Nathalie Augustin, Kelly Green-Dacosta et Priska Booluck tenant dans leurs bras Shanone, Shalone et Sharone lors d’une visite à l’hôpital.
Deux mamans de familles nombreuses viennent en aide à une troisième qui a récemment accouché de trois petites princesses. Une entraide qui ne devrait pas s’arrêter là grâce à la mise sur pied d’une association.
Une main tendue. Un geste d’amitié. Un regard qui dit «accroches-toi». Des fois, il n’en faut pas beaucoup plus pour apercevoir quelques rayons de soleil alors qu’on est dans une situation difficile. Il suffit de tomber sur quelqu’un qui vous comprend. Tout simplement. Nathalie Augustin a eu cette chance. Cette maman de triplées, nées en décembre de l’année dernière, ne savait plus vers qui se tourner, il y a quelques semaines. Cette Rodriguaise était dans notre île pour accoucher. Son mari reparti pour travailler, sa famille loin de l’hôpital et ses petites hospitalisées pendant plusieurs semaines car elles étaient trop fragiles, elle s’est sentie seule et sans ressources. Mais, heureusement, le destin a décidé de mettre sur sa route deux autres mamans de triplés.
Kelly Green-Dacosta et Priska Booluck ont été émues par l’histoire de Nathalie. Une histoire qui leur a rappelé la leur. À quelques détails près, bien évidemment. Elles étaient dans leur pays et avaient leurs familles à leurs côtés. «Nous savions que ça devait être dur pour elle. Nous sommes toutes les deux passées par là», confie Kelly, maman des triplés Nelly, Joddy et Kenny, et de leur grand frère Hansley. Alors, la jeune femme s’est rendue à l’hôpital avec des vêtements et des couches, des produits dont Nathalie avait vraiment besoin. Mais aussi des conseils : «On a déjà un choc quand on apprend qu’on attend des triplés. Et puis, quand ils sont là, le choc est encore plus grand. On apprend sur le tas. Ce n’est pas facile. On se retrouve complètement démuni.»
C’est pour cela que cette super maman pense à lancer une association pour regrouper les mamans de familles nombreuses : «J’ai appris, il y a quelque temps, qu’une fille de 15 ans était enceinte de triplés. Comment va-t-elle faire pour se débrouiller ? Je ne sais pas.» Pourtant, au-delà de l’aspect financier, il y a des astuces pratiques qui peuvent aider au quotidien : «Comment les nourrir en même temps ? Où sortir sans qu’ils ne deviennent ingérables et sans trop dépenser ? Où trouver de bonnes affaires ? Ce sont des questions qu’il faut se poser quand on a plusieurs enfants.» Se soutenir, s’entraider pour rendre ces étapes de la vie moins difficiles. Ce sera le but de cette association en gestation.
C’est un peu ça que Priska et Kelly ont fait avec Nathalie. Et elles ne comptent pas s’arrêter là. Même si la Rodriguaise, désormais maman de cinq enfants, est rentrée chez elle depuis quelques jours, elles comptent continuer à l’aider. «Nous allons lui poster les choses dont elle a besoin pour les petites. Nous ne la lâcherons pas», confie Priska, maman de Perline, Penina et Pelicia, âgées de 2 ans. Ça tombe bien. Nathalie va vite se retrouver en rupture de stock pour le lait qu’elle donne à ses filles : «J’en ai cherché dans les pharmacies. Il n’y en a pas à Rodrigues. C’est du lait de la marque Premersi.» Elle est heureuse d’être rentrée chez elle, de retrouver ses deux aînées, ses proches et son île. Mais elle sait que les prochains mois s’annoncent difficiles.
Toutefois, une pensée la rassure ; Kelly et Priska ne vont pas la laisser tomber. Ensemble, les deux mamans de triplés mauriciennes espèrent pouvoir créer une chaîne de solidarité afin de venir en aide à Nathalie ainsi qu’à d’autres femmes qui seraient dans son cas à l’avenir. «Nous faisons un appel à la générosité des Mauriciens pour qu’ils donnent un coup de pouce à Nathalie. Nous nous chargerons de lui poster tous les dons», explique Kelly.
Alors, n’hésitez pas à participer au mouvement. Rappelez-vous, parfois une main tendue et un geste d’amitié suffisent quand les nuages semblent avoir éteint le soleil.
Un retour attendu
Deux mois passés dans un hôpital. Loin des siens et sans pouvoir vraiment sortir. Nathalie Augustin ne peut donc cacher son soulagement d’être rentrée à Rodrigues. Elle a retrouvé ses deux aînées, deux filles âgées de 16 et de 13 ans, et a pu présenter à sa famille leurs nouveaux membres, Shanone, Shalone et Sharone. Des moments de joie, partagés avec son époux, qui lui ont fait du bien après ces semaines difficiles : «Je me sens bien chez moi. J’avais vraiment hâte de rentrer. Mes filles grossissent, ça me rassure.»
Les petites ne pesaient que 900 grammes quand elles ont vu le jour à sept mois de grossesse. Du coup, il était nécessaire de les placer dans un incubateur pendant plusieurs semaines. Son bonheur d’accueillir ses trois princesses était masqué par de nombreuses inquiétudes. Sur leur état de santé, d’abord. Mais aussi sur leurs besoins matériels. Son époux était rentré à Rodrigues afin de reprendre son travail d’agent de sécurité. La mère de famille avait alors lancé un appel à la solidarité.