Des pochettes renfermant des CD qui regorgent de belles histoires pour ceux qui ont des problèmes de vue.
Un bon livre et de la patience : il n’en faut pas plus à un donneur de voix.
Envie de faire découvrir à des personnes malvoyantes ou non voyantes, les joies de suivre une histoire ? La Jacques Cantin Talking Books Association cherche des conteurs.
Au fil des mots, des histoires se content. Au fil des voix, des histoires prennent vie. Un moment magique. Unique même, pour celui qui ne peut déchiffrer les pages écrites d’un roman. En écoutant un audio-livre, il peut suivre l’intrigue, se familiariser avec les personnages, en se familiarisant avec une voix, et s’offrir le plaisir de la lecture à travers l’écoute. C’est au centre Loïs Lagesse, à la bibliothèque sonore Jacques Cantin, que les malvoyants, les non voyants et les personnes du troisième âge ayant des troubles de vue peuvent se procurer des documents sonores gratuitement. Et, en ce moment, l’association recherche des bénévoles afin d’enregistrer de nouveaux ouvrages.
Eh oui, c’est dans un petit studio d’enregistrement, dans l’enceinte du centre à Beau-Bassin, avec ordinateur et table de mixage, que le «donneur de voix» est appelé à exercer son talent de conteur. Il ne lui faut qu’un livre, une bonne dose de patience et l’envie de venir en aide aux autres… et le tour est joué ! Au final, le bénévole pas comme les autres ne «prête» pas simplement sa voix : il donne du bonheur à ceux qui, un jour, l’écouteront dans leur maison, bien installés dans un lit ou dans un fauteuil.
Et les titres sont déjà nombreux : il y en a pour les goûts et pour tous les âges dans cette petite bibliothèque où les CD – et même les cassettes ! – ont remplacé les rangées de livres sur les étagères poussiéreuses. Les contes les plus célèbres, Nouvelles de Guy de Maupassant, Le Roi Lion, Madame Bovary, Ivanhoé, Le Silence de la Mer… On retrouve une multitude d’aventures à entendre dans ce petit bureau où les histoires sont reines. Et pour la diversité, la bibliothèque sonore recherche des conteurs pouvant s’exprimer en français, mais aussi en kreol et en anglais.
En plus de poser sa voix sur un texte, le donneur peut également choisir de faire découvrir un roman qui l’a touché. «Il faut être un passionné de lecture pour se lancer», confie la responsable de la bibliothèque, Maryline Seeboruth. Assise au milieu d’exemplaires de ces livres racontés, elle explique que chaque personne souhaitant donner sa voix doit contacter le centre (sur le 466 4421), obtenir un rendez-vous, remplir des formulaires avant de se lancer. Il n’y a pas d’âge limite, mais il est impératif de suivre une formation avant de commencer à enregistrer.
En quoi consiste cette formation ? Combien de temps dure-t-elle ? Quand a-t-elle lieu ? Impossible de le savoir. Maryline Seeboruth a décidé de donner des informations uniquement au compte-gouttes. Alors, il faudra la contacter directement, si vous souhaitez obtenir des précisions. Faut-il théâtraliser la lecture ? Jouer sur les intonations au moment de lire des dialogues, laisser planer le suspense et adapter sa voix à l’émotion qui émane d’un chapitre (comme lire un passage de deuil avec le ton adéquat et pas avec le sourire dans la voix) ? La responsable de la bibliothèque ne semble pas accorder d’attention à ce genre de détails : «Il faut lire, c’est tout.»
Pourtant, la beauté du partage, c’est de créer un univers vocal dans lequel celui qui ne peut lire de façon traditionnelle a envie de s’évader. Car quand une histoire prend vie au fil d’une voix, c’est un instant magique…
Envie… d’audio-livres ?
En faisant le ménage, en cuisinant, en prenant une petite pause sur sa terrasse… L’audio-livre peut accompagner tous les moments relax de votre journée. Si ces histoires lues, disponibles au centre Loïs Lagesse, ne sont destinées qu’aux personnes ayant des problèmes de vue, ce n’est pas le seul endroit où vous pouvez en trouver. La médiathèque de l’Institut Français de Maurice en a une belle collection. Et puis, grâce à Internet, vous pouvez en télécharger gratuitement : il suffit de faire une petite recherche !
D’où ça vient…
La transmission des valeurs, des légendes, des histoires, de l’Histoire était avant tout orale pendant des siècles. Mais sans phonographe – l’ancêtre de l’enregistreur numérique – il était impossible de sauvegarder toutes ces paroles ! Et c’est Thomas Edison qui conçoit le premier phonographe en 1877. Il va plus loin : l’inventeur imagine que sa trouvaille pourrait bien servir à des «livres phonographiques» destinés aux personnes aveugles et signe la naissance de l’audio-livre.