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Au placard… la savate dodo

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Comme Jean-Max Coowar, un prêtre fan de ces tongs, nombreux sont ceux qui regretteront les fameuses dodo.

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La plus locale des tongs n’est plus. Retour sur celle, au passé glorieux, qui a bercé des générations de Mauriciens…

Sortez vos briquets. Retenez vos larmes. Une minute de silence. La star des tongs made in Mauritius s’est éteinte. Oui, la savate dodo n’est plus. L’usine qui la fabriquait a fermé ses portes (voir hors-texte). Désormais, la fameuse paire bicolore - côté face grenat, côté pile bleu – ne trônera plus sur les étagères des boutiques chinoises, soigneusement emballée dans du plastique transparent. Si vous voulez encore vous procurer les derniers modèles du genre, vous avez intérêt à vous dépêcher car il y en a toujours en stock dans certains magasins. En attendant, séquence souvenir…

«Kan marche dan dilo, savate dodo fer kachak kachak.» Un commentaire que seul celui qui a déjà porté ce genre de savate peut comprendre. Il est signé Prisca, qui a rejoint le groupe «savate DODO» sur Facebook qui compte 366 membres. Quand même. Difficile de ne pas aimer ces nu-pieds tellement particuliers et très peu fashion – il faut l’avouer - dont certains ne se sont pas séparés depuis… l’enfance. Eh oui ! Cela fait «plus de 30 ans» que le père Jean-Max Coowar, prêtre à Rivière-des-Anguilles, ne quitte plus les fameuses savates dodo…

Et c’est avec un pincement au cœur qu’il a appris le triste sort de ces tongs qu’il affectionne tant : «C’est dommage. J’ai essayé d’en acheter cette semaine mais je n’en ai pas trouvé. Je vais continuer à chercher. Heureusement, j’ai déjà deux paires.» Entre lui et ces super savates, c’est une longue histoire qu’il a construite pas à pas : «Elles sont légères et souples. Elles prennent bien la forme des pieds. Et c’est super de courir avec.»

Ah ! cet amour des tongs… a emmené ces dernières loin, très loin. Jusqu’en France. Là où Jean-Max a fait des études au séminaire pendant sept ans. Se balader dans les rues de l’Hexagone, courir entre les salles de cours et passer des heures à réviser… Tout cela avec dodo aux pieds, bien sûr : «Elles sont super confortables, c’est aussi simple que ça.» Malheureusement, remarque l’homme d’Église, au fil du temps les jeunes ont un peu délaissé cette merveille en caoutchouc. Les adultes aussi…

Coriaces

Comme Ameenah Gurib Fakim, une sommité dans le domaine scientifique. Elle avoue, avec le sourire, utiliser les fameuses tongs pour «laver la voiture». Par contre, ses plus jeunes années, elle les a passées savates dodo aux pieds : «Je me souviens les avoir portées pour aller à l’école. Il n’y avait pas de basket ou de bataflex à l’époque.» Parler des – désormais - défuntes tongs rappelle de bons vieux souvenirs. Nitish, 30 ans, ne peut s’empêcher de se laisser submerger par la vague… dodo : «Tous les samedis, on les nettoyait avec une brosse en nylon. Elles duraient longtemps.»

Coriaces ! Oui, elles l’étaient. Avec un petit coup de pouce, elles pouvaient durer encore et encore : «Si elles se cassaient, un peu de salive suffisait pour bien replacer les pattes. Ou encore un clou, si le cas était plus grave», se remémore Anastasia, la quarantaine, très affligée par la fin de ce «mythe». Pamela, elle, retient surtout cette envie d’en finir qui la tenaillait parfois : «Elles ne s’usaient pas facilement mais perdaient leurs couleurs et devenaient de plus en plus minces. Mais elles tenaient bon ! Il fallait les râper sur l’asphalte, les traîner dans la boue, bref, leur faire voir de toutes les couleurs pour en avoir une nouvelle paire.»

Hélas, la difficulté du marché local semble avoir eu raison de ces infatigables tongs. RIP savate dodo…

C’est la fin

La faute à la concurrence venue d’ailleurs ! Plus particulièrement de Chine. C’est ainsi que les propriétaires de la marque Savate Dodo expliquent la fermeture de l’usine. Difficile de faire le poids face à la vente de tongs beaucoup moins chères, nous a expliqué l’un des responsables de la défunte usine : «Nous avons tenté d’innover, de proposer autre chose…Néanmoins, ça n’a pas fonctionné. Les Mauriciens n’ont pas accroché.» Dépêchez-vous de trouver votre Savate Dodo, il en reste quelques-unes dans certaines boutiques… Mais, ce sont les dernières.

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