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Le sport mauricien en deuil : Vibrant hommage à Alougen Canjamalay, Xavier Koenig et Jacques Raphaël

La maladie s’est révélée être le pire adversaire de trois sportifs mauricien. Xavier Koenig (squash), Alougen Canjamalay  (judo) et Jacques Raphaël (boxe) ont poussé leur dernier soupir cette année. Les témoignages de leurs anciens partenaires de jeu affluent.

Judo : Alougen Canjamalay, un départ trop tôt

 

Il ne verra jamais ses rêves se réaliser. Le judoka Alougen Canjamalay a rendu son dernier soupir, le mercredi 5 juin. Il avait 23 ans seulement, et laisse derrière lui sa famille et des amis attristés par sa disparition.

 

La carrière sportive de ce jeune résident de Camp Levieux à Rose-Hill aurait pu être des plus enrichissantes, mais le sort en a décidé autrement. Le malheur s’est dressé sur le chemin de ce battant de 17 ans. L’athlète qui a fait ses début au Centre de formation de Beau-Bassin se blessa au talon lors d’une compétition de judo.

 

Il ne se remettra jamais de cette blessure, car, par la suite il aura de nombreuses complica-tions avec la découverte d’une tumeur, suivie de la perte de sa jambe avant que l’état de sa santé ne se détériore jusqu’à son décès mercredi dernier. Une grande perte pour ses proch-es, mais aussi pour la famille du judo mauricien, tout comme la communauté sportive dans son ensemble.

 

«Il était un garçon souriant, qui aimait faire du judo et qui aimait la vie. Je l’ai côtoyé vers 2010 jusqu’à 2014 environ et il était un bon judoka.  Partir aussi tôt, ça doit être dur pour sa famille et ses proche», révèle le judoka Bryan Etienne en parlant d’Alougen Canjamalay

 

Ricardo Durhonne, qui a encadré le jeune sportif lors de ses débuts au Centre de formation à Beau-Bassin, se dit attristé par cette disparition. Ce dernier est convaincu qu’Alougen Canjamalay aurait embrassé une belle carrière de judoka. Il se souvient du jeune homme comme d'un garçon très déterminé qui caressait l'ambition de devenir un grand sportif.

 

«Il a commencé à l’âge de 14 ans, et a, rapidement, intégré le groupe de jeunes. Ce n’était pas un garçon costaud mais c’était un bosseur et un fonceur. Cela se voyait, car il travaillait beaucoup et a commencé à faire un joli parcours lors des compétitions. Il a fini par rejoin-dre l’équipe nationale et aurait pu faire partie de l’élite mauricienne s’il n’y avait pas eu cette blessure. C’est bien triste que nous n’ayons pas pu le sauver de sa maladie, car il y avait toujours le moral et voulait revenir dans le giron sportif. Il nous manquera beaucoup», témoigne l’ex-international mauricien.

 

Anom Petrapermal, entraîneur national de judo se souvient, lui aussi, du jeune homme. «C’est triste et terrible à la fois. C’est la première fois que nous sommes confrontés à pa-reille situation. J’ai connu Alougen quand il faisait ses débuts au Centre de Beau-Bassin. C’était un brave garçon et nous sommes tous choqués de voir un jeune partir aussi tôt et toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches», confie pour sa part Anom Pet-rapermal, entraîneur national de judo. Des rêves brisés d'un jeune prometteur.

 


 

 

Squash : Xavier Koenig ne verra pas les JIOI 2019

 

Xavier Koenig était une des chevilles-ouvrières du squash local. Cette discipline sera encore en démonstration à l’occasion des prochains Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) 2019 et c’est le n°1 de la discipline qui a œuvré pour que cela devienne une réalité. Malheureuse-ment, un adversaire plus redoutable s’est dressé sur le chemin de Xavier Koenig, pour l’empêcher de vivre ce moment. En effet, le multiple champion national de squash nous a quittés le 30 mai dernier, des suites d’une longue maladie.

 

Un départ brutal qui a été comme une onde de choc chez les adeptes de cette discipline chez nous, et rien ne laissait présager que ce drame allait surgir pour un sportif de haut niveau, au sommet de sa carrière à 34 ans. Christian Bezandry était le partenaire de jeu du disparu depuis environ 5 ans, et nous parle des démarches entreprises pour que le squash soit en démonstration lors des prochains JIOI 2019.

 

«Cette discipline était en démonstration lors des JIOI 2015 à l’île de la Réunion. Xavier Koenig avait repris le dossier pour que cette discipline soit incluse lors des JIOI 2019 sur notre sol, et, finalement, elle le sera en juillet pour coïncider avec le Necker Pro Squash Open 2019. On peut dire qu’il était la cheville- ouvrière derrière l’inclusion du squash dans le rendez-vous sportif des îles de l’océan Indien», souligne notre interlocuteur.

 

«C’est une longue amitié entre moi et Xavier et nous partagions la même passion. Si j’ai pu participer à des compétitions internationales, c’est grâce à lui. C’est un des meilleurs joueurs de squash que j’ai connus. Il laissera un grand vide», dit Christian Bezandry. Ce der-nier nous confie que Xavier Koenig et lui se rencontraient deux fois par semaine, soit les lundis et mercredis, pour des séances d’entraînement au gymnase de squash de l’hôtel Le Suffren.

 

Christian Bezandry et d’autres amis comptent lui rendre un vibrant hommage très pro-chainement. «Nous travaillons sur la réalisation d’une vidéo avec plein de témoignage des personnes qui l’ont côtoyé durant sa carrière, parmi le champion de France, entre autres. C’est un gros morceau pour nous, et la vidéo sera projetée à l’ouverture des matchs d’exhibition de squash», annonce l’ex-coéquipier de Xavier Koenig. Ce dernier ajoute aussi qu’un tournoi en sa mémoire est aussi en projet, et qui aura lieu après les JIOI 2019.

 


 

 

Boxe : Jacques Raphaël, le dernier combat

 

Double médaillé des Jeux des îles, le boxeur Jacques Raphaël s’en est allé, à 26 ans seulement. Le Portlouisien, réputé pour être un sacré cogneur sur le ring, a livré son dernier combat face à la maladie avant de s’éteindre le samedi 1er juin, en France. Celui qui a fait ses débuts sous la houlette de Gaëtan Rungien au Club de boxe de Tranquebar manquera à ses partenaires en équipe nationale.

 

Sa disparition a, grandement, affecté ses compagnons du ring qui sont actuellement en préparation en Inde. Ces derniers n’ont pas manqué de rendre hommage à celui qui a fait ses premiers JIOI en 2011 aux Seychelles, à 18 ans seulement. Et qui, pour une première, a réalisé l’exploit d’atteindre la finale des -81kg pour ramener une médaille d’argent à Maurice.

 

«C'etait un très bon ami. Nous avions fait les JIOI 2015 ensemble et c’était super d’avoir un ami comme lui. C’est une personne sur qui nous pouvions compter. Je le connais depuis que j’ai commencé la boxe lors d’un gala à Port-Louis. C’est une grande perte pour le sport mau-ricien et j’en profite pour lancer un message aux autorités, notamment le ministre des Sports. Il ne faut pas juste venir nous voir quand nous ramenons des médailles, mais il faut aussi être là quand nous sommes en difficulté », déclare le pugiliste Jordy Vadamootoo.

 

Quatre années plus tard après son podium seychellois, Jacques Raphaël se présentera aux Jeux de La Réunion et reviendra cette fois-ci avec le bronze. Ce ne sera pas son unique per-formance de l’année, puisque, ce bon vivant, mais également  un forcené de travail, s’adjugera une deuxième breloque de la même couleur aux championnats de la Zone 4 en Afrique du Sud.

 

«C’est le genre de personne qu’on remarque rapidement. Je l’ai connu lorsque je venais faire mes premières compétitions à Maurice. Comme tout le monde s’entend très bien en équipe nationale nous étions devenus de bons amis. J’ai appris la nouvelle de sa maladie alors que nous étions en préparation à Cuba. Je voulais lui rendre visite lorsque nous sommes rentrés à Maurice mais il était déjà parti en France. Je n’ai pas pu le rencontrer et après c’était le choc, il n’était plus de ce monde», témoigne le boxeur Merven Clair.

 

Il manquera beaucoup à ses partenaires en sélection et ces derniers feront tout pour lui rendre un dernier hommage lors des Jeux des îles qui auront lieu en juillet prochain.  Un baroud d’honneur pour celui qui a été à la fois un compagnon d’armes, un ami et un frère pour ses pairs.

 

Textes : Rehade Jhuboo et Qadeer Hoybun