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Kitesurf : les pieds bien sur terre

31 juillet 2014

C’était le défi qu’elle voulait réaliser. Aucune femme n’avait tenté l’exploit avant elle, c’est-à-dire, effectuer la traversée Maurice-Reunion en kitesurf. Sophie Bernier l’a fait dès sa première tentative non sans avoir remué ciel et… eau pour y arriver. Le samedi 12 juillet restera une date mémorable pour cette Française, qui vit désormais à l’île de la Réunion, et toute l’équipe qui l’a encadrée pendant des longs mois de préparation.

 

Sophie Bernier a mis plus de 8 heures pour effectuer cette traversée entre les deux îles sur une distance de 171km. C’est après plus d’un an de préparation, ponctuée par des exercices physiques et des longues heures passées en mer, et aussi à des allers-retours entre Maurice et l’île de la Réunion (par avion, bien sûr) que la jeune femme s’est jetée à l’eau vers 10 heures, au large du Morne, il y a deux semaines, pour relever ce challenge baptisé Défi Kite au féminin.

 

Mais le plus difficile était de trouver le bon timing, soit les conditions climatiques idéales pour ce genre de sport en mer pour le grand départ, comme nous disait Sébastien Coupy lorsque 5 Plus Dimanche l’a rencontré en mars dernier. Ce dernier, le premier à avoir effectué la traversée Maurice-Reunion en kitesurf, a apporté tout son savoir à Sophie Bernier dans le cadre de son projet.

 

Quelques jours après son exploit mais avec les pieds bien sur terre, Sophie Bernier (infirmière de profession) ne manque pas de remercier tous ceux qui l’ont aidée dans cette aventure. «Il a fallu une équipe, car même si j’étais toute seule sur mon kite ce samedi 12 juillet, il y a eu une équipe derrière tout ça. La préparation n’a pas été facile, voire parfois très difficile, à tel point que je me disais que cette traversée allait être les doigts dans le nez à côté de toute la préparation. Quelle prétentieuse ! Elle a été à l’image de tout ce défi. Difficile du début à la fin», fait ressortir la kitesurfeuse.

 

Oui c’était difficile ! Imaginez-vous entre ciel et mer, suspendu à un kite tiré par le vent et en toute solitude. Sacré courage pour ce petit bout de femme. Elle ne bronche pas malgré les coups d’arrêt en pleine mer. Partie à 10 heures de Maurice, naviguer la passe au Morne n’a pas été une tâche simple. Elle a chuté à plusieurs reprises, perdant son masque. Le reste de la traversée se partage entre vitesse de pointe à plus de 25 km/h et chutes en série où elle a affronté une mer démontée. Elle prend des vagues en plein visage. Elle est à bout mais ne craque pas.

 

«Je savais qu’il y avait des gens derrière moi et qui m’attendait à l’île de la Réunion. J’ai puisé au fond de moi cette force qui, je le sais aujourd’hui, ne s’autorise à sortir que lorsqu’on ne peut plus faire autrement, que tu as mal, très mal, partout, pas que dans le corps, dans le cœur aussi, dans l’âme», souligne Sophie Bernier.

 

Au bout de l’effort en solitaire, elle aperçoit l’île de la Réunion. «Quand j’ai aperçu la Réunion, le Piton des Neiges, j’ai crié de joie ! De mon cœur! Mais purée, on la voit de loin en fait la Réunion. Je voyais le soleil descendre et c’est là que j’ai compris l’enjeu. C’est certainement la seule fois de ma vie que je n’ai pas aimé un coucher de soleil… je l’ai même détesté», raconte la jeune femme. C’est vers 18h30 qu’elle est cueillie au large de Ste-Rose.

 

«Je dis un grand merci à tous, équipe, partenaires, supporters, famille, amis, collègues de travail, lecteurs qui m’ont fait l’honneur de me suivre et de m’encourager sans me connaître. Deux semaines de cela, je vivais la journée la plus éprouvante de toute ma vie. Je commence tout juste à me rendre compte que cette mer du 12 juillet 2014 qui a emporté deux vies durant cette même journée, a transformé ce qui devait être une performance sportive, en exploit dont je ne me pensais pas capable. Une pensée particulière, remplie d’émotions, à toute mon équipe. Mon corps est presque remis, mon âme… pas encore», dit-elle.

 

Son sentiment après tout ça ? «Mettez de la passion dans tout ce que vous faites, ça rajoute de la vie à l’amour et de l’amour à la vie», dixit Sophie Bernier. Elle qui ne vise aucun autre exploit, si ce n’est que de reprendre une vie normale.

 

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