Deux anciennes stars de leurs clubs s’affrontent hors du terrain. Devenus coaches, les deux prônent chacun un style diamétralement opposé.
Frank Lampard a une revanche à prendre. Pour son premier match à la tête de Chelsea, en début de saison, il avait affronté Manchester United. Sa mine déconfite était proportionnelle à la déculotté surprise de 4-0. Avait-il fait le bon choix ? Est-ce que Chelsea n’avait pas nommé quelqu’un de trop tendre ?
La suite de la saison allait donner raison aux décideurs. Car, Frank Lampard, ce n’est pas juste un suiveur. C’est un avant-gardiste. Son cheval de bataille : la carte jeune. Il n’a pas hésité à faire s’asseoir de grands noms au profit de jeunes. L’exemple concret, c’est le champion du monde Olivier Giroud qui doit ronger son frein sur le banc de touche et regarder Tammy Abraham enfiler des buts.
D’autres noms, comme Mason Mount, Callum Hudson-Odoi, Ruben Loftus-Cheek, Reece James et Fikayo Tomori font désormais partie de l’élite de Chelsea. Et ce n’est plus une surprise de les voir régulièrement dans l’équipe première. Et personne ne contredira les choix de Lampard car, les Blues figurent à la quatrième place du classement de Premier League : place qualificative pour la Ligue des champions.
En fait, on ne sait pas vraiment si Frank Lampard a été forcé à suivre cette stratégie. Car, ne l’oublions pas, Chelsea avait été frappé par une interdiction de recrutement. Mais au final, tout semble indiquer que c’est une stratégie voulue de privilégier les jeunes qui sont plus réceptifs à ses changements tactiques. Qui plus est, les Blues ont pour habitude de prêter leurs jeunes à d’autres équipes en attendant qu’ils mûrissent. Et quand ils reviennent, ils sont plus matures pour le jeu.
Cependant, beaucoup n’ont pas eu le temps de jeu escompté, même après être revenus au club. L’exemple le plus flagrant est Mohamed Salah qui a été prêté à la Fiorentina en 2015, puis à l’AS Roma en 2016. On connaît tous la suite, Salah explose. Et les dirigeants de Chelsea ont dû se ronger les ongles.
Là où la politique de Frank Lampard diffère de ses prédécesseurs, c’est qu’au lieu d’attendre les jeunes éclore dans d’autres équipes, il prend les meilleurs et les fait jouer à la place de stars internationales. Il commence à en récolter les fruits. Certes, il ne sera pas champion de sitôt avec la prestation de la déferlante Liverpool, mais on peut parier qu’il le sera dans quelques années. Il aura, alors, transmis tout son savoir à ses jeunes poulains. Soit dit en passant, l’ancien milieu de terrain avait eu 160 à son test de QI en 2009, soit la même note… qu’Einstein.
Ole Gunnar Solskjaer n’a pas le même QI, mais possédait un flair de buteur hors pair. Sauf qu’en matière d’entraîneur, son apprentissage est plus laborieux. Son style : c’est de marcher dans les bottes de Sir Alex Ferguson. Certes, l’Ecossais n’est pas n’importe qui et ce n’est pas bête d’essayer d’imiter le meilleur, mais faire du Ferguson, quand on n’est pas Ferguson, c’est compliqué.
Le coach norvégien tente tant bien que mal de redresser la maison Manchester United. Lui aussi privilégie les jeunes car la moyenne d’âge des équipes qu’il a alignées fait partie des plus bas de la Premier League. Mais ce n’est pas suffisant. Il a dépensé quelques sous durant le mercato, avec Bruno Fernandes et Odion Ighalo. Le temps dira si ces deux recrues vont changer le visage des Red Devils ou est-ce que ce sera du colmatage. Car, au fil des matches, on tente toujours de percer la ou les tactiques de Solskjaer. Il est plus du genre à réagir qu’agir. Est-ce suffisant sur le long terme ?
Manchester United se rend, toutefois, sur le terrain de Chelsea avec l’avantage de les avoir battus à chaque confrontation cette saison, en championnat ou en coupe. Mais ce qui est alarmant, c’est que les Red Devils n’ont pas battu les Blues à Stamford Bridge depuis… 2012 !