Un petit coin dédié à la presse traditionnelle. De nos jours, trois titres sont toujours imprimés en chinois. «Pour les anciens», précise Henri Loo.
Henri Loo, l’initiateur de ce projet, invite tous les Mauriciens à découvrir cet endroit pas comme les autres.
Bond dans un passé riche. Ce nouveau musée ludique et éducatif fait de vous un aventurier d’un autre temps.
Embarquement immédiat pour un…voyage dans le temps. Ne faites pas attention aux anachronismes – un Grand Bay Store ultra-moderne, des escaliers électriques et des boutiques aux façades contemporaines –, mettez-vous dans la peau d’un aventurier du passé, une sorte d’Indiana Jones qui aurait rencontré un professeur Emmett Brown et sa machine à remonter le temps. Et laissez-vous emporter par la magie de l’instant. Au deuxième étage de ce complexe, qui se trouve dans ce village du Nord, ultra-touristique, vous découvrirez le Chinese Heritage Centre, dont le lancement officiel s’est tenu ce samedi 7 décembre. Un musée pas tout à fait comme les autres qui retrace l’arrivée des immigrants chinois, qui donne des instantanés de leur mode de vie et qui rappelle leur contribution au développement du pays.
Avant même d’y mettre un pied, une grande façade vitrée donne le ton. On peut y voir une mise en scène, qui en ce mercredi 4 décembre, n’est pas tout à fait finalisée : «Je veux représenter l’arrivée d’un immigrant chinois dans le Port», confie Henri Loo, architecte et initiateur de ce projet. C’est lui notre guide dans ce musée qui s’apprête à accueillir ses premiers visiteurs dans quelques jours. Un espace culturel et de mémoire qui existait déjà, il y a quelque temps, à la Pagode Fock Diack, à Port-Louis : «Suite à des travaux de rénovation, nous avons dû trouver un nouveau local. C’est alors que Pascal Tsin, le directeur de Grand Bay Store, a mis cet espace à notre disposition.»
En quelques mois, il a fallu donner un cachet à cet espace moderne : «Nous avons enlevé les tiles pour donner l’impression, avec des planches de bois, que l’on marchait sur un sali rouge.» Un travail d’aménagement pour permettre au visiteur de faire un bond dans le passé avec les documents d’époque, les photos d’antan et les différentes pièces authentiques : «Ce sont les descendants des immigrants chinois qui nous ont fait parvenir tout cela.» Et dès l’entrée, on est prêt pour le voyage. Direction la Chine, dans les régions de Fujian, de Canton et de Mei Xia : «C’est de là que sont venus les immigrants chinois», confie notre guide. Avec leur culture et leurs habitudes.
Mais aussi avec des malles, des valises ou…une commode (portée sur le dos) qui renfermaient leurs maigres possessions. D’ailleurs, on retrouve dans la première partie de ce musée, ces objets qui sont restés, de génération en génération, dans les familles chinoises. Sur les murs, de nombreux documents authentiques mais aussi des pages explicatives recelant des centaines d’informations intéressantes. Mais aussi le recensement de tous les noms de famille de ces Chinois qui ont débarqué en terre étrangère, il y a bien des années (avec la version, souvent écorchée, notée par les employées de l’état civil : «Il arrive que trois personnes de la même famille aient des noms écrits différemment.»). Et des photos en noir et blanc (de la vie à Port-Louis, des familles mixtes (l’immigrant chinois reconstruit sa vie avec une femme des îles), entre autres).
Des bouts d’histoire…Mais aussi des éclats de souvenir avec, dans la pièce adjacente, la reproduction d’une véritable «laboutik sinois». Un peu sombre, un peu mystérieuse. Cette boutique, du coin de la rue, toujours poussiéreuse, toujours remplie de mille et mille trésors. Ce petit commerce où il faisait bon glisser les doigts dans les balles de riz quand le boutiquier avait le dos tourné. Cet endroit magique où, avec quelques roupies, on pouvait se sentir riche étant enfant – quelques bonbons lagomme, un ou deux piaow et un paquet de poppies suffisaient amplement. On la retrouve avec ses odeurs et ses articles…Un magnifique endroit à découvrir ! Un peu plus loin, ce sont les lieux de la vie de l’immigrant chinois que l’on retrouve : la chambre à coucher, la cuisine, la pagode. Des pièces richement agrémentées recelant de trésors et d’anecdotes (des ampoules nues, un lit sans matelas, des ustensiles d’antan…) : «Nous brûlons de faux billets lors des funérailles mais aussi des cigarettes, des vêtements, entre autres, pour que le défunt les reçoive dans l’autre monde.»
Prendre son temps, se balader dans les différentes pièces, découvrir de nouvelles choses, faire ressurgir des souvenirs…Ce musée donne l’envie d’embarquer pour un voyage dans le temps.
Il était une fois…
Tout a commencé par un voyage à Singapour. Henry Loo y découvre un Chinese Heritage Centre, qu’il gère avec son épouse Thérese et Pascal Tsin, et décide d’en faire autant à Maurice : «Pour que la jeune génération réalise le travail de nos ancêtres et n’oublie pas d’où elle vient.» Pour lui, ce devoir de mémoire est là, pour la communauté d’origine chinoise présente à Maurice, mais aussi pour tous les Mauriciens : «Au centre de Singapour, je suis tombé sur un poukni. Ce n’est pas un objet traditionnellement chinois, mais je l’ai utilisé dans mon enfance. Ça a ravivé des souvenirs d’enfance.»
C’est ouvert !
A partir d’aujourd’hui, dimanche 8 décembre, le musée est ouvert au public, tous les jours. Du lundi au samedi, de 9 heures à 19h30. Le dimanche et les jours fériés de 9h30 à 13h30. Les tarifs sont les suivants :
Rs 75 et Rs 50 (pour les adultes et enfants mauriciens), Rs 200 et
Rs 100 (pour les adultes et les enfants étrangers.)