Marlene Lafine est d’avis que les femmes doivent davantage se serrer les coudes.
Ambal Jeanne estime que pour toute cause, il est nécessaire de faire front en nombre.
Une journée dédiée au beau sexe qui n’a pas cessé son combat pour l’égalité et le respect. Une bataille où l’aide mutuelle est essentielle.
Prendre une femme par la main. L’aider à se construire, à se découvrir et à se respecter. Prendre une femme par le cœur. Lui donner le courage de dépasser ses peurs, lui donner la force de dire «non» aux abus. Prendre une femme dans sa vie. Lui donner de l’amour et une nouvelle direction, lui permettre de se battre pour elle et pour ses enfants. Voici la mission de nombreuses organisations mauriciennes. Mais aussi celle de nombreuses femmes qui se battent tous les jours pour apporter des rayons de soleil à des mamans, des épouses, des concubines, des filles, des cousines qui vivent des moments difficiles
au quotidien…
Afin de célébrer ces femmes qui œuvrent en faveur d’autres femmes et pour permettre à celles qui font face à des difficultés - notamment la violence conjugale - de trouver de l’aide et des conseils, Béatrice Bijoux Bellepeau a organisé un événement un peu différent. Dans le cadre des activités autour du 8 mars, Journée internationale de la femme, la propriétaire de Busy B a réuni des femmes de tous bords dans son magasin, pour une tea party exceptionnelle (voir hors-texte). Un moment pour parler, pour témoigner, mais aussi pour se renseigner pour soi ou pour des femmes de son entourage…
Et pour aiguiller, renseigner et sensibiliser celles présentes, des membres d’associations féminines étaient présentes. Il s’agissait là d’un rendez-vous incontournable pour Marlène Ladine, responsable de Chrysalide, association qui vient en aide aux femmes toxicomanes, travailleuses du sexe et séropositives, ainsi qu’à leurs enfants. Entre femmes, il est nécessaire de se serrer les coudes, estime-t-elle. Être solidaires est un must. Être unies face à l’adversité, aussi : «Voici une petite anecdote pour résumer cette pensée. Je me trouvais chez ma coiffeuse et devant son salon se trouvent des feux de signalisation. À chaque arrêt, souvent, des hommes font des commentaires et des gestes indécents».
«Seule,
c’est dangereux»
Une situation difficile et désagréable pour les employées du salon, mais aussi pour les clientes : «Je lui ai dit de sortir avec tout le monde pour faire comprendre à ces personnes qu’il fallait arrêter. Seule, c’est dangereux. Mais avec plusieurs femmes, c’est sûr que le message passera», soutient Marlène. Une solidarité qu’il n’est pas toujours évident de vivre, concède la responsable de Chrysalide : «On a parfois peur ou honte de réagir quand on est une victime. Ou alors quand une autre femme se fait malmener. Il faut du courage pour donner du courage. Les choses ne sont pas simples. Mais il faut que les femmes se serrent les coudes pour que la cause féminine avance.»
Pour faire le poids dans une société patriarcale, pour avancer, pour répandre des idées progressistes, pour sensibiliser quant aux valeurs des femmes et à leurs droits, entre autres, les ladies doivent se donner la main. «Et puis, une femme comprend mieux une autre femme. C’est comme ça», lâche Marlène. Un avis partagé par Ambal Jeanne de SOS Femmes, organisme qui vient en aide aux femmes victimes de violence conjugale : «Nous rêvons d’une société plus égalitaire et plus respectueuse envers la femme. Mais isolée, aucune femme ne peut faire avancer les choses. Toute lutte appelle à la solidarité : le plus de monde qui adhère à une cause, le mieux c’est.»
Selon elle, les initiatives comme celle de Béatrice Bijoux Bellepeau doivent être saluées. Car il s’agit là de mettre sous les feux des projecteurs les problèmes auxquels font face les femmes : «C’est une façon d’aider celles qui sont dans la détresse, mais aussi de sensibiliser les autres.» Chaque jour, des femmes vivent des tragédies. Elles restent silencieuses et subissent. C’est ce constat qui a poussé la businesswoman à réagir, à bouger : «Plus j’en parle sur Facebook, plus je me rends compte qu’elles sont très nombreuses à subir les coups de leur mari. Le sujet est tabou. Et même si elles veulent s’en sortir, elles ne savent pas quoi faire, vers qui se tourner.» Un deuxième traumatisme. Celui de ne pas savoir quoi faire pour se protéger et se relever en plus de la peur de partir. Un cauchemar qui affecte de nombreuses femmes : «De toutes les couches sociales», précise Béatrice Bijoux Bellepeau.
Pour elle, les femmes doivent se protéger et s’aider. Celles qui le peuvent ne doivent pas hésiter à prendre une femme par la main…
Busy B pour la cause des femmes
Une tasse de thé, des confidences et des conseils. C’est ce qu’avait prévu Béatrice Bijoux Bellepeau hier, samedi 2 mars, pour marquer la Journée internationale de la femme. Parler de la violence conjugale ainsi que d’autres problèmes qui affectent les femmes, écouter des témoignages spontanés. En plus des associations, une avocate et des bénévoles étaient présents afin de continuer le travail enclenché en cette première initiative de solidarité.
Qu’en est-il de Women in Networking ?
Une question taraude de nombreuses personnes : que fait cette plate-forme qui œuvre pour la promotion des femmes ? Si depuis quelque temps, Women In Networking (WIN) semble avoir été moins présente au devant de la scène, du côté de cette instance, l’on assure que le travail s’accomplit, même si c’est un peu plus dans l’ombre, et que des projets sont en préparation pour les mois qui viennent. Néanmoins, nous n’avons pu obtenir de déclaration officielle à ce sujet.