Les motocyclistes n’en voulaient pas pendant la journée. Du coup, ils l’ont brûlé !
Le port de ce nouvel accessoire en journée a provoqué une levée de boucliers qui a fait reculer le gouvernement. Mais les motocyclistes devront faire face à d’autres petits soucis.
Des petits noms. Et des réflexions quelque peu désobligeantes : «E.T.», «Le retour du fluo», «Les Martiens sont de retour», «C’est tendance disco ?» Une façon un peu différente de débuter la nouvelle année pour ceux qui circulent à motocyclette ou à mobylette. Depuis le 1er janvier, ils se devaient de porter des gilets à bandes fluorescentes en pleine journée ! Néanmoins, suite à une manifestation, qui s’est tenue le mardi 7 janvier, les autorités ont fait marche arrière. Les motocyclistes qui protestaient contre le port de cet accessoire pas très tendance alors que le soleil brille de mille feux, peuvent désormais s’en passer en journée. Néanmoins, opter pour le gilet, même la nuit, pose d’autres problèmes…
T’as le look, coco. C’est sûr qu’avec un blouson en cuir Harley Davidson et une belle moto, on ne passe pas inaperçu. Néanmoins, il suffit d’un petit détail pour tout gâcher. Le gilet avec des bandes réfléchissantes, bien sûr ! Alors Jean-François Moura évitera, confie-t-il, de sortir sur sa Harley à partir de 18 heures. Et il imagine qu’il ne sera pas le seul dans la famille Harley locale : «On va sûrement tous essayer de rentrer au plus tôt.» Pourtant, explique-t-il, les blousons de la célèbre marque ont, déjà, des bandes réfléchissantes : «Internationalement, ils sont aux normes. C’est juste à Maurice qu’ils ne les acceptent pas.»
D’ailleurs, le manque de communication des autorités sur les gilets en question – la quantité de bandes réfléchissantes, leur position et leur couleur – laisse la place aux interprétations : «Il y en a de tous les types sur les routes». Mais il ne perd pas espoir ! Il souhaite des consultations avec les personnes responsables de ce changement afin que les blousons Harley Davidson soient reconnus : «Je crois qu’avant de passer ce type de loi, il faut un semblant de dialogue. Il ne faut pas imposer des choses sans discussions. La preuve : les autorités ont dû faire marche arrière.» Gopalen Marroday ne dira pas le contraire !
Il prend sa moto tous les jours pour se rendre au travail. Mais aussi pour dépanner des amis et de la famille qui ont des problèmes d’air conditioning. Du coup, il n’a pas perdu une seconde avant de se munir de son gilet : «En soirée, je comprends l’importance de le porter. C’est une bonne chose.» Néanmoins, comme Jean-François, il ne sait pas si sa nouvelle acquisition est aux normes ou pas : «Il y a certaines personnes qui ont acheté des gilets pour tous les membres de leur famille ! Le gouvernement va-t-il les rembourser maintenant ? Les autorités auraient dû communiquer sur le sujet et faire venir, elles-mêmes, les gilets et les vendre dans les stations-service.»
Souvent, il doit voyager avec son sac d’outils. Pour l’instant, il a pu éviter de le faire après 18 heures. Mais il se demande comment il va transporter ses affaires alors que le gilet réfléchissant ne doit pas être recouvert : «Je me demande comment je vais me débrouiller. La pou ena problem.» Priscilla Anthoo se pose la même question. Si elle s’en va, avec son mari, pour un week-end chez de la famille, comment va-t-elle transporter leur sac ? «Il y a un petit coffre. Mais je ne crois pas qu’il sera assez grand.» Elle occupe la place du passager et sait que les motocyclistes sont vulnérables sur la route. Néanmoins, elle réalise que certains aspects de la mise en pratique de cette nouvelle loi seront compliqués.
Cliford Melin, autre usager de deux-roues, estime, lui, que c’est aux motocyclistes de faire un effort et de trouver des solutions : «C’est pour notre propre sécurité, après tout.» Qu’importe les petits noms et les expressions – un peu – désobligeantes !
Pas d’accord !
Une autre manifestation le 19 janvier. Cette fois au Champ-de-Mars. Les membres du Mouvement Contestation Gilet Fluorescent, mené par le Dr Rajah Madhewoo, réclament le retrait de la loi obligeant le port de gilets à bandes réfléchissantes même la nuit ! Une nouvelle initiative qui ne devrait pas avoir autant de succès que la précédente.
Bonne nouvelle
Les motocyclistes pris en effraction pour avoir oublié leur gilet fluorescent pendant la journée n’auront pas à payer l’amende de Rs 1 000.