en main et les sourires et félicitations de ses parents…

Mais que se passe-t-il ?

Ça dure depuis plus d’un an ! Mais que se passe-t-il à l’Eastern Institute for Integrated Learning in Management (EIILM) ? Depuis que la validité des diplômes délivrés par cet établissement a été remise en question, rien ne va plus. Il semblerait que la Tertiary Education Commission ait délivré son permis aux responsables de cette institution (des proches du ministre de l’Enseignement supérieur, Rajesh Jeetah) avant même que la maison mère de l’EIILM, qui se trouve en Inde, n’ait reconnu la branche mauricienne.

Après des mois de différentes versions – de l’établissement qui maintient que les diplômes ont toujours leur validité, de la TEC, du ministre – et de nombreuses conférences de presse de l’opposition consacrées à ce dossier, c’est la University Grants Commission qui a tranché cette semaine : la branche mauricienne de l’EIILM n’est pas reconnue.

Ça bouge sur le campus…

Ils ont décidé de bouger. Les parents des étudiants de l’EIILM étaient présents sur le campus d’Ébène, ce jeudi 12 septembre, pour demander des éclaircissements au directeur, Sunil Jeetah. Ce dernier les a rassurés. Néanmoins, les esprits se sont un peu échauffés lorsqu’un étudiant a demandé des originaux de documents attestant que leurs diplômes seraient valides. Sunil Jeetah s’est, lui, défendu en déclarant qu’il était la victime d’une vendetta politique à cause de sa proximité avec Rajesh Jeetah qui n’est autre que son frère.

Plus d’informations demain ?

C’est toujours le flou. La réunion spéciale organisée par la Tertiary Education Commission (TEC) n’a pas porté ses fruits. Cette instance régulatrice a pris la décision… de ne prendre aucune décision. Les discussions avec l’EIILM University devront se poursuivre demain, lundi 16 septembre. De plus, l’université devrait publier un communiqué pour apporter des éclaircissements en début de semaine. Néanmoins, il semblerait que la TEC est décidée à permettre à l’établissement tertiaire de poursuivre ses activités en ne prenant pas en compte les directives de la University Grants Commission (UGC) de l’Inde, tout en insistant pour que l’EIILM University pousse sa maison-mère à régler le différend avec la UGC.

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