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Fusillade dans une école

Quand l’Autriche meurtrie se remet d’un terrible choc

21 juin 2025

L’attaque par arme à feu dans la ville de Graz par un ancien élève ébranle le pays alpin, l’un des plus sûrs au monde.

L’Autriche fait partie des dix États les plus sûrs au monde, selon l’Indice mondial pour la paix. Ce pays, qui n’est pas habitué à ce type de drame, panse encore ses plaies après la terrible fusillade dans une école où il y a eu plusieurs victimes...

Il est connu comme l'un des pays les plus sûrs et les plus paisibles au monde… Et pourtant, le mardi 10 juin, en l’espace de sept minutes, un terrible drame a frappé ce pays bordé par huit États : la Suisse, le Liechtenstein, l’Italie, la Slovénie, la Hongrie, la Slovaquie, l’Allemagne et la République tchèque.

En effet, en ce triste jour, une onde de choc a ébranlé l’Autriche après qu'un jeune homme de 21 ans a pénétré dans son ancien lycée à Graz, la deuxième ville du pays, vers 10 heures, pour y ouvrir le feu. Conséquence de son acte : six jeunes filles et trois garçons, dont un Franco-Autrichien et un Polonais, âgés de 14 à 17 ans, ainsi qu’une enseignante ont succombé aux tirs de l’assaillant. Onze personnes ont été blessées, dont neuf se sont retrouvées en soins intensifs. Un lourd bilan qui a provoqué consternation et incompréhension. Peu de temps après avoir commis son forfait, le tireur s’est donné la mort dans les toilettes de l’établissement.

«C’est regrettable !» nous confie notre compatriote Marie-Danielle Théodorine en commentant les circonstances du drame.

Même si les jours se sont écoulés, cette triste actualité hante encore les esprits dans ce pays qui tente de panser ses plaies et qui, à travers des hommages et trois jours de deuil, a porté les défunts dans ses pensées et ses prières. Mais c’est difficile pour les habitants de faire face à la tragédie qui a brisé de nombreuses familles. Parmi celles qui pleurent un des leurs, il y a les parents de Léo, qui, comme les autres proches des victimes, se sont retrouvés propulsés en plein cauchemar. Léo s’était rendu à ses cours ce jour-là comme d’habitude. «On a été avisés officiellement de son décès à 18h30 par la venue de la police à notre domicile. Ils avaient très peu d’éléments, ils sont venus avec un organisme de soutien psychologique. Il y a la tristesse de toute la famille. Le problème, comme en France, c’est qu’il n’y a aucun niveau de protection mis en place pour renforcer encore la sécurité», a déclaré le père de Léo aux médias.

Les témoignages qui se sont succédé confirment le traumatisme causé par la fusillade, qui a jeté un froid sur tout le pays. Un enseignant, qui s’est confié à un journaliste, raconte aussi un moment de grande frayeur. Face à ce qui se passait, il explique comment il a couru quand il a réalisé qu’une fusillade avait lieu dans l’école, surtout lorsqu’il a vu le tireur tenter d’enfoncer les portes d’une classe avec un fusil. «En dévalant les escaliers, je me dis que ce n’est pas vrai, que c’est un film», raconte l’homme, qui dit aussi avoir vu des corps allongés au sol et évoque le silence glaçant qui régnait dans l’établissement d’ordinaire plein de vie. Lors de la cérémonie en hommage à ceux qui ont perdu la vie, une élève a aussi évoqué un moment horrible : «Nous avons soudain compris que nous devions sortir de là le plus vite possible. Sortir de la cour de récréation. Sauter par-dessus la clôture. Nous avons essayé de protéger les plus jeunes.» La jeune fille a aussi évoqué «la panique, les larmes, la peur, mais aussi la solidarité».

«L'attaque la plus mortelle dans une école»

Selon les enquêteurs, le tireur aurait agi seul et aurait laissé une lettre. «Il n’avait pas d’antécédents judiciaires et les motifs ne sont pas connus. L’ancien élève de l’école avait quitté l’établissement sans diplôme. Il s’agirait de l’attaque la plus mortelle dans une école», ont souligné les médias locaux. L’assaillant est un jeune homme de nationalité autrichienne. Suite à une perquisition à son domicile, les enquêteurs ont, selon le journal Kronen-Zeitung, retrouvé une lettre. Un autre journal autrichien, le Salzburger Nachrichten, rapporte que le suspect aurait été victime de harcèlement. Le tireur, selon la police, était un passionné de jeux vidéo de tir et avait minutieusement planifié son acte. «Il vivait reclus à l’extrême. Il était peu enclin à participer aux activités normales du monde réel, préférant se réfugier dans le virtuel. Sa grande passion, c’était les jeux de tir en ligne à la première personne», a déclaré le responsable régional Michael Lohnegger lors d’une conférence de presse.

Le drame a ébranlé toute la population, peu habituée à ce genre de violence. Durant les jours qui ont suivi, le chancelier autrichien Christian Stocker (ÖVP) a annoncé une minute de silence en hommage aux victimes et trois jours de deuil national avec drapeaux en berne. «Ce jour est une journée noire dans l’histoire de notre pays», a-t-il déclaré. Face à ce qui est arrivé, les habitants ont fait montre d’une grande solidarité. Fleurs, bougies, programmes radio et télé interrompus, messages de solidarité dans les transports, sonneries des cloches des églises ont rythmé ces derniers jours, durant lesquels des drapeaux noirs avaient été hissés sur les bâtiments publics. Les médias ont aussi largement traité le sujet, titrant «C’est l’horreur», «Pourquoi ?», entre autres.

Notre compatriote Marie-Danielle Théodorine, qui vit en Autriche, partage avec nous son ressenti après ce qui est arrivé. «On sait que cela arrive plus souvent en France – d’ailleurs, au même moment, le pays était secoué par la mort de Mélanie G., surveillante d’un lycée de la Haute-Marne tuée au couteau par un élève de 14 ans –, mais que cela se produise ici, c’est du jamais-vu. Graz est une ville sûre. Comme en France, il n’y a pas de niveau de protection pour renforcer encore la sécurité. C’est regrettable !» nous confie la Mauricienne, qui partage la douleur des familles bouleversées par ce drame qui a choqué tout le pays…

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