Passer des maisons en tôle à de coquettes habitations en dur : quel changement !
Linda Perrine, ici avec son mari, a retrouvé le sourire depuis qu’elle a découvert sa demeure.
Ils vivaient dans un coin retiré où la misère avait envahi les moindres recoins. Depuis quelques jours, ils ont débuté une nouvelle existence.
Courir sur des macadams. Sentir des petits cailloux rouler sous leurs savates. Soulever des nuages de poussière… comme par magie. Un sentiment de liberté. Une impression de bonheur. C’est ce que ressentent les enfants d’Anse Courtois qui s’amusent dans leur nouveau quartier en cette après-midi ensoleillée. Finis les sentiers boueux, les bicoques en tôle et le paysage de fin du monde. Ces petits ont désormais une maison en dur, des bouts de jardin et un environnement plus «normal». Ils sont une douzaine, avec leurs familles respectives, à profiter du nouveau logement social que les autorités ont mis à leur disposition. Les images du traumatisme du 30 mars dernier, où l’eau avait envahi leur «village» perdu qui se trouve à Pailles, sont presque oubliées. Désormais, la pluie ne leur fait plus peur.
Et ce sont ces averses meurtrières, qui ont coûté la vie à 11 personnes, qui ont permis d’alerter le gouvernement et la société civile sur les conditions déplorables de vie des familles d’Anse Courtois. Après plus d’un mois passé dans la salle d’œuvre de l’église St-Vincent-de-Paul, endroit mis à leur disposition par le père Gérard Mongelard qui craignait pour leur sécurité et estimait que des humains ne pouvaient vivre dans une telle misère, les familles d’Anse Courtois ont découvert leurs nouvelles maisons, il y a quelques jours. De coquettes habitations – même si elles sont un peu petites – propres et sécurisées sur la route reliant Petite-Rivière à Albion.
Il ne faut plus emprunter un escalier de fortune creusé dans une pente abrupte afin d’atteindre les anciens habitants d’Anse Courtois, un lieu coupé du monde. Il suffit de suivre une route afin de les rencontrer. Justement, Linda et Anaëlle Perrine s’accordent une petite balade sur le nouveau sentier menant à leur maison. Le sourire aux lèvres, la mère et la fille apprécient ce rêve devenu réalité : «Oui, nous voulions une maison. Et nous sommes heureuses. Nous sommes en sécurité.»
«Contente et soulagée»
À quelques pas de là, nous retrouvons Kelina Ville. Cette maman de trois enfants était enceinte de huit mois le 30 mars. Elle racontait, alors, son cauchemar dans les colonnes de 5-Plus : «J’ai cru que j’allais perdre mon bébé. Quand l’eau a commencé à monter, j’ai essayé de m’enfuir avec les enfants. Mais c’était impossible. La porte ne voulait pas s’ouvrir. On a pu s’échapper par une fenêtre grâce à l’aide des voisins.» Depuis quelques jours, elle a découvert son nouveau nid douillet avec, dans les bras, sa petite dernière, une belle demoiselle âgée de seulement quelques jours : «Elle s’appelle Océane. C’est un nouveau départ pour nous. Je suis contente et soulagée qu’elle a, désormais, un nouveau toit, une vraie maison où elle pourra grandir.»
Kelina tient à remercier tous ceux qui ont fait preuve de générosité envers elle et envers les autres habitants d’Anse Courtois : «Sans ces personnes, nous n’en serions pas là.» D’ailleurs, c’est tout un programme qui devrait être mis sur place pour aider ces familles à s’intégrer et aller de l’avant : travail, soutien psychologique, formation, entre autres, sont à l’agenda. Les enfants scolarisés ont, déjà, obtenu leur transfert et ont repris l’école normalement. Un nouveau départ pour ces personnes qui ont obtenu un beau cadeau : l’opportunité de construire une vie meilleure.
Et chez Mico Levaillant, on n’a pas perdu une seconde pour se sentir comme à la maison ! En ce mercredi après-midi, le bruit d’une machine à percer se fait entendre. C’est le moment de percer des trous pour placer les rideaux. Une étape sympathique pour faire d’une maison toute simple un foyer. Par terre, il a déjà posé du linoleum : «Pour ne pas salir», confie-t-il. Même si certains pourraient se sentir à l’étroit dans le deux-pièces – pour cinq adultes et deux enfants – lui se sent bien. Tout simplement. Il revient de loin. Désormais, après quelques aménagements, il s’occupera de meubler et de munir en électroménager la maison avec le bon d’achat de Rs 100 000 remis par les autorités.
Depuis les pluies, il doit l’avouer, il a reçu de nombreuses bonnes choses. Il sait, désormais, que c’est à lui d’en profiter pour continuer à avancer… sur un chemin de macadams et sans embûches.